La Foire internationale de Bordeaux, du haut de sa 96ème édition en préparation autour de l’Amérique latine, est en bonne forme. Deuxième foire de France en nombre d’exposants, troisième en fréquentation, et affichant un panier moyen par visiteur de 491€, elle brasse sur les 9 jours de sa durée, un chiffre d’affaires de 100 Millions d’euros, soit l’équivalent annuel d’un hypermarché de 12 000m2… Elle est le plus gros pôle commercial de la Région et elle génère un chiffre d’affaires de 6 M€ pour son organisateur, CEB. Mais pour autant, pas question pour la structure de s’endormir sur ses lauriers. Une stratégie de renouvellement est en marche, plus commerciale que jamais.
Mieux vaut un visiteur qui achète que deux flâneurs qui regardent
Un élan de modernisation et de renouvellement encouragé d’ailleurs au niveau national tant par le Gouvernement, à travers la voix son Ministre de l’Economie, que par l’Union Française des Métiers de l’Evènement (UFME). Car si la Foire de Bordeaux se maintient (mais sans plus accroître ses performances…), d’autres ont beaucoup souffert ces dernières années. La plupart d’entre elles ayant eu tendance « à privilégier le ludique et l’évenementiel, au détriment de ce qui est pourtant la raison même de leur existence : le commerce », analyse Thibault le Carpentier du cabinet OBSAND, spécialiste de la stratégie commerciale, et consultant pour CEB. Or, en effet, dans une foire, de tout temps et à jamais, mieux vaut un visiteur qui achète que deux flâneurs qui regardent…
Une enquête menée en 2015 par l’UFME, l’affirme « les foires sont un puissant outil de développement pour les entreprises qui exposent ». Et pour cause renchérit Thibault le Carpentier, « au travers de ses fonctions de vente, de présentation de l’offre, de relation client, de lieu d’innovation, et d’ambiance, la foire est un média de communication formidable pour les entreprises et répond aux attentes du consommateur français d’aujourd’hui qui est à la fois multiple (multiformat, multiprix, multiproduit…) et opportuniste, c’est à dire qu’il réagit à l’affectif, à l’émotion, au lien social », analyse l’expert.
« Donner un souffle de modernité à la Foire »
Fort de ces constats, CEB a pour ambition de donner « un souffle de modernité à la Foire de Bordeaux » en lui permettant de renforcer son attractivité, tant pour les exposants que pour les visiteurs. Frédéric Espugne Darse, directeur de la manifestation, a dévoilé « une stratégie en 2 phases autour de la manifestation. La première va se jouer sur les 2 ou 3 prochaines années et aura vocation à retrouver les fondamentaux marchands de la Foire, puis la seconde visera à redonner du standing à la manifestation, en reservant une grande place à l’innovation. »
Le secteur des démonstrateurs progresse de 50%
Une stratégie qui se déclinera donc dès cette édition 2016, lors de laquelle « l’offre marchande sera remise en avant dans la communication, et les secteurs historique renforcés ». En pratique, « la surface dédiée au stand sera augmentée de 5000 m2, pour une superficie commerciale totale de 68 000m2 », annonce le Directeur. Le secteur des démonstrateurs et camelots, qui savent si bien haranguer les foules, progresse de 50% ; quant au pavillon international, il se voit renforcé de 25% de surface et d’offre marchande. Face à une offre internationale qui avait tendance à « s’effriter », une nouvelle mécanique va être mise en place afin de la renouveler.
En effet, pour les 5 ans à venir, c’est un continent qui sera mis à l’honneur chaque année. Au mois de mai prochain, l’Amérique latine débarque au Parc des expositions, et avec elle une trentaine d’exposants. Parmi ceux là 20 à 30% s’intégreront ensuite au Pavillon international, une opération qui sera menée chaque année au fil des continents invités, et qui permettra sur 5 ans un renouvellement de l’offre.
Une structuration de l’offre qui passe également par un effort porté sur le secteur des métiers de l’artisanat qui outre, l’artisanat d’art depuis longtemps mis en avant, verra cette année se déployer toute les facettes de ces métiers, des services à la personnes, en passant par le bâtiment et les métiers de bouches. L’ouverture à la nouveauté se fera également sur de nombreux autres secteurs tel que le nautisme, l’éco-energie ou l’éco-consommation. Au total, 7% de la surface de la foire 2016 sera constitué par de nouvelles activités ou univers.
La carte de l’expérience et de la participation
Si l’évènementiel se veut, désormais un peu plus en retrait, les ambiances et les animations seront tout de même encore de la partie jouant davantage la carte de « l’expérience visiteur » et de la participation que de la visite muséale et passive. S’il faudra attendre le 26 avril pour découvrir le programme dans ses détails sont déjà annoncés l’exposition sensorielle « Viva América Latina », un îlot gourmand, un récréaparc, des cours de bricolage ou encore des démonstrations par des artisans…
Mettant déjà un pied dans l’innovation, le Bordeaux Geek Festival reviendra prendre ses quartiers au cœur de la Foire du 14 au 17 mai. Là aussi l’évolution est en marche car après une année 2015, très axée sur les jeux et l’animation, « l’édition 2016 va aussi se développer sur l’offre marchande, à travers les drônes ou encore la domotique », précise Frédérique Espugne Darse, qui ambitionne d’en faire, à terme, « une vitrine de l’innovation et nouvelles technologies ».
Du 14 au 22 mai au Parc des expositions, le changement est en marche donc. Avec un petit bémol tout de même, glissé par Eric Dulong, Président de CEB à propos du Salon Régional de l’Agriculture : « Le Salon n’existerait pas sans la Foire mais c’est aussi un plus important pour elle; ça nécessite donc aussi une évolution du Salon de l’Agriculture qui se fera, j’espère, au même tempo que la nôtre .» A bon entendeur…