Les jeunes invisibles, ce sont ces jeunes qui ne sont ni scolarisés, ni en emploi, ni en formation, et qui ne bénéficient pas non plus des droits et dispositifs sociaux et d’insertion auxquels ils pourraient pourtant prétendre. Soit par méconnaissance , soit par manque de confiance. L’objectif du dispositif « In système » est de repérer ces jeunes de la manière « la plus précoce possible » pour éviter la perte de chance. « Car plus il y a d’errance chez un jeune, plus il y a perte de chance de parvenir à le raccrocher aux thématiques sociales, de logement, d’emploi, ou encore aux thématiques citoyennes. », explique Olivier Jeunot, Directeur de la Mission locale de Moorlaàs.
Un constat qui évidemment ne vaut pas que sur ce territoire majoritairement rural de Béarn. D’ailleurs, le dispositif « In Système » récompensé par l’appel à projet Plan Investissement des Compétences (PIC) du Ministère du travail, est coordonné par l’Association Régionale des Missions Locales embarquant avec elle 37 des 43 missions locales de la Nouvelle-Aquitaine. Mais s’il y a bien quelques outils et principes socles posés au niveau régional, c’est avant tout sur le territoire de chaque mission locale que les choses se jouent ; à savoir développer des actions au plus près du terrain pour repérer ces jeunes.
Lancer la dynamique
L’idée pourtant, n’est pas non plus de partir bille en tête. Olivier Jeunot et Elsa Payri-Chinanou, la coordinatrice projet pour la mission locale de Morlaàs, conçoivent volontiers « qu’il y ait un peu d’inertie au démarrage ». Car l’enjeu premier, avant même de chercher à repérer les jeunes, est d’aller à la rencontre des partenaires sur le vaste territoire de la mission locale qui compte 150 communes, sur deux communautés de communes et demie dans le Nord-Est du Béarn…
Une première rencontre était d’ailleurs organisée en ce sens mardi 25 février. Dans la salle, représentants de mairies et des communautés de communes, acteurs du monde de la jeunesse, de l’insertion, du handicap, de l’emploi… Qu’ils soient institutionnels ou associatifs, ils ont ainsi pu prendre connaissance du projet et de son ambition territoriale : « fédérer et créer un maillage territorial multisectoriel » permettant d’établir un diagnostic sur ces jeunes invisibles et en faciliter le repérage. Objectif aussi de cette présentation : lancer la dynamique et laisser la graine germer dans l’esprit des participants.
Penser en dehors des cadres et bousculer les habitudes
Mais si la volonté semble bien de penser en dehors des cadres et bousculer les habitudes de travail et de relation entre tous ces acteurs qui, en réalité, se connaissent déjà, le projet d’Olivier Jeunot et d’Elsa Payri-Chiananou est bien aussi de faire entrer dans la boucle de ce dispositif des lieux et acteurs inédits que peuvent côtoyer certains de ces jeunes. « Les comités des fêtes, les clubs ou associations sportives sont par exemple des lieux que les jeunes ont l’habitude de fréquenter dans le milieu rural », illustre la coordinatrice du projet. Contact sera donc pris avec eux, ainsi qu’avec les 150 communes du territoire de la mission locale (pour l’essentiel des villages), « pour un échange d’information mutuel et le signalement de jeunes dont ils pourraient avoir connaissance des difficultés ».
Dans le même esprit, Olivier Jeunot glisse l’idée d’une sorte de « réseau de sentinelles » à faire entrer dans le dispositif. « Bureaux de tabac, commerçants de proximité, agences postales, médecins généralistes… » sont aussi autant de lieux où positionner affiches ou cartes de visite pour que la mission locale gagne en visibilité auprès de tous et notamment du public ciblé.
Mais « le pas de côté » pour parvenir à l’objectif de repérage et de remobilisation des jeunes invisibles, c’est à elle-même que la mission locale l’impose en premier lieu. « Il faut que l’on soit vraiment pro-actif et que nous changions nos habitudes », lance son directeur. Pour ce faire plusieurs sortes d’actions sont d’ores et déjà envisagées : des actions dites « hors les murs » et « sur des temps additionnels ».
Réseaux sociaux et permanences hors les murs
« Sur les actions hors les murs, il faut y aller à fond sur la communication : utiliser les outils numériques, les réseaux sociaux, les panneaux d’affichages numériques dont se sont dôtés un certain nombre de communes. Il faut faire connaître la mission locale et rendre nos actions visibles ». Ce hors les murs, c’est aussi une présence plus importante de la structure dans le cadre de salons et de forums dédiés aux jeunes. Autrement dit, si les jeunes ne viennent pas à la mission locale, la mission locale viendra à eux… en toute bienveillance bien sûr.
Côté « temps additionnels », l’idée ici est par exemple d’agir sur les horaires d’ouverture de la mission locale. Sont ainsi imaginés « des horaires en début de soirée, de 19h à 21h, au-delà de la fermeture habituelle à 18h, ou encore le samedi matin ou après-midi », détaille Olivier Jeunot. La mission locale compte aussi se greffer sur des événements existants sur le territoire, ou bien en co-créer de nouveaux en lien avec le tissu local. Enfin dernier type d’action envisager dans ce cadre : « la création de permanence dans des lieux ou événements stratégiques, notamment en lien avec le sport qui fédère beaucoup les jeunes en milieu rural », énonce Elsa Payri-Chinanou.
Financé pour 2 ans dans le cadre du PIC, « “In système” a pour objectif le repérage de 75 jeunes invisibles a minima sur le territoire de la mission locale ». Outre une coordinatrice de projet dédiée au dispositif, la structure compte aussi embaucher un jeune en service civique, comme « ambassadeurs de la mission locale auprès des jeunes ».