Partie de rien en 1988, la Rock School Barbey est toujours le leader spirituel d’une certaine idée de la pédagogie musicale en France. En accueillant chaque année 420 élèves, son directeur Eric Roux veut avant tout poursuivre l’ouverture populaire d’une musique dont il a connu l’enclavement. Le sujet était au cœur de la journée du 13 juin : « En 2006 a eu lieu le lancement de la concertation territoriale sur les musiques actuelles en Aquitaine, mais depuis 2010 il n’y avait plus de réunion sur le sujet, il était tombé en désuétude. On souhaitait relancer ce genre de choses. La transmission est l’un des sujets les plus importants que le secteur rencontre. »
Ici, pas de solfège, les pratiquants sont directement plongés dans le bain, instruments en main. Ce dynamisme de l’échange s’abrite dans ce que l’entourage de Barbey aime à appeler un « écosystème créatif ». Dans un souci d’équité vis-à-vis des autres lieux de pédagogie artistique, le réseau « Rock School » voudrait davantage sensibiliser la puissance publique, malgré les carences actuelles. « On est toujours la portion congrue des politiques publiques. Vu le succès des structures qui sont dans ce genre de pédagogie, d’idées, il est important de se regrouper pour être plus fort » avance Eric Roux.
Le politique à la traîne
Parmi les reproches formulés, l’absence de soutien du Centre national des variétés. Selon l’ancien directeur régional des affaires culturelles Jean-Michel Lucas, l’argumentation politique des Rock Schools est encore inaudible : « Vous n’êtes pas des marginaux. Vous êtes au cœur du monde, c’est une fonction universelle en terme de politique publique! »
Aujourd’hui le réseau Rock School a été rejoint par des associations partout en France, mais aussi à l’étranger (Canada et Espagne). Egalement président du RAMA, Eric Roux sait que l’union fait la force de ces regroupements associatifs : « Je suis persuadé que c’est parce qu’on s’est mis en réseau avec le RAMA, qu’on a pu faire ce qu’on a mis en place. » Parmi ses actions, l’organisme Aquitain développe déjà l’éducation artistique et culturelle en milieu scolaire, hospitalier ou encore carcéral, mais également des missions d’information et de prévention au sein du milieu.
Au terme de cette journée d’âpres discussions, Jean-Michel Lucas a tenu à délivrer un dernier conseil : « Si vous n’êtes pas là qui va assurer le développement humain ? Le développement économique s’en chargera. Un réseau pense ses valeurs dans le cadre des négociations possibles, pas seulement pour comprendre ce qu’il fait. » Le 26 juin prochain, la Rock School Barbey fêtera son quart de siècle à l’occasion d’un concert, une nouvelle occasion d’évoquer la mission du Réseau.