Pour la première fois au monde une équipe de chercheurs-ceux de l’Université de Caen dirigés par Gilles-Eric Séralini- met en évidence les effets néfastes de l’herbicide Roundup, dont la matière active est le glyphosate, sur les cellules embryonnaires humaines. Roundup, une spécialité de la firme Monsanto, qui est proposée dans le commerce selon des versions destinées aux agriculteurs ou aux jardiniers amateurs, est l’herbicide le plus utilisé au monde. L’équipe du professeur Séralini, dont les travaux sont soutenus par la Fondation pour une Terre Humaine, la Fondation Denis Guichard, et le Conseil Régional de Basse-Normandie, avait déjà mis en évidence en 2005 ses incidences sur les cellules provenant du placenta. Les travaux effectués l’ont été sur des « cellules embryonnaires issues de lignées cultivées en laboratoire, ce qui a évité toute destruction d’embryon ».
Les adjuvants dans le collimateur
Les résultats de ces recherches sont publié, en avant-première, sur le site Internet de la revue » Archives of Environnemental Contamition and Toxicology » dirigée par le Dr Doerge de la » Food and Drug Adminsitration » américaine. Selon G-E Séralini ils montrent que « les actions délétères du Roundup sont relevées à partir de doses très faibles -le produit vendu en magasin est dilué 10 000 fois- et elles sont confirmées, en particulier, au niveau de la perturbation des hormones sexuelles à des doses non toxiques, notamment avec des extraits de placenta frais. Ces doses correspondent aux doses discutées pour être autorisées dans certains OGM tolérants aux Etats-Unis ». Pour le chercheur de l’Université de Caen, qui a répondu aux questions d’Aqui, « cela pourrait peut-être expliquer des cas de fausses couches chez les agricultrices, notamment au Canada. Gilles-Eric Séralini précise que les recherches menées permettent d’établir « que les adjuvants utilisés pour rendre le glyphosate pénétrant et plus efficace sont plus nocifs que chacun des produits séparés ». « Or, ajoute-t-il, c’est surtout le glyphosate qui est étudié et moins le Roundup, et ce qu’on appelle à tort les « diluants » (des adjuvants) sont trop peu pris en compte. Ces travaux, ajoute-t-il, font ressortir les lacunes de la règlementation européenne sur l’étude des mélanges et des perturbateurs hormonaux. Ils permettront peut-être de mieux comprendre les problèmes de fausses-couches, de naissance de prématurés, ou de malformations sexuelles chez les bébés, entre autre chez les agriculteurs ».
Monsanto, sollicité par nos soins, n’avait pas fait connaître sa position à l’heure de la mise en ligne de notre article.
Gilbert Garrouty