Le non-lieu « psychiatrique » prononcé en première instance, en faveur de Romain Dupuy, le 28 août dernier, est donc confirmé. C’est une profonde déception pour les familles des victimes, qui réclamaient un procès « pour faire leur deuil ». « Pour les familles, c’est comme s’il n’avait rien fait, c’est extrêmement difficile à vivre » souligne Me Yves Darmendrail. « Il va être remis entre les mains des médecins, mais peut-être vont-ils considérer dans deux ans qu’il est guéri et peut donc faire l’objet de permissions de sortie. Est-ce qu’il ne va pas à ce moment là se remettre à fumer du cannabis, est-ce qu’il ne va pas de nouveau commettre un crime ? » s’interroge cet avocat d’une des familles de victimes.
« Des extraterrestres »
Lors d’une audience publique à la mi-novembre, Romain Dupuy, atteint depuis des années de schizophrénie,était venu expliquer à la barre ses meurtres. « J’ai pris l’infirmière pour un mort-vivant» avait raconté le jeune homme à l’audience, parlant aussi d’«extraterrestres»… Sur la quinzaine d’experts, un seul, le docteur Jean-Claude Chanseau, le premier à l’avoir examiné après son arrestation, avait estimé que le discernement de Romain Dupuy au moment des faits avait été seulement altéré, ce qui ouvrait la voie à un renvoi devant une cour d’assises.
Le débat sur l’irresponsabilité pénale est ouvert
Cette décision intervient au moment, où un débat s’est engagé en France, à
l’initiative du président de la République, sur une évolution de la législation, relative à la responsabilité pénale des malades mentaux. Nicolas Sarkozy s’est personnellement impliqué dans ce dossier. Fin août, il a rencontré les familles des victimes. Il s’est alors dit prêt à légiférer pour permettre de traduire devant les tribunaux l’auteur d’un crime même s’il est déclaré irresponsable. « En tant que chef de l’Etat, je dois veiller à ce que les victimes aient le droit à un procès », avait déclaré le chef de l’Etat. Un projet de loi visant à permettre la comparution devant les juridictions correctionnelles et criminelles des malades mentaux a été transmis au Conseil d’Etat en novembre.
Nicolas César