Alors même qu’un sondage Ifop pour Sud-Ouest et France Bleu paru ce mardi donnait la gauche gagnante aux prochaines régionales de décembre à 49% au second tour (contre 33% pour la liste de droite dirigée par Virginie Calmels et 18% pour le Front National), les choses semblent s’accélérer pour le président de la région Aquitaine. En effet, la prochaine plénière du Conseil régional, qui se tiendra le 22 juin prochain, compte bien rentrer dans le vif du sujet sur certains dossiers importants de la future grande région.
Un programme chargéSi elle n’a pas encore de nom (elle pourrait s’appeller La Nouvelle Aquitaine selon certaines sources mais un nom définitif ne devrait pas être choisi avant juillet 2016), celle qui cristallise toutes les passions ces derniers mois se voit affublée de priorités. Parmi ces grands axes, les orientations en faveur du développement des filières prioritaires (on en compte une dizaine parmi lesquelles la filière agro-alimentaire, le bois, l’aéronautique ou encore le numérique, d’autres moins évidentes comme les matériaux avancés, la chimie verte ou la filière écotechnologique), l’accompagnement des PME (20 millions d’euros financés paritairement par les trois régions pour les soutenr à l’échelle de la grande région, qui passera notamment par un appel à projet commun : Usine du Futur qui s’étale sur 18 mois), la formation professionnelle (via, entre autres, l’augmentation des nombres d’apprentis accueillis dans les CFA et un plan d’action commun pour mobiliser les entreprises, faciliter les contacts entre l’offre et la demande, promouvoir les métiers et préparer un conventionnement simultané de tous les CFA de la future région d’ici 2018).
Figurent également parmi les volets importants la transition énergétique (avec, là aussi un plan commun sur la base d’un Schéma Régional Climat Energie qui vise à augmenter de 20 à 30% l’efficacité énergétique et à réduire du même nombre l’émission de gaz à effet de serre), la mise en place d’un dispositif régional commun pour étendre la couverture du très haut débit, un coup de pouce commun aux tiers lieux , un schéma de mobilité ferroviaire et poursuite de l’action en faveur de la LGV, dont la région estime que l’offre proposée par le médiateur de la SNCF n’est pas suffisante pour la liaison entre Bordeaux et Paris. L’un des buts serait de supprimer la correspondance à Périgueux entre Bordeaux et Limoges pour diminuer le temps de parcours (entre 2h20 et 2h30 contre 3 heures aujourd’hui) entre les deux agglomérations.
Des ambitions régionalesPour Alain Rousset, les enjeux sont évidemment forts dans ces premières délibérations communes qui seront reprises dans les trois assemblées plénières d’Aquitaine, de Limousin et de Poitou-Charentes. « Il est important que dans ce regroupement, les régions qui fusionnent puissent continuer à travailler. Il faut pour cela accélérer l’harmonisation de nos actions et l’accompagnement des entreprises, mais aussi de l’écosystème. Concernant les secteurs prioritaires, dont la silver économie est le onzième, nous n’avons pas eu de difficultés particulières à les déterminer et à les rapprocher ».
Concernant les Tiers-Lieux, ils semblent être un enjeu important pour les régions, qui a d’ailleurs lancé un appel à manifestation d’intérêt (lancé en 2012 et 2013 et renouvelé en 2014 et 2015, pour un coût total de 3,15 millions d’euros) portant sur le rapport entre le numérique et le télétravail (sachant qu’il existerait aujourd’hui un million d’actifs faisant au moins 30 kilomètres par jour), qui pourrait représenter 300 tiers-lieux potentiels à l’échelle des trois régions, contre une soixantaine en Aquitaine actuellement. Autre idée abordée : celle du rapprochement des fonds de capital risque via la création d’un « fond de fonds » (la nouvelle région rassemble en effet une vingtaine de fonds, qui pourraient être regroupés à termes), avec pour but de développer une « institut de participation régionale, faute d’avoir une banque régionale ».
Focus sur les Start-upsLes start-ups ne sont pas oubliées, avec l’idée du partage d’une « plateforme aquitaine start-up qui pourrait développer une marque territoriale. On lancera d’ailleurs un évènement qui poursuivra l’initiative des InnovaDays d’Unitech, et on ouvrira un site « maison des entrepreneurs aquitains et même un « innovation cloud » où l’on concentrerait l’innovation comme on le fait actuellement pour la musique », affirme Alain Rousset.
« La France est le pays qui aide le plus les entreprises, mais mal. J’ai récemment proposé au Premier Ministre de doubler ou tripler le budget régional pour accompagner des entreprises sans fiscalité supplémentaire. En contrepartie, elles s’engageraient à doubler le nombre d’entreprises aidées, et à créer ainsi 160 000 emplois supplémentaires au lieu de l’objectif actuel de 80 000. Il faut choisir entre la décentralisation et la déconcentration ». En tout cas, au vu de ce programme, une conclusion s’impose, le chantier s’accélère pour les trois présidents, même si Alain Rousset devra tout de même confirmer son ancrage régional avant d’engager d’autres réformes et délibérations communes, certainement plus ambitieuses.