Les Nouvelles Fermes lève 2 millions d’euros et recrute


Après « Pauline », la ferme aquaponique du bas Lormont, Les Nouvelles Fermes compte ouvrir « Odette » à Mérignac et embaucher 17 personnes.

Yoan DENECHAU | Aqui

L'équipe qui anime la ferme Pauline, à Lormont.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 23/04/2021 PAR Yoan DENECHAU

La ferme expérimentale « Pauline », à Lormont, pourrait avoir une petite sœur de l’autre côté de la Rocade. En effet, la société Les Nouvelles Fermes, lancée en 2019 par Thomas Boisserie vient de boucler un tour de table de deux millions d’euros pour ouvrir une nouvelle ferme à Mérignac. « Odette » fera partie des plus grandes fermes urbaines d’Europe et permettra à l’entreprise d’embaucher une quinzaine de personnes. On vous présente « Pauline » et « Odette » avec Thomas Boisserie.

« Pauline » est à quelques centaines de mètres du futur quartier « Passerelles de Garonne », à Lormont. À l’ombre de la ligne à grande vitesse, cet espace de 4 000 mètres carrés abrite la serre de la ferme aquaponique créée en 2019. Bientôt deux ans après, la structure est déjà rentable, un tour de force pour la jeune entreprise. « Nous sommes des héritiers de la ceinture maraîchère qui encerclait Bordeaux au début du XXe siècle, dont aujourd’hui il ne reste plus grand-chose en dehors de Bruges, Eysines et le Haillan », raconte Thomas Boisserie, Président des Nouvelles Fermes (LNF). C’est un jeune entrepreneur connu à Bordeaux, pour avoir également lancé Loisirs Enchères.

Le 12 avril, LNF annonce la levée de 2 millions d’euros auprès, entre autres, du fonds d’investissement régional IRDI, la Banque des Territoires et le Crédit Agricole. « Pauline » aura donc une petite sœur, baptisée « Odette ». La ferme urbaine de 5 000 mètres carrés devrait voir le jour d’ici septembre 2021 à Mérignac, sur une parcelle située entre l’aéroport de Bordeaux et la Rocade. Outre la création d’une nouvelle serre, Les Nouvelle Fermes va embaucher 17 personnes, dont 14 fermiers. « L’agriculture ne jouit pas forcément d’une belle image, notamment en termes de revenus. On veut créer des vocations et que tout le monde soit payé décemment [la société table sur près d’une fois et demie le SMIC, NDLR] », reprend Thomas Boisserie.

Aquaponie : « un métier millénaire »

Les futurs fermiers qui animeront « Odette » auront plusieurs casquettes : agriculteur, pisciculteur, parfois même ingénieur. La société dispose de quatre bacs à poissons, des truites arc-en-ciel pour alimenter ses cultures. « Nos 1 200 truites sont la base de Pauline. Ce sont elles qui produisent les nutriments qui subviennent à 80% des besoins de nos plants », décrit Thomas Boisserie. En effet, l’eau des bacs est filtrée puis dirigée dans la serre, pour permettre aux plants de pousser sur des radeaux, avant de revenir dans les bacs des truites.

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Les déjections des truites arc-en-ciel permettent de nourrir les plants de la ferme aquaponique.

Avec ce procédé en circuit fermé, « Pauline » a une production lui permettant de nourrir 150 foyers, avec une consommation d’eau équivalente à celle d’un foyer de deux personnes. Pour le cofondateur des Nouvelles Fermes, il n’y a rien de plus valorisant que ce métier. « Je suis petit-fils de viticulteurs, ils nous ont empêché de faire le même métier qu’eux, voilà où on en est aujourd’hui. L’aquaponie est une pratique millénaire, qui nous permet de faire pousser ce qu’on veut, malgré les périodes répétées de sècheresse », raconte Thomas Boisserie. À terme, « Odette » permettra de nourrir 1 500 foyers.

 Humilité

À Lormont, c’est Sandra, la cousine de Thomas Boisserie, qui anime « Pauline ». Après un parcours d’une vingtaine d’années dans l’industrie agroalimentaire, elle a voulu revenir à l’essentiel : cultiver la terre. « Ça nous donne beaucoup d’humilité : on évolue avec le règne vivant. On sait que quoiqu’il arrive c’est la nature qui aura le dernier mot », raconte-t-elle. Ils sont trois à animer « Pauline », dans le fonctionnement routinier des cultures, avec en plus des stagiaires en école d’ingénieurs agronomes, pas plus. « C’est un plus pour nous, de ne pas nous occuper du volet administratif et commercial, ce sont Thomas et ses associés qui gèrent ça. On a beaucoup moins de pression, et on prend le temps de bichonner nos petits plants », sourit Sandra.

La cousine de Thomas Boisserie voit d’un bon œil le boum des circuits courts, dû à la crise du coronavirus. Ce retour à l’essentiel favorise, selon elle, les petites structures… « Plusieurs décennies plus tôt, on comptait énormément de petites structures agricoles. Aujourd’hui, on s’est tourné vers une agriculture industrielle, avec d’immenses espaces et des machines », souligne-t-elle. Selon Sandra, avant de faire tourner les machines, mieux vaut faire tourner les humains correctement. « La stabilité de l’Homme part souvent de ce qu’on a dans l’assiette » ajoute-t-elle.

Renouveler le secteur agricole
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Thomas Boisserie, co-fondateur et Président des Nouvelles Fermes.

Avec ce concept expérimental, qui commence déjà à porter ses fruits, Les Nouvelles Fermes veut participer à la réinvention de l’agriculture. « 24% des émissions de gaz à effets de serre mondiales sont dues à l’agriculture. Notre ambition c’est d’aider le secteur agricole à se renouveler. L’aquaponie n’est pas LA solution, c’est une solution parmi d’autres », souligne Thomas Boisserie. A ce titre, Les Nouvelles Fermes vise un déploiement national, plutôt dans d’autres grandes villes après Bordeaux, notamment Paris, Lyon, Lille et Marseille. L’entrepreneur évoque également des contacts avec des pays où le milieu naturel, notamment désertique est plus hostile à l’agriculture. Selon lui, ce sont des lieux où l’aquaponie pourrait être une solution viable de culture.

Outre l’aspect plutôt géographique, l’entreprise vient de signer un partenariat avec le géant des télécoms Orange. Cette collaboration a vocation à aider la société sur le volet Recherche et Développement. « Nous reposons beaucoup sur la R&D. Il ne faut pas oublier que notre ferme est expérimentale », précise Thomas Boisserie. Ainsi, Orange met à disposition des capteurs d’eau et d’air pour aider à la décision. « Grâce à ces capteurs, on pourra avoir des informations sur le comportement des plants en fonction de la température, du pH, ça va nous permettre d’optimiser nos capacités de production », ajoute l’entrepreneur. Depuis la création de « Pauline », en 2019, la ferme a produit 20 tonnes de produits frais et 2 tonnes de truites arc-en-ciel.

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