Sofia Coppola filme l’ennui, le vide et elle arrive à les retranscrire plutôt bien. Trop bien peut-être diront les mauvaises langues. La caméra s’éternise bien au delà de la durée règlementaire, les effets sont presque absents, le montage est revêche, bref Sofia Coppola nous montre un film audacieux par la forme mais qui dessert malheureusement le fond. Ce n’est pas la faute aux deux acteurs principaux (Stephen Dorff et la diaphane Elle Fanning), mais on ressent finalement peu d’empathie pour cet acteur sur le déclin qui s’en remet à toute sortes de stratagèmes, inaccessibles pour le commun des mortels, pour se sortir de la torpeur. Car si c’est dans sa description de la paternité absente qu’elle est la plus sincère, c’est en prenant partie pour la gamine et en filmant le père, que l’on voit sans problème, le message adressé par la réalisatrice à son paternel. Message dont au final, on se fiche royalement, n’étant pas concerné par l’histoire.
Malgré cela, il y a de très beaux plans, de voitures, d’autoroutes, d’hélicoptères, d’hôtels. Chaque morceau de musique a droit à son clip parfait. Tous les passages complices entre l’acteur et sa fille ont l’air réels. La chair exposée des starlettes est triste. Les travers du show business sont drôles. Par intervalle, Sofia Coppola arrive à toucher juste et à dépeindre par de petites vignettes la vie de ce père qui s’y prend mal. Mais ce n’est pas ça qui fait un film.
Thomas Guillot
Somewhere, de Sofia Coppola avec Stephen Dorff, Elle Fanning…
Crédit photo : © Pathé Distribution