Les faits se sont déroulés le 24 octobre. Ces trois prostituées, qui en avaient assez de manger du poisson froid pour la énième fois au centre de rétention de Bordeaux, ont décidé de se rebeller. Elles ont jeté leur nourriture et se sont mises à taper sur les barreaux avec leurs gamelles. Selon leurs allégations, une femme policière serait alors intervenue et aurait puni la meneuse du mouvement en la promenant nue dans la cour du centre de rétention. L’avocat de permanence du centre de rétention a même été dépêché en pleine nuit, en l’occurence Me Uldrif Astier. Il a entendu leurs témoignages et a décidé de déposer plainte jeudi 1er novembre. Le dossier est également remonté jusqu’au Réseau éducation sans frontières, qui, attend que la lumière soit faite dans cette histoire. « Nous demandons l’ouverture d’une enquête administrative et judiciaire » déclare Brigitte Lopez, membre de RESF 33.
Des faits vérifiables à partir des bandes des caméras de vidéosurveillance
Car, les faits sont parfaitement vérifiables. Des caméras de vidéosurveillance tournent 24 heures sur 24 dans les parties communes, y compris donc dans la cour. Après avoir visionné les enregistrements, Albert Doutre, le directeur de départemental de la sécurité publique, a assuré que les dires des prositutées ne sont que pure invention. Il précise que la « meneuse » a été simplement isolée en geôle de sûreté et que sur les caméras de surveillance, on voit les autres prostituées se déshabiller et faire des gestes obscènes. Agacés par cette mise en cause de ces services, Albert Doutre envisage désormais de déposer plainte pour dénonciation calomnieuse. Une réaction démesurée pour Brigitte Lopez de RESF, qui rappelle que dans son communiqué, le réseau a employé le conditionnel pour évoquer les propos des prostituées et a toujours agi de façon modéré. Ceci dit, « il ne faut pas non plus nous faire croire que le centre de rétention est un lieu de sainteté » ajoute t-elle. Cet été, le juge des libertés a prononcé la libération de 18 étrangers en situation irrégulière, car ils étaient privés au centre de rétention de Bordeaux des moyens de communication prévus par la loi. Il appartient désormais à la justice de faire la lumière sur ces faits.
Nicolas César