« La Maison de Loth »: le spectacle « provocateur » de Faizal Zeghoudi au Glob Théâtre


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« La Maison de Loth »: le spectacle « provocateur » de Faizal Zeghoudi au Glob Théâtre

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 24/01/2008 PAR Piotr Czarzasty

Ayant fréquenté la danse, le théâtre et le cinéma aux côtés d’artistes reconnus, comme: Karine Saporta, Jean-François Duroure, Luc Besson, Marcel Bluwal, Jean-Marie Perrier…), enrichi par ailleurs d’un épisode universitaire avec, notamment, un DEA de psychologie, le parcours riche et varié du danseur et chorégraphe Faizal Zeghoudi, aboutit à la fondation de sa propre compagnie artistique en 1995. Son témoignage artistique reste sensiblement ancré dans sa double origine française et algérienne. Il s’intéresse surtout à l’individu, le rapport qu’il entretient avec lui-même, son corps, et avec autrui. Il explore les différentes dimensions de sa sexualité, des désirs, et celà dans un contexte de permanente contradiction, émanant de la confrontation des approches culturelles, occidentales d’un côté et orientale de l’autre.

Une puissance virile

Quatre danseurs, formant deux couples, nous font partager, tout au long du spectacle, l’histoire intime de leurs relations. Et celà à travers une chorégraphie dynamique, violente et passionnelle, mettant en avant des rapports corps à corps allant des plus délicats et sensuels aux plus abruptes at sauvages. Cette relation n’est tout de même pas celle d’égal à égal, au moins au début. Le spectacle est très explicite là dessus en nous faisant vite comprendre lequel des les deux jouera le « dominant » et lequel devra se résigner à la soumission. Zeghoudi s’inspire ici du rôle du cheval dans le monde arabe. « Les hommes sont comme des chevaux et la Maison de Loth ressemble à une écurie. » explique l’artiste: « On s’était posé la question pourquoi l’homme se glorifie-t-il à dresser le cheval? C’est pour s’approprier sa puissance virile. Les mouvements des danseurs sont ainsi inspirés de la dynamique d’un cheval qui manifeste cette puissance. »

Sodome et Gomorrheloth

L’idée d’aborder le thème de l’homosexualité, sujet de nombreuses controverses, et ceci dans une forme qui prête aussi bien à la polémique, n’est pas venue par hasard. « Tous ces débats sur l’homoparentalité, les mariages homosexuels ont suscité beaucoup de réactions violentes, dont les insultes tournaient autour de la sodomie. » raconte le metteur en scène. C’est à ce moment là que M. Zeghoudi se tourne vers le texte du Vieux Testament. Celui-ci nous rappele que deux anges, arrivant à la maison de Loth, lui demandent son hospitalité. Les habitants, ayant apris la venue des étrangers, veulent en abuser pour assoupir leurs désirs sexuels. Pour leur protection, Loth se voit obligé de refuser l’hospitalité aux deux anges. C’est alors que Dieu décide de détruire les villes de Sodome et Gomorrhe, lieux de perversion.

Enfermer le désir

L’orgie et les danses érotiques, qu’on peut voir dans le spectacle, se déroulent donc précisément dans la maison de Loth. « Ce passage, contrairement à ce qu’on pourrait croire, parle de plaisirs qu’on peut éprouver dans cette maison. » explique M. Zeghoudi: « c’est un lieu de fantasmes, où, en toute liberté, les habitants peuvent se livrer à des activités sexuelles formellement interdites ou, dont on ne parle pas. » L’artiste veut, par cet intermédiaire, remettre en cause la l’autorité qu’exerce la société sur notre corps. « On cherche à enfermer le désir, c’est le pouvoir premier du politique. » raconte l’artiste: « …C’est une question de domination, on tend à légiférer sur notre corps; le moment, où on arrive à imposer des interdits sur le corps, ce sera la victoire du politique. » ajoute-t-il.

Tout tourne autour du sexe

D’où vient néanmoins, cet intérêt particulier pour le corps, sa sexualité? La réponse nous envoit au Maghreb. « La culture maghrébine est une culture très sexuelle; tout tourne autour du sexe. » explique le metteur en scène: « … les voiles sont pour apaiser l‘excitation permanente chez les hommes; l’homme est censé prouver sa virilité, donc la femme qu’il épouse doit être vierge, etc. » La société occidentale est pour l’artiste synonyme d’ « hypocrisie »; une société contrôlée par la religion, qui méprise le corps, et veut combattre la propre nature de celui-ci.

Malgré un accueil toujours plutôt mitigé, réservé à ses oeuvres, Faizal Zeghoudi compte bien continuer dans la même voie: « On dit que je suis provocateur; heureusement que l’artiste provoque, sinon qu’est ce que ce serait comme artiste. » nous dit-il: « Le plus grand danger pour moi, c’est de tomber dans la même forme esthétique. Je veux pouvoir remettre en cause, constamment, mes signes de représentation. »

En dehors de « La Maison de Loth », tous les interessés auront certainement encore plusieurs occasions de voir les créations de Faizal Zeghoudi au Glob Théâtre. Le metteur en scène est, en effet, devenu l’artiste associé du Glob pour les saisons 2007-2008 et 2008-2009.

Piotr Czarzasty

Infos pratiques:

Photos: Glob Théâtre

« La Maison de Loth »
Cie Faizal Zeghoudi

Du Me 23.01 au Sa 2.2.2008
Du Ma au Jeu à 20h00, Ve et Sa à 21h00
Di 27.01 à 17h00
Tarifs: 8 et 12 €

Ma 25.03 et Me 26.03 à 20h00
Faizal Zeghoudi revient au Glob pour RPA/La Revue de Presse Artistique
autour du thème de la censure.
Tarif unique: 8 €

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