L’ex-usine Ford change de pilote: Mutares s’installe


L'usine de boites de vitesse de Blanquefort, ex Ford, aujourd'hui sous enseigne Magna est vendue. Déjà en 2018, le changement d'actionnaire soulevait des inquiétudes et mobilisait les syndicats

Déjà en 2018, le changement d'actionnaire soulevait des inquiétudes et mobilisait les syndicatsCyrille Pitois | Aqui

Déjà en 2018, le changement d'actionnaire soulevait des inquiétudes et mobilisait les syndicats

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 23/09/2022 PAR Cyrille Pitois

Stupéfaction vendredi sur le site ex-Ford à Blanquefort (Gironde) : les 740 salariés et leurs représentants syndicaux ont appris de la direction, au cours d’un comité social et économique extraordinaire que le site était vendu. C’est le groupe allemand Mutares qui prendra les clés de l’usine de production de boîtes de vitesse au 1er janvier.

La section syndicale CGT annonce sur sa page facebook en début d’après-midi que la direction a indiqué ce vendredi 23 septembre, la vente de l’usine à Mutares, un groupe industriel allemand spécialisé dans le rachat d’entreprises en difficulté. « Ce rachat prend effet au 1er janvier prochain et laisse peu de temps pour agir pour notre avenir » déplore le syndicat qui ne cache pas sa surprise et n’a pas obtenu plus ample information. Un nouveau CSE extraordinaire est prévu le 29 septembre.

Magna Powertrain Bordeaux (MPB), qui fabrique les boites de vitesses MX65 est une filiale du groupe canadien Magna. On savait depuis plusieurs mois que le projet industriel était au point mort et l’érosion de la production semblait difficile à enrayer.  

En aout 2020, le groupe automobile américain Ford est sorti de la coentreprise qu’il constituait avec le groupe canadien Magna, pour faire tourner cette usine de Blanquefort. L’unique client de cette usine restait le groupe Ford, qui avait des engagements jusqu’en 2027, le temps pour l’usine de rentrer de nouveaux contrats. Mais au fil des mois, les pistes évoquées ne semblaient pas se concrétiser par des commandes fermes.

Une usine bien positionnée selon Mutares

Magna a par ailleurs lancé la production d’une nouvelle boîte de vitesse, concurrente de la MX65, mais dont le site de Gironde n’était pas concerné par le plan de production.

Mutares, le nouveau propriétaire de l’usine, est une holding industrielle allemande cotée en bourse à Francfort, implantée en France depuis 2015,  qui rachète des sociétés de taille moyenne en situation économique difficile ou dont l’actionnaire souhaite se séparer pour des raisons stratégiques. 

Le PDG de Mutares, Johannes Laumann, a publié vendredi, depuis Munich, un communiqué pour confirmer la signature d’une offre irrévocable pour acquérir l’usine française qui fabrique et assemble des transmissions complètes pour l’industrie automobile, propriété de Magna.

« L’usine de Blanquefort est bien investie et positionnée pour bénéficier de plusieurs initiatives de croissance stratégique à l’avenir, » indique Johannes Laumann. « Sur la base des capacités technologiques de l’usine, nous prévoyons de générer de nouvelles activités en entrant sur les marchés des véhicules hybrides et électriques et en tirant parti des synergies avec notre portefeuille actuel. Nous voyons donc un grand potentiel pour l’entreprise dans le cadre de notre portefeuille.»

Ces perspectives optimistes suffiront-elles à rassurer les élus du territoire, les partenaires économiques et surtout les salariés? Depuis 2009 et le premier départ de Ford, puis son retour en 2011, puis un nouveau départ en 2018, le site vit au rythme des réductions d’effectifs et des incertitudes sur les reprises et l’actionnariat.

La maire en vigilance

La maire sans étiquette de Blanquefort, Véronique Ferreira, déplore avoir très peu d’informations sur ce changement, même si elle n’est pas vraiment surprise. « Je n’ai pas d’avis sur le repreneur que je ne connais pas. Mais le territoire aura forcément davantage de possibilités pour travailler avec lui, puisque nous n’avions aucun échange avec Magna. Ce ne sera pas difficile de faire mieux. » Le calendrier passe maintenant par l’information des salariés jeudi prochain. « Après cette échéance, il faut organiser rapidement une rencontre entre l’Etat, les collectivités, les syndicats et le nouveau propriétaire pour découvrir son projet et travailler ensemble. »

L’élue souhaite que l’effectif des salariés soit maintenu « pas forcément dans l’automobile qui est un secteur en difficulté. » Véronique Ferreira a une pénible impression de déjà vu avec les précédents épisodes de changement d’actionnaires sur le site. « L’historique nous rend méfiants et vigilants. J’espère que dans les jours à venir on pourra en savoir plus si ce n’est sur des projets précis, au moins sur les idées qu’ils ont pour l’usine. »

Pour le député RN du Médoc, Grégoire de Fournas, ce changement de propriétaire n’est pas forcément une mauvaise nouvelle « si ça peut permettre d’assurer la pérennité du site. L’industrie en France a décliné parce qu’elle était confrontée à la concurrence sans barrières aux frontières. La politique de subventions et de soutiens par les collectivités est une politique du seau d’eau très court termiste. La bonne politique de long terme pour créer les conditions de développement d’une industrie compétitive sur le plan social et environnement, c’est la régulation aux frontières. » 

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