UneLettre ouverte à Mme Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, publiée ce 20 novembre dans le quotidien Libération, signée notamment par Laurence Léauté-Beasley, présidente du Comité International pour la sauvegarde de Lascaux, n’était évidemment pas étrangère, hier, à Bordeaux, à la tonalité des mesures annoncées par le Directeur du patrimoine. En effet, cette lettre met clairement en cause le Comité scientifique qui, depuis 2002, assure le suivi des études et travaux à la demande des prédécesseurs de Mme Albanel. Et réclame » la mise en place d’une instance scientifique supérieure , indépendante des administrateurs en poste et ouverte au débat public ». Autant dire qu’en chargeant Marc Gauthier, Inspecteur général honoraire de l’archéologie (1) et actuel président du Comité scientifqiue de faire le point de la situation, devant la presse, le représentant de la ministre n’entendait pas changer de cheval. Quel est le dernier état des lieux? A ce jour, et c’est dèjà une bonne nouvelle, les moisissures blanches, le trop fameux »Fusarium Solani », qui étaient apparues sur les sols, les banquettes et les parois ont quasiment disparu. En revanche, ce n’est pas le cas des « taches noires » qui mettent en danger les peintures, qu’il s’agisse entre autre des flancs du cheval barbu ou de la frise des cerfs.
Retrouver un éco-système contrôlé
Un programme global de conservation a été établi en 2004 avec des recherches entreprises, en particulier, pour comprendre l’origine du phénomène de contamination microbiologiquesurvenu en 2001. L’objectif est » d’aider la cavité à retrouver un écosystème contrôlécapable de limiter les risques de rechute ». Pour Marc Gauthieret ses collègues du Comité, un phénomène semble expliquer, pour une bonne part, le développement de ces taches noires: le réchauffement climatique désormais « avéré ». Des mesures très précises depuis une vingtaine d’années dans l’environnement de la grotte le confirment. « Ce réchauffement est tel que l’équilibre interne de la grotte est altéré. » ajoute-t-il; l’apport d’un simulateur numérique permet d’étudier l’impact du réchauffement. En outre la « sanctuarisation « de l’ensemble de la colline de Lascaux qui a été décidée, d’un commun accord, entre les collectivités et l’Etat participe désormais de la protection du site, aujourd’hui encoresoumis à forte pression en période estivale, et bien que la grotte soit fermée au public depuis la décision d’André Malraux en 1963. Quand on sait que l’épaisseur du couvert végétal, au-dessus de la voûte de la grotte est de dix mètres, ce qui est très peu comparé à d’autres grottes dans le monde, beaucoup plus profondes, on comprend que Lascaux soit exposée et qu’il faiile éloigner les voitures et le piétinement considérable puisque jusqu’à 250.000 visiteurs viennent découvrir le fac-similé crée en 1983.
Trois mesures et un principe
Le Directeur du patrimoine a énoncé trois mesures et un principe qui viennent d’être décidés: un traitement localisé des taches noires, la mise en repos total de la grotte pendant trois mois dès que le traitement biocide sera achevé, la préparation d’un nouveau dispositif d’assistance climatique; enfin la volonté de transparence autour des travaux du Comité scientifique. La ministre souhaite que celui-ci continue ses missions et travaux a conclu M. Clément. Histoire de chercher à clore la polémique que d’autres scientifiques veulent poursuivre.
J.A
1.M.Gauthier fut Directeur régional des Antiquités Préhistoriques
Photos : LRMH – Octobre 2007