C’est tout simplement beau, exceptionnellement, même s’il faut imaginer ce lieu lorsque son environnement sera abouti, ce qui demandera un peu de temps. Le beau tient à la singularité voulue par Philippe Raoux qui nous avait naguère enchanté avec son « Chai bleu ». Cette alliance qu’il sait créer, et promouvoir, entre le vin et l’art; lui qui est reconnu comme l’un des maîtres collectionneurs d’art contemporain.
On arrive là comme on découvre le nouveau monde, la statue de la Liberté. Ebahi, ébloui par la taille de l »Arbre du Soleil », quinze mètres d’acier, qui plante ses racines dans l’alios. Immense, élancé et indestructible, comme un défi aux tempêtes à venir, non loin des derniers pins meurtris de 1999. L’oeuvre du japonais Susumu Shingu vaut contemplation. Elle signe, dès l’abord, l’ambition absolue de Philippe Raoux: marquer son temps, associer à jamais, la force de la création artistique et la primauté mondiale du Médoc viticole. Et de ses terroirs. A l’opposé de l' »Arbre » une merveilleuse sculpture du belge Jan Fabre, l « Homme qui mesure les nuages » invite à la modestie et à la découverte à jamais insatisfaite de l’Univers. Entrer dans la cathédrale du vin qui s’offre, alors, à vous, c’est avoir l’assurance d’en sortir riche de nouveaux savoirs. Ce « Signe Oenologique », par exemple, qui propose une dégustation ludique autour de six vins, pendant une heure, avant de se connaître, enfin, et de mieux comprendre, ses irrésistibles attirances, pour le cabernet, le merlot ou la syrah… A moins qu’il ne s’agisse du pinot gris. Pour 15 euros, vous connaîtrez la mystérieuse aspiration de vos papilles et vous débattrez de la finesse de la muscadelle. Ensuite vous déjeunerez pour un rapport qualité-prix qui vous épatera et repartirez avec les bouteilles qui vous ressemblent.
J.A