De toute la journée, aucune pièce n’a pu ni entrer ni sortir de l’usine Ford à Blanquefort. Les salariés ont bloqué les deux principaux accès à l’entreprise. A l’heure, où l’on parle beaucoup de la baisse du pouvoir d’achat, la mobilisation des salariés de Ford montre à quel point ils sont déterminés à sauver leur site. Car, le 7 janvier, ils ont eu la confirmation, de la bouche même du vice-président de Ford-Europe, Jim Tetreault, qu’il n’y aurait plus de commandes de boîtes de vitesses pour Ford Aquitaine Industries, en 2010. « Or, deux ans, cela nous laisse très peu de temps pour trouver un nouveau projet industriel » souligne Francis Wilsius, secrétaire du CE de Ford Blanquefort. Cela est d’autant plus inquiétant que du côté des comités de pilotage sur l’avenir de Ford Blanquefort, il n’y a aucune piste sérieuse. Quel que soit le projet (éoliennes, voitures hybrides…), seuls 200 emplois seraient sauvegardés. C’est pourquoi le comité d’entreprise a décidé d’abattre ses dernières cartes. Dès demain, ils solliciteront l’intervention de Nicolas Sarkozy, qui sera de passage à Bordeaux. « Ford s’est implanté ici, car, à l’époque, le patron de Ford avaient de fortes amitiés avec le maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas. Visiblement Nicolas Sarkozy est apprécié outre-atlantique, il pourrait nous aider. » souligne Francis Wilsius. Ils attendent donc que le président de la République fasse pression auprès de la direction de Ford en Europe et aux Etats-Unis. Les salariés de Ford envisagent de lui remettre en main propre, si possible, une lettre lui expliquant leur situation.
Le CE de Ford Blanquefort assigne la direction de Ford en justice
La deuxième offensive se jouera au tribunal. Jeudi dernier (le 17), le comité d’entreprise de Ford Blanquefort a assigné la direction de Ford en justice pour « entrave au comité d’entreprise, dans le cadre du droit d’alerte ». Afin de vérifier les allégations de leur direction sur la santé économique du site, le CE a demandé, comme le prévoit la loi, à ce qu’un expert, nommé par leurs soins, puisse étudier la situation économique de l’entreprise. Or, à ce jour, la direction du site n’a toujours pas délivré la lettre de mission, qui donne l’autorisation à l’expert de travailler. Sur ce dossier, la décision pourrait être rendue le 28 janvier prochain au tribunal de Bordeaux.
500 millions d’euros à payer pour dépolluer le site
Mais, il nous reste encore un vrai moyen de pression, rappelle Francis Wilsius. « Si Ford nous laisse tomber, sans avoir trouvé un autre projet industriel pour nous, la direction sera obligée de démolir le site et de le dépolluer, avant de partir. C’est la loi. Et cela leur coûtera 500 millions d’euros, selon les experts. » précise t-il. Un argument, qui pourrait bien amener la direction de Ford Europe à rechercher activement un nouveau projet industriel pour ses 1 500 salariés à Blanquefort…
Nicolas César