La photographe landaise n’a pas eu à chercher longtemps le sujet de son dernier livre. Le courant d’Huchet, pour elle, fut avant tout « une rencontre ». Une évidence :« J’ai de l’empathie pour ce lieu. Je ne sais pas trop l’expliquer, mais j’ai trouvé sur cette parcelle des Landes, sur ce bout de l’univers, quelque chose qui me touche profondément. C’est comme une ressemblance. Un endroit où je me sens à ma place, en harmonie ». De cette harmonie, Martine Chenais a tiré un livre ponctué declichés intemporels : « je ne me suis jamais donnée aucune obligation ni de temps, ni d’un nombre de photos à faire, ni de délais, juste une évidence, le respect ».
C’est un livre auquel elle voue un amour particulier, auquel elle confie une réelle fonction, un livre « pour garder trace de tous ces instants magiques, à marcher le long des berges du Courant, à vivre à ses côtés quelques heures secrètement, presque clandestine. Pour témoigner de sa fragilité, de sa force, de ses atteintes ».
Temoignage et promenade botaniqueCar « Huchet » est avant tout un livre de témoignage. Martine s’est entourée d’Isabelle Disquay,tombée elle aussi sous le charme des lieux. La journaliste nous livre ainsi un préambule poétique : un texte « comme le rideau rouge sur le devant d’une scène. Il nous dit où nous sommes, où se situe le Courant d’Huchet, avec qui nous allons voyager, mais il ménage la surprise »souligne Martine Chenais. Au gré des pages, le témoignage se transforme en balade. Francis Faure, conservateur de la Réserve Naturelle du Courant d’Huchet propose, quant à lui, une « promenade botanique » dans un livret façon herbier d’antan.
Les Landes, terres de patience
Des terres qu’elle chérit tant, elle ne cesse le clamer la beauté. Les Landes lui inspirent « la patience » et lui dictent sa façon de travailler : « Sur ce territoire à première vue sans relief, beaucoup de lieux, d’histoires, de gens aussi m’inspirent. Mais je suis une adepte de la lenteur, j’ai un penchant naturel pour les respirations profondes. Je ne prends pas une photographie, j’attends qu’elle me soit donnée par le lieu, la personne. Les Landes nourrissent ma propension à l’attente, la patience, la ténacité, la remise en question ».
Si vous lui parlez de ses projets, Martine Chenais vous reprend sans sourciller, elle préfèrent « les idées » : celles « qui « sont dans ma tête, elles m’accompagnent, se construisent avec moi. Elles sont façonnées par mes rencontres, ma curiosité, mes inclinations naturelles. Et un jour, l’une d’elles prend plus de place, d’importance, elle s’impose ».
Et à la lecture de « Huchet », le lecteur, lui, s’impatiente et se dit qu’il ne faudrait pas que la prochaine idée de Martine tarde à s’imposer…
Photo : Martine Chenais
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