A Lormont, la culture est plus qu’une offre de spectacles et d’accès aux arts : elle est un véritable enjeu politique. La médiathèque du Bois Fleuri, lancée en 2010, était au départ un pari municipal. Aujourd’hui, elle a prouvé son succès : avec 5000 adhérents, 60 000 visiteurs par an et près de 200 classes accueillies, elle a prouvé qu’elle était un véritable acteur de la vie culturelle locale. Une vie dense et diversifiée, qui entame en ce mois de septembre une toute nouvelle saison, partagée entre la diversité et l’ouverture sur le monde. A ce titre, l’exposition « afriques.lenoir » et le cycle « Si loin si proche » consacré à l’Afrique qui se tient jusqu’en décembre en sont un bel exemple. Autour des thèmes du voyage, du théâtre, des artistes et de l’intime, la collection revisite la création contemporaine africaine et donne un regard neuf sur cet art méconnu.
Une offre variée et cosmopoliteLes évènements organisés tout au long de la saison sont multiples et la programmation très éclectique, du théâtre aux séances familiales plus adaptées aux enfants, de l’accueil des primaires au concours national de trompette, l’offre proposée est large. La programmation jeune public prévoit d’accueillir 2000 jeunes pour voir un spectacle vivant auxquels s’ajoutent de nombreux ateliers, expositions d’arts plastiques ou patrimoniales. D’ailleurs, Lormont fait aussi ses journées européennes du Patrimoine, au travers notamment d’une visite du vieux bourg, de la projection d’un film ou de l’ouverture du Musée des amis du Vieux Lormont.
Mais ce qui constitue le pari le plus innovant et fait de cette saison culturelle une démarche vraiment originale, c’est son interactivité avec les citoyens de Lormont et de la rive droite. La municipalité a délibérément choisi, plutôt que de proposer uniquement des spectacles dans des salles où à l’intérieur de sa médiathèque, de ramener la culture dans les quartiers. L’ouverture de la nouvelle place Magendie le 19 septembre prochain sera par exemple l’occasion d’une déambulation musicale de la Compagnie du Théâtre Remue-Ménage sur le thème de l’Afrique. Une dizaine d’artistes masqués, grimés en danseurs, échassiers et musiciens parcourront la Place du Bois Fleuri et donneront lieu à un spectacle vivant et interacitf, suivi d’un concert de musiques africaines et d’un marché nocturne. La ville proposera aussi plusieurs projets « participatifs » comme « Les rencontres sportives » le 28 novembre centrées autour des « valeurs citoyennes du sport », ou encore des portraits chorégaphiques et sonores dans l’espace public dans le cadre d’un partenariat tissé cette année avec le festival bordelais Novart’, qui se délocalise sur Lormont pour l’occasion.
Un vrai pari politique…Encore plus axé technologie et interactivité, le jeu de piste artistique « L’encyclo des mécanos » propose aux enfants, aux séniors, aux associations citoyennes et à tous les curieux de créer un manuel décalé de trucs et astuces pour « vivre dans le monde moderne ». L’idée, qui a tout l’air d’une véritable réflexion citoyenne favorisant l’intégration dans les quartiers lormontais , débutera le 26 septembre et donnera lieu à un cabaret encyclopédique en février, créé par les habitants et les associations participantes. Pour Jean Touzeau, le maire de la ville, Vice-Président du Conseil Général de la Gironde et de Bordeaux Métropole, c’est un véritable choix politique que de partager la culture plutôt que de la proposer. « On essaye de faire en sorte que le projet culturel soit particulier de par sa diversité. Toutes les écoles de la ville sont d’ailleurs partie prenante. C’est très important pour nous que les artistes puissent être présents dans la ville, qu’ils aillent à la conquête des populations qui se sentent peut-etre moins concernées », déclare l’élu, qui prétend d’ailleurs lutter contre un certain repli.
« Certains habitants de Lormont et de la rive droite pensent, à tort que ce n’est pas possible pour eux de s’intéresser à une exposition, à la culture, que c’est pour les autres. On essaie donc, par cet engagement politique fort, de tenter de les convaincre et de leur donner confiance. Ce que nous proposons, ce n’est pas uniquement la diffusion d’un spectacle. Très souvent, dans les salles, la troupe, fait son show et s’en va. Notre démarche c’est de trouver une place à la culture dans la représentation citoyenne. Nous travaillons dans ce sens à une mise en réseau des structures culturelles de la rive droite pour valoriser les projets des uns et des autres », ajoute Jean Touzeau.
Stéphane Péres dit Perey, son adjoint délégué à la culture et à l’animation, va même plus loin, affirmant qu’il est « nécessaire que la culture touche tout le monde, notamment avec le renouvellement urbain important qui transforme la ville mais aussi les différentes zones placées en ZEP+ (Zones Education Prioritaire). On lutte à la fois contre le décrochage scolaire mais aussi contre l’isolement des gens, on tente de développer l’esprit critique. Notre projet culturel a pris de l’ampleur depuis 2010, on a tenu à ajouter à la programmation cette idée de présence artistique dans les quartiers. On regarde ce qui se passe partout mais nous voulons vraiment être acteurs de ce fameux « vivre-ensemble » dans la Métropole ».
…qui porte ses fruitsUne véritable ambition de politique publique qui donnera lieu, pour la saison 2015-2016, à quelques 22 manifestations dont 7 scènes publiques, 27 spectacles à l’espace culturel dont 80% (sur les 52 représentations) seront données pour un public scolaire. La culture pour développer l’intégration, un pari fou tant le domaine culturel est vaste ? Pas si sûr : la fréquentation aux animations dans le secteur jeunesse de la médiathèque municipale a quasiment doublé entre 2013 (550) et 2014 (1050), et les inscriptions ont bondi de 38%. Avec plus de 160 associations dont une trentaine uniquement à vocation cuturelle, Lormont et sa saison 2015 sont sans doute la preuve que les efforts payent.
L’info en + : Pour voir le programme (mis à jour régulièrement) de la saison culturelle 2015, rendez-vous sur : http://www.lormont.fr