C’est une initiative qui, depuis la loi Alur, a tendance à se multiplier. Un projet d’habitat participatif pourrait prochainement voir le jour à Bordeaux. Proposé par le COL (Comité ouvrier du logement), le projet serait constitué d’une vingtaine de logements en accession sociale à la propriété ou PSLA (Prêt Social Location Accession, c’est à dire le même mode d’accession que le récent projet de logements sociaux de Bruges). Moins chers que les prix du marché (1850 euros du mètre carré environ, contre 3000 euros pour les prix moyens dans le secteur) et accessibles à des foyers gagnant entre 1 et 3 SMIC (jusqu’à 5 pour des familles avec enfants), le projet se fonde sur l’entente des futurs acquéreurs, réunis autour de réunions publiques (une toutes les deux semaines, ce qui rallonge le processus de construction d’environ 8 mois) avec le soutien de l’AERA (Action études et recherches sur l’architecture), association qui promeut ce type d’habitat. Enfin, ce sont les futurs acquéreurs eux-même, en accord avec un architecte, qui définissent l’agencement de leur futur logement !
Une idée pour renforcer les liensComme l’explique Imed Robbana, directeur général du COL, « notre modèle fait appel au peuple. Au départ, le groupe ne se connaît pas. Puis il se forme, il se solidifie. Le projet est fait par les habitants. Le but, c’est de développer du lien social avant même que le bâtiment ne soit construit, pour éviter des conflits comme c’est souvent le cas dans des types de logements classiques ». « Tous les risques sont pris par le COL, nous avons un rôle protecteur, contrairement aux autres types d’habitats participatifs. Bien sûr, nous sommes là pour les épauler, leur éviter des éventuels surcoûts infinançables. Mais contrairement au logement social, au départ la feuille est blanche », souligne à son tour Bertrand Bouru, président du comité.
Une idée qui séduit notamment un certain nombre de personnes agées, rassurées et moins isolées. L’organisation fonctionne sur une mise en commun des services : chacun propose des idées, notamment la garde d’enfants, le co-voiturage… le tout dans un dispositif d’entraide et de développement du lien entre les personnes. « C’est une solution qui marche très bien pour le maintien à domicile », s’étonne Bertrand Bourru. Ainsi, les urbanistes définissent des critères de base, et chacun propose ensuite son propre plan de logement, chaque foyer comptant pour une voix lors de la création du syndic (qui peut être soit proposé par un opérateur, soit formé à titre bénévole).
Un besoin croissantEt le COL n’en est pas à son coût d’essai : ce comité crée dans le Pays Basque il y a 60 ans, a déjà développé d’autres projets de ce type. Parmi eux, un parc similaire de 46 logements à Bayonne au sein de l’écoquartier du Séqué. Sur les 46, 85% sont déjà commercialisés et 45% restent à des prix compétitifs. Le parc, dont la livraison est prévue pour fin 2016, bénéficiera d’une buanderie commune, d’un atelier de bricolage, de jardins partagés ou encore d’une salle polyvalente. Un troisième plan de 36 logements, dont les travaux débuteront en juin 2016, doit être livré en 2017 à Bilière.
« Ca répond essentiellement à des besoins », confie le directeur du COL. Autre particularité de ce système : le logement sera ensuite livré clé en main et entièrement fonctionnel, sans autres travaux à effectuer ni installation d’électricité (entre autres). En moyenne, le prix de ces logements est inférieur de 30% aux prix habituels. Et ils se multiplient en France : on en comptait 231 en 2011 et déjà 416 en 2013. Les multiples garanties et l’accompagnement du COL vont sans doute aider à mettre Bordeaux dans le mouvement. La première réunion sera publique, ouverte à tous. Elle est prévue le 19 mars prochain au centre d’animation Queyries, sur la rive droite, à 18h30. Plus d’infos : http://www.lecol-bordeaux.com/