Ces chiffres sont le fruit d’un travail de terrain très méthodique. Un rapport établi par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) indique que 901 indices de présence d’ours ont été confirmés en 2015 sur le versant français du massif montagneux.
Le plus souvent il s’agit de poils retrouvés sur des écorces d’arbre, mais aussi de photos et de vidéos révélant passage d’un animal, d’empreintes relevées sur le sol ou de témoignages apportés par des chasseurs ou des randonneurs.
Sans oublier un élément précieux : les crottes d’ours qu’un chien spécialement dressé repère à terre. L’intéressé s’appelle Iris. C’est un berger belge malinois. Il se couche et aboie dès qu’il a trouvé une trace et il est redoutable. Depuis que l’équipe ours de l’ONCFS fait appel à ses services, Iris a permis de retrouver six fois plus de ces indices particuliers que par le passé.
Autre preuve de la présence du plantigrade : les attaques dont sont victimes certains troupeaux. L’année dernière, 88 morts d’ovins dues à l’ours ont été confirmées, pour 148 animaux blessés. Ce bilan est en baisse de 31% par rapport à 2014. A noter, pour être complet, qu’il a aussi concerné… 5 ruches.
L’ouest en manqueVoilà pour la méthode. Reste le constat. « A l’ouest, rien de nouveau » déplore Adet-Pays de l’ours en commentant ce travail. Dans le haut-Béarn, le grand mâle Néré, qui parait se cantonner essentiellement aux vallées d’Aspe et d’Ossau, continue à traîner sa solitude. Quant à Cannellito, le fils de l’ourse Cannelle tuée en 2004 par un chasseur des Pyrénées-Atlantiques, il fréquente tout aussi isolé un territoire de près de 1 100 kilomètres carrés allant jusqu’au département voisin.
« Ces deux mâles attendent que les autorités, françaises ou espagnoles, daignent se pencher sur leur sort et leur lâcher quelques femelles. Elles ne viendront pas toutes seules ! » commentent les partisans de la réintroduction.
De nouveaux reproducteurs au centreLa situation des Pyrénées centrales est tout autre. Sur les 27 ours que l’on y a repérés, 14 sont des femelles et 9 sont des mâles adultes. Le sexe de 4 oursons n’a, par contre, pas pu être déterminé.
Aucun cas de mortalité n’a été constaté l’année dernière. Même si deux oursons, présents en 2014, n’ont pas été détectés en 2015 et « ne peuvent pas encore être considérés comme disparus ».
D’une manière générale, cette population relativement jeune où de nouveaux reproducteurs ont été dénombrés « poursuit son extension régulière, essentiellement sur le versant espagnol » note le rapport rédigé par l’ONCFS.
Les femelles et leurs petits plus discretsCelui-ci parle également d’une « bonne dynamique » car le nombre de femelles suitées a tendance à s’accroître. En 2016, leur nombre est estimé au moins à 7, voire à 10 individus. Sachant que, compte-tenu que l’augmentation du nombre de mâles adultes, toujours susceptibles de s’en prendre aux oursons, les femelles et leurs petits se font plus discrets et deviennent donc plus difficiles à repérer.
Bref, au moment où l’on s’apprête à célébrer les vingt ans des premiers lâchers d’ours en France, les perspectives de reproduction affichées par les Pyrénées centrales semblent correctes.
En mai prochain, les Catalans, doivent pour leur part lâcher un nouveau mâle en montagne. « Il pourrait participer à la reproduction dès ce printemps et apporter ainsi un peu de sang neuf » se réjouit Adet-Pays de l’ours.
Le rapport du réseau ours brun : http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Reseau_Ours_Brun_2015.pdf