Les Suisses ne badinent pas avec la sécurité, qu’il s’agisse des camions sur les routes ou des aliments qu’ils mangent. Leur démocratie est pointilleuse; on s’est moins intéressé à leur décision de décréter un moratoire sur les aliments contenant des OGM qu’aux oukazes de la Commisssion de Bruxelles, mettant en demeure la France d’ouvrir ses portes aux semences » made in USA ». Il est vrai que la Suisse n’appartient pas à l’Union Européenne mais, comme elle est très attentive aux échanges et au prix des matières premières, on a remarqué que le Fonds « Diapason », présent sur ce marché, venait de lancer un nouvel indice basé sur les cultures non OGM. Un geste considéré comme un pari raisonné, une anticipation, sur le bel avenir des cultures conventionnelles, c’est à dire sans OGM. Les tendances semblent pourtant contraires: on estime que les surfaces plantées en OGM augmentent de 10% l’an dans le monde.
La France, elle, a choisi… de ne pas choisir, s’installant dans une parfaite hypocrisie, remettant à plus tard toute décision législative et, par voie de conséquence, encourageant les antagonismes les plus fous. Sans doute les pouvoirs publics continuent-ils de scruter les sondages qui continuent de montrer l’hostilité d’une très grande majorité de nos concitoyens (comme les autres Européens) aux cultures de plantes génétiquement modifiées. Et ce n’est pas vraiment parce que l’argument est avancé, selon lequel des techniques de génie génétique sont utilisées pour la production de médicaments, qu’ils sont prêts à changer d’avis. Se soigner ou manger ce n’est pas tout à fait la même chose. En tout cas, pour calmer l’impatience de Bruxelles et des céréaliers, le gouvernement a autorisé, au printemps, des cultures OGM en plein champ sur plusieurs sites, notamment dans le Sud Ouest. On estime ainsi à 50.000 tonnes la quantité de maïs OGM récoltée cette année et destinée, pour l’essentiel, au marché espagnol. Le maïs produit et stocké à Lugos en faisait partie.
Joël Aubert