A 44 ans, Philippe Poutou, ouvrier et délégué CGT depuis de nombeuses années à l’usine Ford de Blanquefort, a une mission délicate : faire oublier Olivier Besancenot et rassembler les 500 signatures d’élus nécessaires pour se présenter à l’élection. « Il est possible que je n’arrive pas à obtenir toutes les signatures », confie-t-il, conscient des difficultés qui l’attendent. Ceci étant, ce n’est pas sa première bataille. A Ford, il a été l’un des fers de lance du retour du constructeur américain en Gironde. Par ailleurs, il a déjà été tête de liste du NPA lors des dernières élections régionales en Aquitaine. Philippe Poutou avait alors recueilli 2,52% des suffrages. Il avait également été candidat aux élections législatives de 2007 sous l’étiquette de la LCR, recueillant 2,70% des suffrages dans la 5e circonscription de la Gironde. Homme de convictions, ce père de famille s’est toujours présenté avec l’étiquette d’un militant de base. Très actif sur le front syndical, il a participé au combat et aux différentes manifestations contre la réforme des retraites dans la région.
Philippe Poutou succède à Olivier Besancenot au moment où le parti est en pleine crise
Mais, sa nomination pose aussi de nombreuses questions. Inconnu du grand public, Philippe Poutou, réussira-t-il à faire oublier la popularité du facteur de Neuilly-sur-Seine ? Cette désignation survient alors que le parti se trouve fragilisé par la défection de son ancien leader. Les divisions entre les tenants d’une ligne dure et d’une ligne de rapprochement avec les autres partis d’ultra-gauche minent le NPA. Résultat, de 9 000 membres à sa fondation en février 2009 sur les bases de la Ligue communiste révolutionnaire, le NPA est passé à 3 100 votants lors des derniers congrès locaux. Dans ces conditions, les candidats aux présidentielles ne se sont pas bousculés. » D’autres avaient la légitimité mais, pour des raisons diverses, ils n’ont pas voulu se porter candidat, et c’est tombé sur moi », reconnaît Philippe Poutou. « Il n’est pas question que je sois un super candidat comme Olivier Besancenot », prévient-il. « Il faut montrer un visage plus collectif pour éviter la personnalisation », avance le syndicaliste. Philippe Poutou le sait, le challenge sera très « dur » à relever. Le NPA est en pleine crise. Pour réussir, il lui faudra réussir une campagne exceptionnelle, aussi bien avant les élections pour obtenir les 500 signatures, qu’après, pour faire un score meilleur que les 2,52% obtenus lors des dernières régionales.
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