L’objectif, »l’auto-suffisance alimentaire » paraît audacieux. Mais la ville de Bordeaux a compris que face à la crise écologique, il fallait en finir avec les demi-mesures. Selon Magali Fronzes, un projet de »gouvernance alimentaire » est à l’ordre du jour. A l’initiative de la ville centre, cette assemblée réunirait à l’échelle de la métropole des représentants des collectivités locales, des associations locales, des maraîchers et des distributeurs. Le but est de faire en sorte que chacun puissent accéder à « une nourriture saine, locale et de qualité près de chez lui».
En attendant que cette gouvernance alimentaire soit effective, de nombreuses initiatives soutenues par la mairie bordelaise se développent. La ZAUÉ (Zone d’Agriculture Urbaine Expérimentale) située à la Caserne Niel-Darwin est par exemple un «véritable laboratoire agricole» où une vingtaine de projets sont testés dont, par exemple, La Cave à Pleurotes. Cette champignonnière urbaine fonctionne à partir de marc de café et d’autres bio-déchets recyclés.
Solidarité et »Low Tech »
Pour Magali Fronzes, « il y a une demande sociétale profonde de nature, de retour à quelque chose de plus sain». Les projets qu’elle met en place trouve en effet »un fort écho » auprès des bordelais et des associations environnementales. Que ce soit pour les jardins partagés, le compostage ou la permaculture, «l’adhésion» et la «mobilisation» de la population sont, de toute façon, nécessaires pour éviter le fiasco. La raison d’être de toutes ces actions est aussi de «récréer du lien social». On le voit concrètement dans le projet de «jardin inter-générationnel». Du côté de Caudéran, bientôt des jeunes en recherche de jardins vont être mis en relation avec des personnes âgées qui ne sont plus capables d’en prendre soin. Une « initiative solidaire » qui pourrait se répandre dans toute la ville, en cas de succès.
La solidarité irrigue aussi le travail des Incroyables Comestibles. Cette association connue nationalement s’installe à Bordeaux. A Mériadeck, des plants de fruits et de légumes seront implantés par le collectif. Tout le monde pourra s’y servir librement. Dans le même esprit, des arbres fruitiers viendront prendre place dans les nombreux jardins publics de Bordeaux. Selon l’adjointe en charge de la nature en ville, cette politique environnementale coûte, de plus, très peu à la Mairie: « on utilise seulement une partie de l’enveloppe Proximité (qui fait au total 300 000 euros), on n’est pas dans des grands travaux, on est dans ce qu’on appelle »le Low Tech »; des initiatives surtout coûteuses en investissement humain».
Magali Fronzes le dit clairement, le but est aussi «de créer des emplois» et pas seulement de se reposer sur le tissu associatif. Alors que le monde agricole est en crise, il faut promouvoir »une agriculture urbaine » qui fasse travailler maraîchers et agriculteurs. Cela tombe bien puisque Bordeaux est propriétaire de 8 ha de terres agricoles (maraîchage) et de quelques zones humides ré-aménageables. Un appel à manifestation d’intérêt va être lancé très prochainement. Selon l’adjointe au Maire de Bordeaux, les collectivités rurales et urbaines « devront nécessairement s’entraider » pour assurer la survie et les mutations de l’agriculture française.