Sur le marché de Périgueux, ils étaient mercredi dernier trois présidents ou anciens présidents à souffler les 90 bougies, marquant le 90 e anniversaire de la création des chambres de Métiers. Michel Dezou, l’ancien boulanger, Alain Bernazeau, l’ancien maçon et Patrick Meynier, artisan peintre, élu depuis octobre 2010 et dont le mandat court jusqu’à l’automne 2016, se sont retrouvés réunis pour l’occasion. Michel Dezou fut l’homme du développement d’une stratégie de communication externe. « J’ai surtout vu arriver l’informatisation au niveau de la Chambre et chez les artisans. Ce fut aussi la grande époque du minitel. » L’ancien bouianger est l’un des instigateurs, avec à l’époque Jean-Pierre Raynaud et Jean-Pierre Conte, de la création du Pôle interconsulaire qui réunit les chambres de Commerce, d’Agriculture et de l’Artisanat. C’est au cours du mandat de Michel Dezou, que fut créé le groupement d’employeurs en 2004. Il compte aujourd’hui 32 salariés dont la moitié en CDI à temps plein.
Premier pôle interconsulaire de France Alain Bernazeau lui succède en mars 2005. Son mandat sera marqué par la concrétisation du premier pôle interconsulaire en France, réunissant la chambre de Commerce, d’Agriculture et celle de l’artisat. « Avec mon équipe et les agents, nous avons beaucoup travaillé avec les organisations professionnelles. Nous avons développé les rencontres sur le terrain. Nous avons organisé une vingtaine de réunions permettant aux élus de rencontrer les artisans présents sur leur commune. » La fin du mandat d’Alain Bernazeau marque une nouvelle étape : la construction d’une nouvelle chambre fusionnée avec celle de la Gironde et du Lot-et-Garonne. Fin 2010, le nombre d’entreprises artisanales en Dordogne atteint 8 700 et 13 000 emplois. Ce chiffre va progresser malgré le contexte économique tendu.
10 600 entreprises artisanalesDepuis octobre 2010, Patrick Meynier préside la section Dordogne de la chambre régionale des Métiers. Il va se faire connaître par sa mobilisation contre le statut d’auto entrepreneur, mis en place en 2009. « Aujourd’hui, grâce à la loi Pinel et à la mobilisation de la profession, le statut est plus réglementé et impose les mêmes contraintes de qualification pour s’installer dans le métier. » Il est aussi investi sur le dossier de l’apprentissage. Actuellement, la Dordogne compte 10 607 entreprises artisanales dont 2406 en micro entreprises, soit 22,6 % des entreprises immatriculées au répertoire des métiers. Depuis le début de l’année, le nombre d’artisans est en progression. « Le secteur artisanal représente 25126 actifs, soit 51 % de la population active ayant un emploi (hors secteur non marchand. Une entreprise sur trois est artisanale. Les artisans génèrent 2,4 millards de chiffre d’affaires. » Autre critère de satisfaction, le nombre d’apprentis au CFA de la chambre de Métiers enregistre une légère progression. « Le gros point négatif, c’est le secteur du bâtiment qui continue à souffrir économiquement et pour lequel la reprise n’est pas là. Le CFA du bâtiment enregistre une diminue de 200 apprentis. Le batiment représente tout de même 50 % des entreprises artisanales, poursuit Patrick Meynier. Malgré la crise, le tissu artisanal très présent en Dordogne ne diminue pas : en Dordogne, il y a un artisan pour 41 habitants, une densité bien supérieure au niveau national (un artisan pour 75 habitants).
Assurer l’avenir et s’adapter Actuellement, plusieurs chantiers sont amorcés ou en voie de réalisation. Le plus gros dossier est celui le futur Campus des Métiers à Boulazac, en parteneriat avec la CCI, l’Etat, le Grand Périgueux, le Conseil régional et le Conseil départemental. Le campus des métiers de Boulazac sera effectif dans son ensemble à l’horizon 2018. Le projet comprenant un volet pédagogique et un volet hébergement avance avec notamment la construction prochaine d’une résidence mixte. Les apprentis de la chambre de Métiers et ceux, tout comme les lycéens de la chambre de commerce et d’industrie de la Dordogne auront, à l’horizon 2018, un véritable campus à leur disposition avec des structures d’hébergement. « Le deuxième gros chantier, qui a débuté, est l’intégration du numérique pour optimiser la performance des entreprises artisanales. Nous débutons les sessions de formations, dès le début janvier. Aujourd’hui, les artisans ont recours de plus en plus souvent à la tablette et aux réseaux sociaux. » Le recours au numérique apparait plus que jamais comme une condition pour assurer le développement économique de ces TPE, très présentes en milieu rural.