Le citoyen au coeur du débat public


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Le citoyen au coeur du débat public

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 22/01/2016 PAR Romain Béteille

Dans le cadre de Bordeaux Débats et du Pacte de Cohésion sociale et territoriale (dont le deuxième volet des appels à projets s’est ouvert en novembre dernier à hauteur de 200 000 euros), le Rocher de Palmer a accueilli ce vendredi une conférence-débat autour du thème de « La place du citoyen dans la décision publique ». Animé autour de Thomas Kirszbaum, sociologue et chercheur associé à l’Institut des sciences sociales du politique, il a permis autour d’Alain Juppé, maire de Bordeaux, une réflexion et le développement de quelques idées qui vont dans le sens d’une politique toujours plus en rapport avec les quartiers. Plutôt que d’en retranscrire l’intégralité, voici quelques morceaux choisis des intervenants présents. 

« Le citoyen veut choisir »

Jean-Paul Delevoye, président du Conseil Economique Social et Environnement (CESE), connu pour ne pas vraiment avoir la langue dans sa poche, n’a pas mâché ses mots durant son introduction au débat suivi par un public venu nombreux. « Nous sommes rentrés dans une société de l’intelligence, de la connexion. Ce qui est assez fascinant, c’est que tout le système politique consistait à préserver le pouvoir. La France est malade du pouvoir, on préfère la jouissance qu’il apporte plutôt que son exercice. Or, on ne peut plus demander l’obéissance, on doit demander l’adhésion. Le citoyen ne veut pas qu’on l’oblige à adhérer à quelque chose, il veut choisir. Au moment ou nos institutions traversent une profonde crise de légitimité et de crédibilité, les élus locaux sont obligés de créer une vraie transcendance. On rassemble les peuples sur des causes, on les déchire sur des intérêts… », a ainsi déclaré le responsable. 

« Aller chercher les invisibles »

L’avis de Jean Rottner, maire de Mulhouse, diffère. « Dans le débat public, on oublie trop souvent le citoyen. Je pense que l’élu doit jouer son rôle mais doit avoir une conscience permanente et forte qu’avoir mandat, c’est aussi avoir une capacité de représentation et d’arbitrage. Mulhouse compte 100 000 habitants et 136 nationalités. On a fabriqué dans notre pays des habitants professionnels qui, dès qu’on leur laisse prendre gestion, reproduisent les mêmes réflexes que la classe politique tant critiquée. Dans la démocratie locale, l’intérêt, c’est d’aller chercher les invisibles, ceux qui ne participent à rien ».

Les invisibles, c’est aussi à eux que tente de parler Alexandra Siarri au travers de son statut d’adjointe en charge de la cohésion sociale et territoriale, comme elle l’a réaffirmé. « Ils sont face à beaucoup de difficultés et d’inquiétude et ne voient pas comment les institutions arriveraient à trouver des solutions de long terme. Paradoxalement, ils ont quand même une grande confiance en eux, dans leur quartier et dans les capacités à faire. Beaucoup de choses se font aujourd’hui, notamment dans les quartiers populaires dont on pointe toujours les difficultés sans voir qu’ils contiennent une vraie richesse associative, un vrai talent ». 

« Ceux qui gouvernent ne sont pas élus »

Pour Nadia Bellaoui, présidente du Mouvement associatif, cette « richesse associative » passe aussi par ses responsables, loins d’être dupes. « Ils savent reconnaître quand l’élu qu’ils ont en face d’eux n’a que l’envie de se faire réélire ou compte réellement sur la participation. L’essentiel des associations est plutôt obsédé par les capacités de voir les résultats de leurs actions. Ce qui est plus inquiétant, c’est celles qui crééent des partenariats d’intérêt général hors de la sphère de l’action publique Ils doivent aussi passer par les élus », affirme-t-elle. La palme du propos le plus virulent revient cependant à Loic Blondiaux, professeur en sciences politiques à la Sorbonne, pour qui « le pouvoir politique a perdu de son emprise sur la réalité. Ceux qui gouvernent ne sont pas élus, ce sont ces pouvoirs qui ont la plus grande emprise sur le fonctionnement des économies et le destin des sociétés ». 

Moins pessimiste, le maire de Bordeaux a malicieusement remis la balle au centre. « Je n’ai pas fait de référendum dans les quartiers pour connaître le sentiment des bordelais sur l’extension du stationnement payant, je connaissais la réponse. Parfois, le rôle du politique c’est d’exercer le leadership et d’anticiper sur des décisions qui ne s’imposent pas d’elles-mêmes. La démocratie locale ne fonctionne pas si mal, ce n’est pas simplement quelques exemples limités. Il existe 6000 associations à Bordeaux. C’est le contraire même de l’individualisme. Les dysfonctionnements de la démocratie ne sont pas une spécificité française. Mais elle dysfonctionne uniquement parce que les politiques ne sont pas bons, pas courageux, pas honnêtes. Si c’est ça la véritable explication, la solution est faclle : il n’y a qu’à les virer. Et on en met d’autres ». Reste à voir si, lors de son futur déplacement en Algérie, il réitèrera le même avis… 

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