Selon ce collectif dans lequel on retrouve les principaux animateurs de Bio d’Aquitaine, dont le président de cette association Jon Harlouchet, la récente visite du Président de la République au Pays Basque a été une occasion un peu brutale d’ouvrir le dossier des organismes génétiquement modifiés. »Une soixantaine de militants ont tenu à porter leurs revendications lors de la parade présidentielle. Quatre personnes sont montées sur le toit de la sardinerie en arborant des banderoles « moratoire OGM ». Pendant ce temps, les forces de l’ordre ont fortement molesté les membres du collectif restés en bas. Sept personnes on été violemment interpellées, et une personne a été bléssée au visage ». Dans un communiqué, le collectif considère « que le dossier du moratoire ne peut attendre d’être traité par le calendrier du Grenelle de l’Environnement » « Face à la contamination imminente, il est encore possible de prendre une décision de récolte préventive (des maïs OGM) condition incontournable à la tenue d’un débat constructif sur les OGM ». Le groupe invoque donc l’urgence du dossier, et ce d’autant plus que la première réunion du groupe ad’hoc n’est prévue que pour le 10 septembre. Or, les producteurs bios craignent pour leurs cultures de l’année, et pour leur avenir d’autant que les informations qui leurs viennent d’ailleurs, notamment d’Aragon, confirment que la culture OGM tue la bio. « Nous ne serions pas opposés à des cultures OGM s’il était certain que celles-ci ne contaminent pas nos productions, affirme Jon Harlouchet. Mais, comme ce n’est pas le cas, il s’avère que la cohabitation est impossible ». Et d’ajouter que le fond du problème c’est la question du choix de la forme d’agriculture, soit une agriculture industrialisée, soit une agriculture respectant l’environnement et les territoires.
Tensions
Quoi qu’il en soit la tension monte dans les campagnes autour d’un dossier que les divers gouvernements ont laissé pourrir en ne transposant pas à temps les directives européennes, lesquelles au demeurant ne répondent pas totalement aux désirs des uns et des autres. Le malheureux drame lotois a renforcé la détermination des pro-OGM, et des incidents se sont produits entre les deux camps dernièrement dans le Gers. Selon le communiqué du collectif anti-OGM, un champ expérimental qui devait permettre de mesurer le taux de contamination, lequel était aidé par la région Aquitaine, a été « saboté » à Saint-Dos pendant l’été . D’après d’autres sources, des parcelles situées en Lot-et-Garonne, pourraient également avoir été traitées « pour ne pas pousser ». Le collectif continue cependant de mesurer l’incidence du pollen OGM sur l’apiculture.
Lettre au Président
Le collectif s’adresse par ailleurs, à travers une lettre, au président de la République. Il invoque notamment les impératifs « de sauvegarde des filières de qualité » et les « précédentes crises sanitaires imposant le principe de précaution », et il réclame la récolte préventive des cultures de maïs OGM, ainsi que « la mise en place d’un moratoire immédiat comme l’a fait l’ Allemagne ».
Gilbert Garrouty