Voilà plus d’un demi-siècle, Maurice Genevoix, élu à l’Académie française au fauteuil laissé vacant par Joseph de Pesquidoux (1), disait de son prédécesseur que « d’Agen à Dax, de Bordeaux à Toulouse, on le conviait, on lui faisait fête et que toute la Gascogne se reconnaissait en lui ». Et le chantre du Val de Loire d’ajouter : « Comble de chance ou prodige d’équité, il était prophète en son pays. Cela n’est point si commun ».
Lit-on encore Pesquidoux ? Rares sont ceux qui ont aussi bien que lui exalté cette terre. Il l’a célébrée avec des accents d’affection qui n’ont pas vieilli : « la terre à soi, la terre aux autres, mûrissant toutes deux sous le même soleil… »
Dans « Chez nous », Pesquidoux évoque les mœurs et coutumes, les gestes habituels de la vie quotidienne, les saisons et les fêtes. Ainsi, quand il parle de l’hiver et de Nadau, le Noël gascon : « Point de Noël sans daube : elle possède l’intangibilité du symbole ».
Symbole de la chaleur de l’amitié et de la convivialité familiale, « on la hume, on la vante, on la déguste d’avance avec sa garniture de hachis de jambon et d’oignon et quelques gousses d’ail ». Un mets rare !
Combien –et on pose la question sans nostalgie particulière– aqui et ailleurs, choisiront-ils pour les agapes de Noël la rustique daube de Pesquidoux ?
Autre temps, autres mœurs, autres goûts…
(1) D’origine gersoise, Joseph Dubosc, comte de Pesquidoux, est né en 1869. Après ses études, tout en se consacrant au domaine familial du château de Pesquidoux, il rédigea des ouvrages dans lesquels il décrivit avec une précision doublée d’un grand sens poétique, aux accents virgiliens, les rites et les mystères de la vie rurale. Parmi les titres principaux : « Chez nous », « La Glèbe »,
« Le Livre de raison », « La Harde ». Croix de guerre 1914-1918, il fut élu en 1936 à l’Académie française au fauteuil de Jacques Bainville, par 16 voix contre 10 à André Maurois. Il est mort en 1946.