« Les chemins de mai », rencontre/débat organisée à l’initiative de Cap Sciences en coopération avec Sciences Po Bordeaux, s’inscrit dans le programme de la saison culturelle du Théâtre de la Science. Ce projet, intitulé « Mai 68, et alors? », propose pendant ces quelques mois qui nous séparent de l’anniversaire de Mai 68, plusieurs rencontres, débats, concerts et expostitions consacrés à ces événements. La table ronde, tenue à la Base sous-marine nous en a offert un regard assez divers. Un regard sous des angles différents, aussi bien politique, économique, social que culturel.
« La censure a voulu ainsi »
L’introduction de Jean Petaux, politologue à Sciences Po Bordeaux, sous forme d’enregistrement audiovisuel, avait pour but de donner un ton au débat; en y apportant un panorama du contexte politique, social et culturel de l’époque. Ce n’a pas été malheureusement le cas, par défaut de qualité satisfaisante de diffusion de l’enregistrement. Des problèmes techniques semblaient d’ailleurs hanter les organisateurs toute la journée, au point que Alain Jeannel, animateur du débat, fit remarquer d’un air ironique que: « La censure a voulu ainsi. »
Mai 68 sous trois dimensions
On a pu néanmoins discerner quelques propos de la présentation de M. Petaux. Il y parle de « trois volets », sous lesquels il faudrait analyser le phénomène de mai 68. Tout d’abord le volet culturel et générationnel qui nous dévoile une première génération de l’après guerre dans un « processus de construction ». Cette génération veut s’affranchir de la génération des parents. C’est la volonté de rupture. Ensuite c’est le mouvement de protestation contre la guerre au Vietnam. Enfin, mai 68 remet en cause le mode de la société de consommation et les valeurs qui l’accompagnent.
Une fille en pantalon, c’est provocateur
Christiane Restier, maître de conférences en Sciences Politiques à Sciences Po Bordeaux, se méfie tout de même d’une explication, « un peu facile », à travers le conflit de générations. Elle souligne, entre autres, le manque d’application de la loi de mixité dans les établissements scolaires: « Je suivais des cours en classe prépa, dans un lycée pour garçons ; lorsque je suis arrivée en pantalon une fois, le directeur m’a reproché d’être provocatrice en s’habillant ainsi. », « C’était le temps où, si on sortait en soirée, on y allait toujours accompagnée par notre mère. » se souvient de son côté une représentante de la CGT.
Mai 68 n’est sont tout de même pas un mouvement d’émancipation culturelle uniquement: « Ce sont des acquis sociaux, des droits syndicaux, le fait qu’on puisse prendre maintenant librement la parole, dire ce qui nous plaît pas, formuler des revendications allant jusqu’au « contenu » du travail. » remarque une autre membre de la CGT. Mai 68 c’est aussi l’émergence d’une « solidarité étudiante » comme le souligne C. Restier. Les Comités Vietnam furent les premiers à manifester massivement dans la rue, après avoir vu plusieurs de leus amis incarcérés.
Mais 68 et la guerre d’Algérie
Il ne faut pas oublier « l’imbrication importante des mouvements étudiants et ouvriers » rappelle Michel Cabannes, maître de conférences à l’Université Montesquieu Bordeaux 4. Une volonté de s’affranchir de l’autorité, d’un rapport perçu comme une servitude, s’émanciper. Alain Jeannel essaie de retrouver des raisons objectives à un phénomène, qui fut pour lui, très personnel. Du point de vue de sa génération (quelques trente ans à l’époque), les raisons d’une « explosion révolutionnaire » furent celles des « … traumatismes de la guerre d’Algérie, de répressions d’ouvriers, de conditions sociales difficiles, enfin d’une enfance parsemée de souvenirs de bombardements, d’exécutions, de déportations. »
The Beatles sont de retour… à la Base sous-marine
Le débat a été clôturé dans une ambiance musicale des années 60/70 avec tout d’abord, un bref récapitulatif des chansons et artistes les plus populaires en France ces années là, signé Jean François Brieu. Des années qui ont vu donc, s’entremêler trois styles différents: la musique traditionnelle avec Yves Montand et sa « Bicyclette », Léo Ferret, les Frères Jacques ; la musique populaire dans les voix de Claude François, Johnny Halliday ou Jules Leclerc et pour terminer, la pop music avec les Rolling Stones, Jimmy Hendrix, Jim Morrison et son groupe The Doors et bien d’autres. En fin de soirée, le groupe français de rock « The Rabeats » a plongé le public dans l’ambiance des années 60, en chantant les plus grands tubes des Beatles.
Piotr Czarzasty
infos pratiques:
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