Après le transfert en 2011 de la Police Municipale dans une partie du bâtiment situé à gauche en entrant, c’est au tour du bâtiment en face de reprendre vie. Le tiers-lieu coopératif Bâtiment 25 a ouvert discrètement ses portes au cours de l’été. Même si les travaux ne sont pas encore terminés, les résidents ont pris leurs marques sur les 1 600 m² qui ont été aménagés.
Sur trois des quatre niveaux, le tiers-lieu accueille une boutique de 84 m², des bureaux de coworking, des ateliers privatifs ou partagés, un fablab, deux salles de réunion, des cabinets de 17 m² pour organiser des rendez-vous (location à l’heure, à la demie journée ou à la journée) sans oublier un auditorium de 98 m² avec une scène offerte par l’Opéra de Limoges, et à côté, le bar et un espace de restauration avec une cuisine flambant neuve. Une salle de bien-être peut également être louée à l’heure pour organiser des séances de pilate, de yoga ou de méditation.
La Ville de Limoges, propriétaire de la caserne Marceau, a signé un bail emphytéotique, le 8 juillet, avec la société coopérative d’intérêt collectif Bâtiment 25 qui en assure la gestion. Pour transformer l’ancien casernement, la ville a injecté 2,1 millions d’euros rendant notamment le bâtiment accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à un ascenseur.
« Une quarantaine de résidents »
Le tiers lieu qui cible les projets collaboratifs autour de l’artisanat et de l‘économie circulaire affiche déjà presque complet. « Nous accueillons une quarantaine de résidents permanents et presque tout est loué se félicite Sandra Le Berre coordinatrice gestionnaire, il reste quelques places de bureaux et de coworking pour des artisans. Nous avons beaucoup de demandes. Il y a bien des tiers-lieux à Limoges mais peu proposent des espaces privatifs et des phone box pour s’isoler.»
Le succès réside certainement dans l’implication des sociétaires et des riverains regroupés au sein du Collectif Marceau qui ont cru très tôt en cette aventure coopérative. Les premiers ateliers de concertation remontent en effet à 2019 pour ce projet, élaboré en coconstruction, et qui a finalement trouvé un écho favorable. « Depuis mon premier mandat en 2014, je souhaitais ouvrir un tiers-lieu en co-construction avec des forces vives rappelle le maire Emile Roger Lombertie, je voulais aussi un lieu de création autour des arts du feu et un four pour que des artistes puissent venir se faire la main. »
L’ouverture du tiers-lieu s’inscrit aussi dans un projet d’éco-quartier en gestation depuis dix ans. « Il a pris quatre ans de retard en raison du projet avorté de la CCI » concède l’élu. L’organisme consulaire voulait regrouper ici ses écoles sur un seul site. « Nous avons travaillé sur l’évolution et la réorganisation de la caserne pour aboutir à un urbanisme qui rappellera l’histoire de ce lieu avec une projection pour les cinquante ans qui viennent, de manière durable, tout en prévoyant l’intégration du marché de la Place Marceau » indique-t-il. Un marché qui se tient chaque samedi devant cette caserne qui fut occupée par les militaires jusqu’en 2010. « Ce lieu était fermé depuis 140 ans rappelle Vincent Brousse, adjoint au maire, mais ce n’est pas un vaisseau déposé ici par la Ville. Ce nouvel espace est occupé à plus de 95 % avec une liste d’attente qui augmente. »
Un collectif de vitraillistes heureux
Ce travail de co-construction a permis de voir émerger l’idée d’une boutique ouverte aux résidents et aux personnes extérieures car « des artistes recherchent des lieux d’exposition sur Limoges » atteste Sandra Le Berre. Pour cette première exposition « Graff M’émaux », à voir jusqu’à fin octobre, les créations originales confrontent l’émail et les graffitis, tout en valorisant la créativité entre résidents. Une boutique éphémère prendra le relais les deux derniers mois avec des idées cadeaux à l’approche des fêtes.
Parmi les résidents permanents, un collectif de cinq vitraillistes fraîchement diplômés a investi des locaux au 1er étage. « A 508 € par mois charges comprises, c’est très intéressant pour un 36 m² assure Christophe, et c’est une aubaine en sortant de notre formation au Mas Jambost de tomber sur cet endroit rénové. » Ils ont installé leur matériel depuis le 1er septembre et comptent sur la communication faite autour de ce nouveau tiers-lieu pour engranger les premières commandes. « On est bien placé, les équipements sont neufs et on adore le principe du tiers-lieu renchérit Catherine, on travaille dans la convivialité avec entraide et bienveillance. » Ils pourront s’associer sur certains projets de restauration ou de création de vitraux. « L’idée est de travailler ensemble dans un lieu ouvert au public et pourquoi pas de développer des projets en commun bois et métal » lance Caroline.
Au rez-de-chaussée, les ateliers sont occupés par des artisans qui recyclent ces matériaux en les transformant en pièces uniques. Comme eux, d’autres entreprises, organismes ou associations ont poussé la porte du Bâtiment 25 pour bénéficier de cet écosystème. C’est le cas par exemple pour le CRIJ Info-Jeunes, Clap Sud Ouest (lutte contre l’illettrisme), l’Atelier Médicis (résidences d’artistes), les Ateliers théâtre Arabesque (cours de théâtre), Design et Territoire qui collecte des déchets industriels pour les recycler en pièces design, Laou (changement de cadre de vie), Play at work (coaching) et la plateforme de financement participatif J’adopte un projet.
L’inauguration aura lieu le 5 octobre avec une journée portes ouvertes pour que le public vienne découvrir tout ce qui se passe au Bâtiment 25 (10 h à 18 h).