Le guitariste Tomatito et sa « famille » envôutent Cenon avec du flamenco


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Le guitariste Tomatito et sa "famille" envôutent Cenon avec du flamenco

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 09/06/2014 PAR Pau Dachs

Le groupe sort ponctuel, tandis que le Rocher de Palmer de Cenon termine de se bonder. A 55 ans, et malgré avoir montré au public son incontestable talent avec la guitare dès qu’il avait 10 ans, le protagoniste ne cache pas sa timidité. José Fernando Torres, Tomatito, met du temps à se présenter. Il sera succinct avec ses mots au long du concert, mais d’abord il se dépêche pour honorer son ami et maître, Paco de Lucia, récemment décédé : « Il est le meilleur guitariste de l’histoire du flamenco », affirme-t-il avant de lui dédier une pièce.

Les deux artistes ont eu le temps pour une dernière collaboration en 2013. De Lucia a participé lors de l’enregistrement de l’album de Tomatito, « Soy Flamenco », auquel en quelques chansons la voix du grand « cantaor » (chanteur de flamenco) Camarón de la Isla, décédé en 1992, a été récupérée grâce à la technologie.

La couverture du disque

De la tradition et de l’innovationNé à Almeria, Espagne, et membre d’une famille gitane avec des profondes sources artistiques, Tomatito a hérité son surnom (le petit tomate en français) de son père et de son grand-père. Son oncle, «El niño Miguel », décédé l’an dernier, est considéré également un génie de la guitare.

Tomatito a commencé sa trajectoire de guitariste à Málaga, et bien qu’il ait collaboré avec nombreux virtuoses du flamenco, c’est à partir de sa rencontre avec Camarón à 15 ans que son art a brillé. Le jeu de la guitare de l’un et la voix de l’autre font partie de l’album « La leyenda del tiempo » (La légende du temps), publié en 1979, une oeuvre révolutionnaire pour le flamenco, à cause de son incorporation au genre d’éléments du rock et du jazz. Après la morte de Camarón, il a continué son parcours en solitaire avec succès, tout en collaborant avec plusieurs artistes, une trajectoire qui lui a valu trois prix Grammy Latin.Une union prodigieuse de sonEn revenant à Cenon, le « toque » de Tomatito et les apports de sa famille artistique ont déjà créé une atmosphère unique. Il est accompagné par deux « cantaores » (chanteurs), Kiki Cortiñas et Simón Roman, la danseuse Paloma Fantova, le percussionniste Piraña et un jeune homme à la guitare accompagnante : el Tomate, son fils. Les variations du genre, des bulérias aux soléas, se succèdent. Les doigts de la main droite des guitaristes grattent et pincent les cordes de l’instrument, et ceux de la gauche parcourent la manche. Ils créent une union prodigieuse de rythme et mélodie, comme s’ils parcouraient à l’aveugle, avec un geste qui aurait sur lui le toucher et la parole à la fois, les points bien connus et aimés d’un corps humain.

Le son se magnifie et devient incomparable avec la subtilité de la percussion et le battement de mains des chanteurs, l’un gros et l’autre petit, et de la belle danseuse, les trois assis en regardant avec solennité le jeu de Tomatito. Ils encouragent celui-ci avec des « oles ». Les deux « cantaores » contractent leurs corps quand ils propagent leurs puissantes voix, chargées de sentiment. La danseuse émerge défiante sans prévenir, avec des mouvements qui semblent pleins de rage, mais qui sont en vérité une belle transformation de l’énergie accumulée par la musique. Quand le claquement des talons de Paloma Fantova arrive, il est presque irréel pour les spectateurs ignorants du genre.Le talent héritéL’envoûtement arrive à sa fin, après presque deux heures. Le public, debout, ovationne les dernières pièces, et Tomatito leur concède quelques bis. Il donne également l’opportunité à son fils d’exhiber en solitaire son talent précoce. « Mon fils joue de la guitare mieux que moi », a assuré Tomatito lors d’une interview au journal espagnol ABC.

A 16 ans, le jeune Tomate montre une timidité plus marquée que celle de son père. Son talent, ainsi, peut être supérieur à celui de son géniteur. Il a déjà collaboré avec d’autres héritiers de grandes figures du genre, comme le chanteur Kiki Morente, fils du grand « cantaor » Enrique Morente (décédé l’an dernier). Une autre fille de Tomatito, Maria Angeles Fernandez, danse sur les « tablaos » (scènes du flamenco) aux côtés de sa famille et d’autres artistes. Les nouvelles générations sont pressées de perpétuer le flamenco dans la légende du temps.

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