Après les attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre, beaucoup de manifestations, concerts et autres initiatives culturelles ou sociales ont été annulées ou reportées un peu partout en France. Ce ne sera pas le cas de la COP21, qui réunira toujours un grand nombre de chefs d’État pour fixer de nouveaux objectifs autour du climat à partir du 30 novembre prochain. Cependant, l’évènement, qui avait donné lieu à l’organisation de près de 200 manifestations ludiques et culturelles un peu partout en France, devrait uniquement porter sur les négociations, puisque le volet plus festif a été annulé. Bordeaux n’aura en tout cas pas attendu la tenue du sommet pour s’engager et proposer différents types de manifestations autour des enjeux du climat. Parmi elles, le magazine « La Tribune/Objectif Aquitaine » a tenu ce mardi 17 novembre un forum « Climat COP21 » au Stade Matmut Atlantique, à Bordeaux Lac. Centré autour de trois sessions principales (certaines générales comme la question de l’urbanisme et de la « ville de demain », d’autres plus ciblées autour du défi de la « décarbonisation »), le forum a bénéficié d’une sécurité renforcée aux abords du Stade, et a notamment réuni des experts, chefs d’entreprises ou personnalités publiques, comme les deux candidats aux régionales Alain Rousset (PS) et Virginie Calmels (Les Républicains).
Une opportunité économique
L’un des débats portait notamment sur l’angle de la transition énergétique, vue par les entrepreneurs comme une réelle opportunité de développement, ce que confirme Alex Receveau, membre de la section « Veille et Prospective » au Conseil économique, social et environnemental (Ceser) d’Aquitaine. « C’est un défi majeur pour les entrepreneurs. Il faudra qu’ils modifient leur façon de produire et de concevoir les marchés », affirme le responsable. « L’économie de demain sera circulaire ou ne sera pas, car les ressources se raréfient. En termes d’agriculture comme dans la société, on revient à des pratiques anciennes, une sorte de rétro-innovation à base de troc, de prêt… Cela vient essentiellement du besoin de resociabiliser l’économie ».
Pour autant, s’il ne faut pas voir dans cette manne (qui pèse déjà des milliards) du pur altruisme pour les entreprises qui y voient une opportunité de faire du chiffre, la transition énergétique ne peut se résumer à ça selon Jean-Louis Bergey, directeur de l’ADEME Aquitaine. « Si c’est juste pour vendre des climatiseurs, ça n’a pas de sens. il faut inventer des choses, développer de nouveaux produits. Aujourd’hui, nous n’avons pas toutes les réponses, il faut donc accepter d’avancer sur des choses que l’on ne connaît pas », déclare-t-il. L’ADEME, qui organise régulièrement des manifestations autour de l’économie d’énergie comme les « Familles à énergie positive » ou le « challenge de la mobilité » (dont l’édition 2015 a eu lieu le 17 septembre dernier), est aussi consciente de son rôle dans l’éducation sociale à l’environnement. « Ce genre d’initiatives cela amène des changements. Les entreprises y trouvent du positif, elles apportent autre chose que du business à leurs salariés ». Même son de cloche pour Alex Receveau, pour qui « toutes les entreprises ont joué un rôle et ont participé à reconsidérer le regard du citoyen ». A coups de milliards aussi : 3,2 rien que pour le volet « investissements d’avenir » de l’ADEME.
Des déclinaisons en tous genres
Mais la transition énergétique peut aussi permettre de rendre certains secteurs plus ouverts, moins opaques. C’est notamment le cas du spatial. Pour Corinne Mailles, directrice adjointe de la société Telespazio, le spatial n’est plus du tout dans la rétro-innovation. « Nous bénéficions de capteurs spatiaux de plus en plus évolués, une évolution qui ne demande qu’à être exploitée. Les satellites d’observation de la terre ne sont aujourd’hui utilisés qu’à 20 % de leurs capacités. Démultiplier les usages est donc une réelle opportunité ». Après avoir ouvert son premier Earthlab en Aquitaine, à Latresnes, la société a poursuivi avec l’inauguration d’une nouvelle structure similaire au Gabon, et devrait prochainement fonder un troisième earthlab au Luxembourg autour de la sécurité, des risques et des catastrophes naturelles.
Le forum, lui, s’est présenté comme l’occasion rêvée de montrer, pour l’écosystème régional et métropolitain, leur implication autour de ces questions. Et il ne sera pas le seul, puisque de nombreux évènements devraient avoir lieu entre novembre et décembre autour de la COP21. Le 30 novembre à 19 heures, l’écosystème Darwin accueillera le célèbre militant écologiste canadien Paul Watson, fondateur de Sea Shepard, dans le cadre de son Ocean Climax Festival. Depuis le 10 novembre, les Jeunes Écologistes Bordeaux-Aquitaine et EELV Bordeaux ont lancé « Végé pour la COP », qui proposent aux volontaires de renoncer à la consommation de viande et de poisson durant un mois. Jusqu’au 13 mars prochain, la Maison Écocitoyenne de Bordeaux accueille l’exposition « Faut qu’ça tourne », qui met en avant des entrepreneurs de la région engagés dans cette fameuse économie circulaire. Enfin, la Marche Mondiale pour le Climat aura lieu à Bordeaux le 29 novembre. Et ce n’est qu’une petite partie des nombreuses manifestations organisées un peu partout sur le bassin bordelais. Sans doute une volonté définitive de « marquer le coup ».