Après le succès des JO, les 4 000 para-athlètes vont en découdre pour décrocher une médaille. En attendant le 29 août, douze flammes paralympiques portées par mille éclaireurs traversent la France pour rallier Paris le 28 août. Cinquante villes ont été sélectionnées par le Comité olympique pour faire briller cette compétition. Venant de Lourdes, l’une des flammes a achevé son parcours à Limoges. Vingt-quatre relayeurs ont eu l’honneur de la porter sur une boucle de 1,2 km parcourue à quatre reprises.
La première à s’élancer était Camille Lacote, lycéenne de Renoir de 17 ans, arbitre de football. Un moment qu’elle n’oubliera pas. « C’était incroyable d’être applaudie comme ça, vraiment magique, c’était un honneur pour moi de porter la flamme olympique s’enthousiasmait l’adolescente, c’était beaucoup d’émotion et j’ai senti les encouragements du public. Porter la flamme permet de transmettre les valeurs de l’olympisme et d’avoir un autre regard sur les personnes en situation de handicap.»
« Cela m’a replongé en 1993 »
Avant le départ, donné Place de la République à 17h30, les spectateurs ont pu s’initier à différentes disciplines comme le foot fauteuil, le rugby fauteuil, la boccia, la sarbacane, le taekwondo, la lutte, le tennis de table ou encore l’escalade.
Parmi les 24 relayeurs, tous portés par les applaudissements de milliers de spectateurs, il y avait Richard Dacoury, capitaine historique du CSP Limoges vainqueur de la Coupe d’Europe en 1993. Un basketteur qui a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire des Limougeauds heureux de le retrouver. « C’est au-delà de tout ce que j’avais pu imaginer s’enflammait-il après son relais. Porter la flamme olympique me va droit au coeur. Et dans ma ville de coeur à Limoges, c‘est un facteur démultiplicateur de voir toute cette foule vous accueillir avec autant d’amour. C’est très émouvant et je les remercie. »
Un moment d’autant plus intense pour l’ancien joueur qui avait déjà vécu cette ferveur lors du sacre européen du CSP, premier club français à décrocher ce titre tous sports confondus. « Au travers de moi, ce sont les valeurs de l’olympisme qu’on acclamait, des valeurs de paix, d’humanité et de fraternité, cela m’a touché au plus haut point. Cela m’a replongé en 1993 ; de la même manière, on avait parcouru les rues de Limoges avec ces limougeauds qui étaient aussi chaleureux qu’aujourd’hui. »
Après avoir été consultant en basket pour les Jeux Olympiques, il va suivre plusieurs épreuves à titre personnel. « En para-triathlon, je vais suivre Alexis Hanquinquant, le canoë aussi avec Nélia Barbosa, la natation et j‘espère découvrir des sports que je ne connais pas comme le rugby fauteuil. Je souhaite que ces Jeux soient le digne prolongement des JO qui ont été un formidable succès. »
« On s’entraîne dur pour y arriver »
Triple médaillé olympique en tennis de table, le limougeaud Jean-François Ducay a lui aussi porté la flamme. Depuis plusieurs saisons, il a troqué sa raquette contre un ballon pour jouer dans la section rugby fauteuil de l’USAL à Limoges. Licencié à la section handisport de Pana-loisirs depuis 25 ans, il était très honoré d’avoir été choisi.
« J’attends le même engouement que pour les JO pour que ce soit dans la continuité et qu’on nous considère comme des sportifs espère-t-il, on s’entraîne dur pour y arriver, pour ramener une médaille. » L’ancien pongiste international était présent aux JO de Paris pour assister aux matches des frères Lebrun qu’il ne connaissait pas. Il suivra avec attention les résultats de l’équipe de France de tennis de table mais aussi le rugby fauteuil et la boccia, discipline à mi-chemin entre la pétanque et le curling. Il espère que la France fera le plein de médailles. « Aux deniers Jeux de Tokyo, la France avait fini 12ème rappelle-t-il, ce serait bien de rentrer dans les meilleures nations, il y a moyen de faire 8ème. »
Médaillé aux Jeux en tennis de table, le Jonzacais Gérard Masson, président d’honneur du Comité paralympique et sportif français, a de nouveau porté la flamme après celle des Jeux de Londres en 2012. « La différence c’est du bonheur, c’est plus une richesse qu’autre chose assure-t-il, avec ces Jeux, l’image peut changer et aussi parce qu’on en parle. Les personnes en situation de handicap peuvent devenir citoyens et c’est à elles de dire « vous nous avez applaudi à Limoges, est-ce que demain vous allez nous applaudir à la mairie? ». C’est à nous aussi d’aller au devant des personnes valides pour s’expliquer et apporter de la compréhension. Si je n’avais pas été en fauteuil, je pense que je ne me serais pas intéressé aux personnes en fauteuil. Notre richesse est d’aller de l’avant.»
Dernier éclaireur, Romain Massinon âgé de 16 ans pratique le judo depuis ses 4 ans à la J.A. Isle Bosmie. Membre du pôle espoir de Limoges, il a eu l’honneur d’allumer le chaudron olympique à 19h15 devant la foule massée sur la place de la République. Un jeune sportif qui a parfois l’occasion de combattre contre Cyril Jonard, judoka natif d’Eymoutiers médaillé d’or aux Jeux Paralympiques d’Athènes en 2004 et médaillé d’argent à Pékin en 2008. A 48 ans, le sportif atteint du syndrome d’Usher, maladie génétique qui entraîne une perte d’audition et de la vue, n’a qu’un objectif : ramener la médaille d’or.
« Ce sera une fois dans notre vie »
Parmi les milliers de personnes venues voir la flamme, il y avait Julien, Faustine et leurs filles Alice et Ninon, une famille d’Aixe-sur-Vienne. « Nous rentrons de vacances à Paris, on est descendu du train à 16 h pour venir voir la flamme paralympique précise le père, c’est un joli symbole. » Une journée qu’ils avaient noté sur le calendrier de vacances. « C’est unique, ce sera une fois dans notre ville et peut-être une fois dans notre vie » ajoute son épouse. Arbitre de rugby, Julien a suivi à la télévision les exploits des athlètes français et compte sur les limougeauds sélectionnés pour ramener des médailles. « Il y a bien sûr Cyril Jonard, j’ai fait un peu de judo, j’espère qu’il remportera une deuxième médaille d’or lance-t-il, les nageurs sont aussi venus s’entraîner à Limoges. Et aux JO, on voit des sports qu’on n’a pas l’habitude de voir. »
En attendant le début des épreuves, jeudi, cette journée a été un succès dépassant les prévisions. « On attendait 10 000 spectateurs mais il y a vraiment un monde fou constatait Sarah Gentil, adjointe à la Ville de Limoges, les gens sont venus depuis 10 h pour les animations puis la foule est arrivée d’un coup pour le relais. C’est une réussite, l‘ambiance est familiale et bon enfant, tout le monde est heureux. Si les JO de Paris n’avaient pas été réussis, les Paralympiques n’auraient pas eu autant de succès. La France a embelli son image à l’international.» Gageons que les para-athlètes devraient eux aussi connaître le même engouement.