Henri Emmanuelli n’a pas l’air très inquiet. S’il ne veut « pas vendre la peau de l’ours », il a jugé « probable » qu’au vu des résultats de ce soir, « la majorité ne changera pas ». Pour le président sortant, en place depuis 1982, la droite a même fait une « erreur » en faisant une campagne « outrancière et caricaturale » sur « l’âge et la durée du capitaine », sans « vision ni projet » pour le département.
Comme un symbole de cette élection, l’ex-premier secrétaire du PS vient d’être réélu au premier tour dans son canton de Coteau de Chalosse par 50,77%, un chiffre toutefois en-deça de ses scores habituels. Même si elle est très largement en tête sur Mont-de-Marsan-2 (42,8% contre 33,3% au PS), Geneviève Darrieussecq, la maire Modem de la ville et chef de file de la droite et du centre, devra, elle, passer par le deuxième tour pour faire basculer le canton, qui lui semble quasi-acquis.
Match jusqu’au boutTroisième en étant présent pour la première fois dans la totalité des cantons landais, le Front national fait une percée (19%) en-dessous de ses scores nationaux, et il sera au deuxième tour dans les Grands Lacs (Biscarrosse) avec Christophe Bardin, élu dacquois, pour un duel avec la droite puisque le PS est ici éliminé. Ailleurs, le FN ne pourra nulle part se maintenir. Reste à savoir vers qui se tourneront ses électeurs au deuxième tour, et même s’ils iront voter.
« Il y aura match jusqu’au bout, c’est très incertain et très serré dans 9 cantons. Verdict dimanche prochain ! », a réagi Mme Darrieussecq qui avec son équipe Couleurs Landes veut croire à un « désir de renouvellement » après 33 ans de présidence Emmanuelli pour une future « action concertée entre élus ». Dans son entourage, on avouait toutefois avoir espérer des scores plus importants au premier tour.
« C’est jouable», pense aussi Arnaud Tauzin le jeune maire de Saint-Sever et responsable départemental UMP, qui a pour sa part été battu dans sa ville seulement un an après avoir remporté l’élection municipale, dans un canton qui pourrait pourtant basculer.
« Rien n’est acquis » même si le score est bon par rapport au national, admet de son côté Renaud Lagrave, premier fédéral du PS bien « heureux » que les Landais aient compris que c’était bien une élection locale, pas faite pour sanctionner la politique du gouvernement.
La droite (4 élus actuellement) aura bien du mal à « faire tomber le château » comme elle le souhaite, avec des réserves de voix très faibles, à moins de récupérer celles de l’extrême-droite. « Il y a un vote de rejet d’un bilan qui s’exprime par le vote FN et l’abstention, il va falloir convaincre ces gens-là au second tour, ça nous permet d’y croire », confie Julien Dubois, candidat sur Dax, devancé par le maire PS Gabriel Bellocq.
Union de la gauche?Les socialistes peuvent, eux, compter sur des réserves plus sûres avec le Front de gauche notamment (6,3%). Mais la gauche radicale est devant sur le canton du Seignanx. Et pour Alain Baché, responsable PCF landais, « si la gauche veut se rassembler sur le département il faut qu’elle se rassemble sur ce canton-là c’est très clair pour nous. A partir de là, on déclinera notre position » pour le second tour.
Côté Europe-Ecologie-Les Verts qui n’était présent que dans cinq cantons sur 15 (1,2% des voix) avec un décevant 4,5% sur Mont-de-Marsan-1, la décision d’appeler à voter ou pas pour le PS au second tour sera prise lundi après analyse des résultats.
Les responsables socialistes se réuniront de leur côté lundi soir. M. Emmanuelli a déjà annoncé que la gauche appellerait à voter pour le candidat de droite Alain Dudon face au FN dans les Grands Lacs. Pour le reste, M. Lagrave a répété que « seule l’union de la gauche a toujours permis des victoires… ». Pour peut-être dimanche prochain le succès d’un homme, Henri Emmanuelli. Seul élu au premier tour, l’intéressé s’en est d’ailleurs amusé sur France Bleu Gascogne : « Je me sens seul, il me tarde d’être entouré »…