« C’est une promotion riche et variée ! » Tels ont été les qualificatifs usités par Guy Rolland, le directeur général du Village by CA Aquitaine, en ce jeudi 23 janvier à l’annonce des noms des 13 nouvelles structures que l’accélérateur va abriter et accompagner. « La sélection parmi les 33 dossiers fut ardue du fait de la qualité des entreprises », souligne Florent Merit, le maire. Afin de départager toutes les candidatures, le comité de sélection a regardé avec attention si ces start-up n’étaient pas concurrentes, si elles répondaient à un besoin économique du terrain et si, enfin, leur innovation servirait aux partenaires du Village. Et justement en parlant de partenaires, avant de dévoiler les noms de ces nouvelles pépites, trois partenaires ont pris la parole pour donner des exemples concrets sur l’utilité d’un tel accélérateur. Parmi eux, Philippe Bourgeard, chargé de projet EDF Commerce Sud-Ouest. Ce dernier a précisé que « grâce à ce partenariat nous avons pu tester pendant quelques mois un nouvel outil de gestion du personnel mis au point par l’entreprise Je pilote mon entreprise. Les start-up sont ainsi accompagnées au sein de ce Village accélérateur et peuvent tester dans une entreprise leur innovation et pour nous c’est un vrai plus. »
La soirée s’est poursuivie avec une présentation par start-up. Antoine Crehalet d’ADN.AI commença le bal des pitchs. « Nous sommes la première entreprise française à avoir créé des applications vocales. Nous vocalisons par exemple des sites internet. Aujourd’hui, nous comptons huit salariés et notre croissance va très vite. Ce qui est complètement dingue c’est que notre activité touche beaucoup plus de monde qu’Amazon et Google ». Pierre Cosson d’Arsenal Chirurgical prit ensuite la parole pour parler de sa structure qui abrite aujourd’hui trois salariés. « Nous sommes une interface, une plateforme entre les fabricants de dispositifs médicaux et les établissements de santé. » Montée il y a deux ans de cela et n’ayant pas de concurrent sur le marché, Arsenal Chirurgical travaille avec 50 établissements de santé français dont les CHU de Lyon, Nantes et Amiens.
L’innovation et l’environnement main dans la main
Quittons la santé pour la mobilité avec Bee.Cycle et Jean-Christophe Melay. Le point de départ de cette petite entreprise fut la question suivante : « Nous devons changer nos habitudes de déplacement pour des questions environnementales, mais comment motiver et inciter les entreprises à proposer un véhicule de fonction alternatif ? » C’est alors que l’idée d’un vélo électrique de fonction a germé. Mais l’achat de ce type de véhicule coûte cher. Alors Jean-Christophe Melay et son équipe ont pensé à une location longue durée. Le coût est pris en charge par l’entreprise, le collaborateur et l’Etat grâce à une incitation fiscale. « Ainsi, le salarié ne paye en fin de compte que 25 % du prix d’achat et il peut en disposer quand bon lui semble. » Toujours sur cette thématique environnementale, Mon Petit Seau propose une collecte ainsi qu’une valorisation des biodéchets des particuliers et des professionnels, « une solution clé en main », souligne Léo Passieu. Cette petite entreprise met en place également la distribution de paniers de fruits et légumes locaux et des journées de sensibilisation auprès des scolaires. Et alors que le gasoil est montré du doigt par tous les défenseurs de l’environnement, Davy Choumille et son équipe ont créé Transeco2 qui propose aux gros utilisateurs de gasoil une machine en location full service connectée à leur cuve de stockage carburant pour permettre de contrôler le volume, la température et la qualité du carburant livré. « Cette machine se revendique comme écoresponsable, précise ce dernier car elle implante un traceur d’identification et détermine les qualités du gasoil pour le rendre plus efficient et moins polluant ».
Le numérique au service du consommateur
Philippe Gaudin d’Edmond se présenta ensuite devant un public attentif composé de chefs d’entreprise et de partenaires. Sa structure propose « l’unique solution d’avance sur honoraires dédiée aux agences immobilières ». Ainsi, les agents gagnent entre 45 et 100 jours sur leur trésorerie. Il a également conçu un outil de pilotage pour anticiper cette même trésorerie. Du côté de la gastronomie, Ertus Group et Vincent Corbery ont mis au point une suite logicielle pour la traçabilité, la planification et la gestion de l’ensemble des travaux de la vigne au chai ainsi qu’un accompagnement sur-mesure à la mise en œuvre de la transition numérique. « Nous avons réalisé pas mal de levées de fonds pour avancer dans ce marché assez complexe. Nous attendons donc du Village une véritable mise en réseau avec les partenaires ». Toujours dans le monde du vin et des spiritueux Mickaël Alborghetti a monté en 2019 EthicDrinks. « Les consommateurs aujourd’hui épousent une démarche écoresponsable. Dans cet esprit, nous avons décidé de créer des packagings éco-conçus contenant des vins bios ou en agriculture raisonnée ». Gastronomie toujours avec Miap, une plateforme numérique pour bars et restaurants permettant aux clients de commander, payer et bénéficier d’un programme de fidélité. Après de nombreux tests au sein d’une dizaine de restaurants, Ryadh Saadaoui de Miap en est convaincu « notre solution permet un gain de productivité. Et là où nous avons testé notre plateforme les commandes ont augmenté de 25 %, car à peine arrivé, le client smartphone à la main peut commander. Et le serveur est plus disponible donc plus réactif pour apporter la commande. » Restons dans le domaine culinaire avec Crackers Résurrection qui a inventé la valorisation culinaire de co-produits tels que de l’orge de brasserie et du marc de pomme. Made in Dordogne et certifiés AB les crackers conçus à partir de ces co-produits sont référencés aujourd’hui dans 300 points de vente en France.
L’IA omniprésente
Autre start-up à prendre la parole ensuite, Jenji avec Baptiste Bloch. Cette entreprise propose une solution de gestion entièrement numérique des dépenses professionnelles telles que des notes de frais, fondée sur l’Intelligence Artificielle. En 2019, cette jeune pousse a fait une levée de fonds de 6 millions d’euros. « Et, aujourd’hui, nous attendons du Village un accompagnement pour nous lancer à l’internationale ». En matière d’emploi, Qapa a créé la première plate-forme essentiellement dédiée au travail en intérim. « Née en 2011, notre ambition était véritablement de tuer le chômage », explique Stéphanie Delestre. Grâce aux algorithmes cet outil met en contact employeurs et demandeurs d’emploi. « Entre le dépôt de l’offre d’emploi et le salarié trouvé qui est déjà en poste avec son tablier autour de la taille, parfois il ne s’écoule que trente minutes ! » assure cette entrepreneure. Enfin, dernière startup à être présentée TP Qube dans le secteur des prix de transfert. Jugeant les techniques trop archaïques pour définir des études autour des prix de transfert quatre économistes dont Thibaut Roques ont réfléchi à un nouveau process. « Notre structure permet de produire des études plus rapides, moins chères et de meilleure qualité ».
Huit de ces start-up sont déjà hébergées par le Village et accompagnées depuis quelques mois. Les six autres sont attendues d’ici quelques semaines. « Notre accélérateur sera ainsi bien fourni et comptera donc 25 pépites en son sein », conclut Florent Merit.