Alors que de plus en plus de services publics sont dématérialisés, nombreux sont les laissés pour compte, car trop âgés, précaires, n’ayant pas accès à Internet ou maîtrisant mal le français. Comment, alors, garantir à tous un égal accès aux droits ? Comment prévenir les conflits de voisinage ? Comment préserver la sûreté des espaces publics ? C’est sur ces thèmes qu’ont planché des membres de l’association France Médiation ce mercredi à l’espace Darwin de Bordeaux, avant son Assemblée générale jeudi matin. Et c’est à ces problématiques que s’attaquent jour après jour les médiateurs sociaux.
Une interface entre particuliers et institutions
Les médiateurs sociaux sont des hommes et des femmes de terrain. Fins connaisseurs de leur quartier, ils discutent avec les habitants, au pied d’un immeuble, à la sortie de l’école, et relayent les besoins et attentes des citoyens. Il suffit parfois d’une simple présence rassurante et d’une oreille attentive. « Ce sont des tiers impartiaux, qui servent d’interface entre des particuliers, ou entre des particuliers et des institutions », précise Chantal Uytterhaegen, présidente de France Médiation. Dénouer les conflits de voisinage, épauler dans l’accès aux droits sociaux, lutter contre la violence et le décrochage à l’école, accompagner un projet de réhabilitation urbaine mais aussi garantir la tranquillité de l’espace public et des transports en commun… autant de missions qui incombent aux médiateurs sociaux. « Permettre à tous d’accéder à leurs droits et de vivre en tranquillité, restaurer le lien social », résume la présidente. Vaste et délicat programme, essentiel cependant.
« Mieux vivre ensemble, c’est un grand enjeu sociétal pour lequel nous pouvons apporter notre contribution, affirme Laurent Giraud, directeur de France Médiation. Mais pour cela, il faut du professionnalisme et de la reconnaissance ». Tel est donc le rôle de France Médiation : promouvoir la médiation sociale comme un métier à part entière, via la formation notamment. Né en 2008, ce réseau fédère 66 structures de médiation sociale, essentiellement des associations et collectivités territoriales. Un partenariat a été signé ce jeudi 26 mai avec l’Union nationale des Points Information Médiation Multiservices (PIMMS), autre dispositif de médiation.
13 000 personnes rencontrées à Bordeaux
Parmi les sept adhérents que compte France Médiation dans la région figure le Groupement d’Intérêt Public (GIP) Bordeaux Métropole Médiation. Si la médiation sociale existait à Bordeaux depuis plusieurs années, les actions menées, éparpillées, manquaient de visibilité et d’efficacité. « C’était comme vider l’océan à la petite cuillère », raconte Eléonore Bécat, sa directrice. Il y a deux ans s’est donc formé le GIP Bordeaux Métropole Médiation, autour de la municipalité, de la métropole et de bailleurs privés. « Il existe une certaine standardisation dans les rapports des pouvoirs publics aux habitants, poursuit-elle. Nous faisons le pari de l’humain ».
L’année dernière, sur cinq quartiers prioritaires de Bordeaux, dix médiateurs sont intervenus auprès de 13 000 personnes, dans 350 conflits. S’ajoute une démarche spécifique menée sur la métropole, auprès de populations d’origine roumaine et bulgare vivant dans des squats, environ 600 personnes. « Il s’agit d’enclencher les démarches pour l’ouverture de leurs droits, la scolarisation des enfants, mais aussi prendre contact avec les riverains », explique Eléonore Becat. Autre action du GIP : des marches exploratoires, effectuées dès 2014 par des femmes dans le quartier des Aubiers à Bordeaux, avec pour objectif de recueillir le point de vue de femmes sur leur environnement. Un regard souvent peu pris en compte. Les marches ont servis à établir un diagnostic des dysfonctionnements du quartier, et ont été suivies de propositions et de réunions avec les élus. « Toutes leurs revendications n’ont pas abouti, ou pas encore, souligne Eléonore Bécat, mais elles ont enfin pris la parole et elles l’ont gardée ».