Dans le cadre de la « revitalisation du centre-ville », Martine Lignières-Cassou, actuelle maire de Pau a mandaté une société d’économie mixte, la Société Immobilière d’Aménagement du Béarn, pour rénover 820 logements du centre-ville dans un délai de 10 ans. Rendre le centre-ville agréable à vivre et séduire de nouveaux Palois. Équilibrer ainsi l’assiette fiscale globale et attirer encore de nouveaux habitants : telle est l’équation vertueuse proposée par l’équipe municipale. Car c’est l’assiette élevée de la taxe d’habitation et de la taxe foncière qui a poussé les familles à préférer la tranquillité de la périphérie. Des » palois à temps partiel » qui habitent à 20-25 km de Pau et se déplacent en voiture pour travailler en ville et profiter des équipements. Une migration pendulaire qui engorge le centre-ville d’un ballet incessant de voitures. Résultat, la ville a perdu 6000 habitants entre 1990 et 1999 et la taxe d’habitation est restée prohibitive. Entraînant la désaffection du centre-ville qui compte aujourd’hui 1/4 de logements vacants. Pour répondre à cette situation préjudiciable pour l’avenir de la ville, la Mairie de Pau a lancé un programme de modernisation urbaine qui selon Madame Lignières-Cassou est la condition sine qua non du développement.
Quand les lobbies immobiliers se réveillent
Le Hédas est un quartier quelque peu laissé à l’abandon. Toujours malfamé, un temps surnommé « la côte des malfaisants », le Hédas accueillait les populations immigrées loin du regard des Palois d’en haut. Situé dans la ville basse, sur un ruisseau remblayé, ce ravin qui servait de douves au château de Pau, puis de dépotoir pour les habitants de la ville haute, fait aujourd’hui office de parking. Mais cette coulée verte est prisée pour son côté naturel et sauvage. Il existe bien des amoureux du Hédas. Que ce quartier délabré soit rénové, tous l’appellent de leurs voeux, mais personne ne souhaite une révolution. « Il faut garder l’âme d’un quartier populaire », pouvait-on entendre lors du parcours commenté. « Mais populaire c’est quoi ? » renchérissait une sociologue de l’association. Un cachet bien spécifique ? Un lieu alternatif avec des artistes ? Un endroit pour les familles modestes ? Chacun parle dans le magnétophone pour défendre ses intérêts en espérant être entendu.L’atelier « prospective et utopie » est prévu pour le mois de Septembre. À cette occasion, il sera permis de rêver des projets les plus fous. Mais les participants se doutent qu’au moment de la décision, les lobbies immobiliers se réveilleront. En attendant, ils apprécient que la consultation légale, qui consiste à informer par un affichage ou des réunions publiques, soit devenue participative. Car au fond d’eux, ils gardent l’espoir que leur voix soit prise en compte.
photo : Aqui.fr
Olivier Darrioumerle