Il y a eu deux batailles de Solferino : l’une, opposant les armées française et autrichienne, eut lieu le 24 juin 1859 sur cette petite commune italienne de Lombardie, au sud du lac de Côme. Une bataille terrible qui ébranla Napoléon III et qui fit tellement de morts et de blessés qu’un philanthrope suisse, Henri Dunant, profondément affecté par le spectacle des victimes, provoqua en 1863 une conférence à Genève d’où sortit la création de la Croix-Rouge.
L’autre bataille, pacifique celle-là, s’était déroulée quelques années auparavant dans une région déserte au sud de Bordeaux, non loin de Labouheyre, Lüe, Commensacq, Onesse, Escource et Morcenx. Autant de communes auxquelles le second Empire acheta quelque 7 000 hectares de landes incultes dans le but de les aménager comme cela avait été fait avec succès, à la même époque, en Sologne, dans la Brenne ou dans les Dombes.
Dans les Landes, l’ingénieur Crouzet dirigea une opération d’assainissement de grande envergure sur la nouvelle propriété qu’entouraient près de 90 kilomètres de clôture. On aménagea 200 kilomètres de fossés de drainage et on traça une centaine de kilomètres de routes et chemins.
Les ouvriers s’installèrent dans des maisons de colons et travaillèrent sur une dizaine de fermes modèles.
Ce furent 1 200 hectares de lande ensemencés de pins : la bataille contre une nature difficile avait été gagnée. Aucune comparaison entre les deux batailles. Pourtant, lorsque la nouvelle commune landaise vit le jour, elle fut baptisée du nom de la commune italienne de Solferino. Napoléon III voulait perpétuer ainsi le souvenir d’une victoire et honorer la mémoire des 18 500 soldats français qui laissèrent leur vie sur la terre lombarde. Parmi eux, plusieurs voltigeurs de la Garde impériale, dont l’ultime charge fut décisive pour emporter la position de Solferino.