Il n’y a pas que les usagers qui sont confrontés aux conséquences de la révolution culturelle et économique de la Poste : l’ambiance ne semble plus être ce qu’elle était au sein du personnel. En tout cas, dans son bureau du premier étage de la Bourse du Travail à Bordeaux,SaïdBoudjema secrétaire départemental du Syndicat CGT de la Poste et des Télécommunications, la formation majoritaire pour ces secteurs, déplore avant tout que l’exécution du projet de la Poste s’effectue « sur le dos des salariés ». Selon lui, ces derniers sont soumis à une dégradation des conditions de travail et de vie sans précédent. « Ce n’est plus le salarié qui est au cœur de l’entreprise, dit-il, mais les enjeux financiers. L’objectif primordial est de réduire la masse salariale. Or, nous, nous disons non. Le service public doit rester public ».
Mobilisation européenne
Les syndicats GGT, Sud, FO l’ont fait savoir au cours d’une journée de grève le 14 novembre dernier, laquelle, souligne Saïd Boudjema, a été suivie selon les endroits, par 40 à 60% des personnels. Les syndicats devaient revenir à la charge, cette fois au niveau européen, le lundi 11 décembre, à Helsinki, en Finlande à l’occasion d’un Conseil des Ministres de l’UE.
Le responsable CGT évoque les inquiétudes sur le terrain quant au devenir d’agences postales, notamment à Illats, au Barp, à Salles (Gironde) avant d’en revenir aux retombées sur l’emploi. Selon lui, la réorganisation du réseau de bureaux entraîne par exemple la suppression de 400 emplois en Gironde. Celle des services financiers contribuera à réduire de 25%en cinq ans le nombre de salariés au plan national.« Quant aux centres de tri, nous ne savons pas combien il y aura d’emplois. Dans la zone Aquitaine Nord, avec la construction de la plate-forme de Cestas, les actuels centres de tri de Bordeaux, Agen et Périgueux seront fermés. Au total ce sont 900 emplois qui seront « impactés » (ndlr :la Poste dément tout licenciement comme on le lira ci-contre).
Des craintes
Saïd Boudjema, remarque que la Poste se prépare à la perte du monopole de la lettre de 20 gr, et regrette que la notion de service public ne soit pas mieux respectée . « Noussommes contre la privatisation, mais il est difficile de l’empêcher. Or, les pouvoirs publics doivent veiller à ce que la qualité du service demeure la même pour tous les citoyens. Mais il est à craindre que le paysan des villages les plus reculés doive, un jour, aller chercher sa lettre ! »
Le syndicaliste s’insurge aussi contre les nouveaux métiers qui vont être demandés aux facteurs, notamment la livraison de médicaments aux personnes âgées ou dépendantes moyennant rétribution. « Le progrès doit bénéficierà l’individu et non au profit. La Poste a réalisé un résultat de 557 millions d’euros l’an passé, mais les salariésn’ont pas eu autre chose que des félicitations ! »