Menu végétarien, sécheresse et plan de mutation : le débat s’ouvrait à Tulle pour la dernière AG de la Chambre d’Agriculture de la Corrèze


Sabine T

Menu végétarien, sécheresse et plan de mutation : le débat s'ouvrait à Tulle pour la dernière AG de la Chambre d'Agriculture de la Corrèze

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 23/11/2019 PAR Sabine Taverdet

C’est en présence de Frédéric Veau, Préfet de la Corrèze, de Daniel Chasseing, Sénateur ; Pascal Coste, président du Conseil Départemental et Pascal Cavitte, conseiller régional, représentant d’Alain Rousset pour la Région Nouvelle-Aquitaine que la dernière assemblée générale de la Chambre d’Agriculture de la Corrèze a eu lieu ce vendredi 22 novembre.

Présentée par Tony Cornelissen, président de la Chambre d’Agriculture de la Corrèze, cette dernière assemblée pour l’année 2019 revient, dès son ouverture, sur la deuxième sécheresse consécutive qu’a subie la région cet été. « Les conséquences ont été dramatiques, avec un bilan fourrager catastrophique ce qui a conduit à l’achat de 6 000 tonnes de fourrage. Cela a considérablement fragilisé la trésorerie. » explique-t-il. En réponse à cette sécheresse 2019 et en vue des répétitions très probables lors des années à venir, la Chambre d’Agriculture et le Conseil Régional ont acté une aide au transport routier de fourrage grossier (maïs et foin) pour facilier l’approvisionnement en alimentation animale des exploitations corréziennes. Le dossier de reconnaissance calamité est également suivi de près et un découpage en trois zones a été effectué. Cet été, la Corrèze a été le secteur le plus touché sur tout l’hexagone. 

Des inquiétudes à rassurer

C’est en rappelant les aléas climatiques que le président de la Chambre à souhaité dresser un bilan de la conjoncture dans laquelle se place l’agriculture corrézienne en cette fin d’année 2019. « Dégradation inexorable de l’élevage, chute de la consommation, prix au plus bas, baisse du cheptel corrézien de près de 4% et du nombre de naissances cette année, diminution du nombre d’animaux vendus… » égrene-t-il. A cette liste déjà longue s’ajoutent les incertitudes latentes sur la Politique Agricole Commune qui inquiètent la profession, notamment sur la reconnaissance du statut d’agriculteur, sur l’avenir de l’aide au Piémont et les menaces sur l’ICHN. C’est une véritable confiance en l’avenir que Tony Cornelissen souhaite redonner à l’issue de cette session. 

Mais les points abordés semblent tous apporter leur lot d’inquiétudes aux participants. La discussion s’ouvre une nouvelle fois autour des ravages commis par les sangliers sur les cultures. « Nous attendons aussi avec impatience le rendu de l’étude administrative qui doit démontrer l’incompatibilité totale de la cohabitation entre le loup et notre élevage pastoral. » glisse discrètement Tony Cornilessen. Il faudra attendre la fin de la session pour que le préfet Frédéric Veau rassure l’assemblée : « je vais travailler à l’allongement de la durée de la chasse sur l’ensemble du mois de mars et si nous n’y arrivons pas, nous classerons le sanglier en nuisible. » détaille-t-il. L’étude sur le loup sera, quant à elle, remise au cours du premier semestre 2020. 

Entre budget et menu végétarien

C’est avec un léger déficit de 16 000e que le budget de la Chambre d’Agriculture est adopté. D’un montant de 9 millions d’euros (9 038 624e précisément), « il se constitue de 45% de charges de fonctionnement et de 55% de charge de personnel », précise Nadine Gimenez, cheffe du service financier. Deux emprunts ont également été validés : un premier d’un montant de 330 000e visant à formuler une offre d’achat pour les locaux brivistes (terrain et une partie des bâtiments) dont la Chambre n’est pas propriétaire dans la zone de Cana ; un deuxième de 600 000e pour compenser les créances (notamment institutionnelles) pas encore reçues et qui servira donc d’avance à la trésorerie pour combler le décalage. 

Mais le thème principal de cette assemblée, porté en fil rouge tout du long de la session, aura été le menu végétarien, proposé dans les cantines depuis le premier novembre. « Le rôle de l’Etat est de servir un vrai repas aux enfants ! » grince un élu. Les discussions se tendent et Denis Campmas, responsable de la Confédération Paysanne, mettra fin au débat sur les études scientifiques : « un menu végétarien peut être équilibré, il faut être juste dans ses propos en ne prenant pas comme bouclier l’obligation de la viande dans un repas car ce n’est pas vrai. » C’est en fin de session que le débat se relance. Pascal Coste tranchera : « la loi ne dit pas que le menu végétarien est obligatoire, elle dit qu’il est obligatoire s’il n’y a pas d’autre alternative », réaffirmant ainsi sa lassitude envers un gouvernement « qui ne cesse de réinventer la prohibition ». Emmanuel Lissajoux, représentant des Jeunes Agriculteurs, demande de son côté « l’intervention auprès des collèges et des maires ». 

De l’ « agribashing » à l’ « agriloving »

Pourtant très attendue, la loi EGALIM n’aura finalement « profité à personne » est-il souligé. Le plan de mutation à venir souhaite faire la part belle à un futur incertain. « Braver un contexte complexe pour porter les valeurs d’une agriculture en évolution. Construisons un plan qui nous donne les moyens d’avoir une agriculture plurielle, rentable, productrice, respectueuse de l’environnement ; bâtissons un projet ambitieux et durable qui concerne chacun des exploitants, en misant sur la diversification animale, végétale ou forestière. » La « ferme de demain » rêvée par Tony Cornelissen semble se dessiner : en plus d’une utilisation raisonnée du foncier, c’est une vraie diversification des exploitations sur laquelle miser à l’aube de 2020. « Nous souhaitons aller sans tarder vers les productions de volailles et davantage de productions végétales » détaille-t-il, ce à quoi acquiesse Pascal Coste : « c’est indispensable pour garder une agriculture locale vivante ».

Si les inquiétudes sont nombreuses, les réponses apportées lors de la session le sont tout autant : si la Chambre misait déjà sur la qualité et la proximité, le virage de la montée en gamme dans la restauration hors domicile est amorcé. Egalement annoncé, le travail en lien étroit avec le Conseil Régional sur un dispositif d’aide PCAE misant sur la modernisation et la diversification en élevage. En parallèle, une réflexion est menée sur le thème de l’eau, abordant ainsi l’autonomie grâce au stockage de l’exédent pour l’abreuvement et l’irrigation. 

Et c’est au sein même de la Chambre d’Agriculture que les changements s’opèrent : dès janvier, un nouvel organigramme prévoit une refonte de l’organisation pyramidale, laissant ainsi la place à la transversalité et à la flexibilité. Le fonctionnement sera remanié par pôles qui s’occuperont de leurs objectifs techniques et financiers propres. C’est la tâche qui incombera au nouveau directeur adjoint dès sa prise de fonction au premier décembre. 

Des réponses rassurantes

Si les débats ont pu être animés autour des menus végétariens, la Chambre d’Agriculture se tourne résolument vers le futur. « Le plan de mutation va dans ce sens, nous avons fait le plus facile en annonçant le plan de mutation, nous allons retrousser nos manches pour qu’ait lieu une révolution dans le monde agricole. Cela a déjà été fait du temps de nos grands parents ! » clame Pascal Coste à une assemblée qui reprend doucement confiance au fur et à mesure des délibérations, votées à l’unanimité, prouvant ainsi la solidité de ses rangs. Au préfet alors d’assurer son soutien contre l’ « agribashing » : « au niveau des repas végétariens, je me dois de vous rappeler qu’ils concernent seulement les établissements servant plus de 200 repas par jour et qu’est créée une obligation de proposer le choix, l’interdiction de proposer de la viande n’est en aucun cas abordée. A savoir que ce repas peut également comporter laitage et oeufs. » 

Rémunération toujours trop faible, consommation en baisse et aléas climatiques ; les questionnements et incertitudes perdurent quand même à la fin de la session. Mais certaines réponses ont été amorcées : restructurer pour répondre aux exigences de modernisation, plan de mutation… Les perspectives nombreuses et couplées à l’ouverture de la Halle de Brive, au label « origine Corrèze » et les fêtes approchantes ferment une assemblée générale confiante en la nouvelle année. 

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