S’efforçant de répondre aux objectifs fixés par le gouvernement, le groupe Sofiprotéol-Diester industrie qui réunit les moyens financiers et techniques de l’agriculture, en particulier des grandes organisations professionnelles agricoles, prévoit de porter la production de « Diester » -le biodiesel- à 1,8 millions de tonnes en 2008-2009. Les surfaces agricoles qui pourraient être consacrées à la production de biocarburants en France sont estimées à 2,5 millions d’hectares sur les 15 millions d’hectares de terres arables que compte le pays. Des investissements sont ainsi prévus à: Coudekerque (Nord) pour la production de 150 000t de Diester en 2008; à Grand Couronne (Seine-Maritime) avec la construction d’une seconde unité de production de 260 000 tonnes; à Montoir-Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) pour 250 000 t en 2007; à Le Meriot (Aube) pour 250 000 t cette année. Cette unité doit permettre la trituration de 1 million de tonnes de graines de colza et de tournesol, et la production de 560 000 t de tourteau et de 420 000 t d’huile brute à partir des livraisons de l’agriculture de la région Champagne-Ardennes et des régions attenantes. Un investissement de 95 millions d’euros qui entraînera la création de 70 à 80 emplois directs.
Diester à Bordeaux-Bassens
S’ajoutent à ce programme biodiesel les projets de Saipol, à Bordeaux-Bassens. Le site de trituration girondin d’oléagineux qui existe depuis 1978 est passé dans diverses mains pour être repris en 2004 par cette société à Céréol ,filiale de Lesieur. Il s’étend sur quelque sept hectares et triture 450 000 tonnes de graines de colza (65%) et de tournesol (35%) et produit 250 000 t de tourteau et 200 000 t d’huile brute. Son client principal pour l’huile alimentaire est son voisin de Bacalan, Lesieur. Mais le site de Bassens -dont la capacité de production en huile brute sera augmentée de 50%- dans le cadre d’un développement atlantique avec l’unité de Montoir -va lui aussi passer à l’esthérification industrielle. Cela en vue d’une production de 200 000 tonnes de Diester au premier semestre 2008, lequel sera absorbé par les dépôts pétrolier de Bassens, Pauillac, La Pallice. Il est à noter que l’huile sera envoyée par « pipe-line » au nouveau site. Un investissement de 40 millions d’euros qui se traduira aussi par la création d’une trentaine de nouveaux emplois directs (Saipol emploie actuellement 57 personnes). Mais il est à noter que la filière estime que 1000 tonnes de produits entraînent la création de 8,8 emplois directs ou indirects.
Ethanol de maïs à Lacq
La branche éthanol n’est pas en reste. Dans le sud-ouest de la France ce sera même une grande première avec la création à Lacq (PA) de la première unité européenne de production d’éthanol de maïs. Cette réalisation qui répond aux voeux exprimés de longue date par l’AGPM (Association Générales des Producteurs de Maïs) sera le fruit de la société AB Bioenergy France, filiale de l’Espagnol Abengoa, mais dans laquelle on trouve d’autres sociétaires comme les coopératives agricoles régionales Euralis, Maïsadour, Lur Berri, Vivadour, un négociant, les Etablissements Lacadée. Le pétrolier Dyneff qui se trouvait dans le premier tour de table s’est toutefois retiré. Il était prévu au départ que cette unité utilise plus de 400 000 tonnes de maïs par an et produise 180 000 tonnes d’éthanol dès cette année. La première tranche de travaux devrait être achevée dans quelques semaines. La production d’éthanol n’atteindra pas cependant ces chiffres en 2007. Elle ne fournira que 40 000 tonnes d’éthanol, et ce… à partir de sous-produits vinicoles. L’utilisation du maïs ne commencera qu’en 2008. Il faut noter toutefois qu’Abengoa n’est pas un débutant en matière d’éthanol: il possède deux unités en production en Espagne et est le premier producteur européen d’éthanol et le second mondial. Le projet exige un investissement de 100 millions d’euros, et il doit permettre la création de 75 emplois directs et de 500 emplois indirects. Une convention a été conclue entre AB Bioenergy, la région Aquitaine, le département des Pyrénées-Atlantiques, et la Communauté de Communes de Lacq. Dans ce cadre, chacune de ces deux collectivités apporte une aide de 2 millions d’euros. On remarque dans le préambule de cette convention que le soutien est accordé « malgré la concurrence sévère d’autres projets ».. Le maïs n’est pas en effet la matière qui assure le meilleur rendement énergétique global (voir ci-contre).
G.G.
Nos photos: -Construction de l’usine AB Bioenergy à Lacq (Ph.GB)- Le site de Saipol à Bordeaux-Bassens (Ph. Prolea)