Les Aubiers, le Parc des Jalles, Ginko, les Bassins à flot, le secteur de la Jallère… Tous ces quartiers font partie de Bordeaux-nord, zone en pleine mutation à la fois au niveau de l’urbain et de la mobilité. Ces changements ont été le théâtre d’échanges depuis décembre 2014, date à laquelle ont eu lieu les premières « rencontres de Bordeaux Nord », journées d’échanges entre habitants des quartiers, chefs d’entreprises, acteurs associatifs et économiques et élus. Ce rendez-vous vient de réaliser sa deuxième édition ce jeudi 24 mars au Palais des Congrès de Bordeaux Lac, via des débats par quartier et un thème centré autour des déplacements urbains.
Un territoire en devenir
Un rendez-vous présenté par Michel Duchène, vice-président de Bordeaux Métropole. « Bordeaux Nord est un territoire métropolitain en devenir, et il faut faire dialoguer les acteurs du secteur face à ces mutations », a notamment affirmé l’élu. « Beaucoup de projets ont vu le jour comme le tramway, le nouveau stade, la Cité du Vin, Ginko qui en est à sa phase finale et d’autres nous attendent comme le réaménagement de la rue Lucien Faure, l’étude en cours sur les berges du lac ou la réhabilitation du Parc des Expos (chiffrée à environ 33 millions d’euros d’ici le dernier trimestre 2018 et qui concerne majoritairement le Hall 2. L’appel d’offre a été lancé la semaine dernière). Il faut que le Lac soit voulu comme le cœur de ce territoire urbain diversifié ».
Une zone pas assez exploitée ?
Cette journée de débats était l’occasion d’aborder les enjeux futurs de certains quartiers de la zone, comme le parc des Jalles dont plus de 90% des 44 000 hectares appartiennent encore au domaine privé. « C’est un enjeu très fort que de favoriser sa découverte, il y a des actions au service de la métropole à déclencher », a notamment affirmé David Maudiquet de l’agence Base qui a réalisé dernièrement une étude sur la valorisation du Parc. Agathe Turmel, de l’agence Volga, a également révélé la mise en place d’une nouvelle étude (qui devrait durer cinq mois) qui sera un « relevé des usages existants pour déterminer un projet urbain » dans le secteur du Lac. Elle fera notamment intervenir des sociologues et des chercheurs, et devrait faire office de plan-guide. Éric Dulong, Président de CEB (Congrès et Expositions de Bordeaux) en a profité pour dénoncer : « Aujourd’hui, la zone du Lac, on l’exploite mal ou plus du tout. Il y a un problème de réglementation, de sécurité, de normes environnementales. Mais on a quand même quelques projets, son utilisation par Vinexpo en juin dernier via une allée restauration n’était qu’une première étape ».
Elle était aussi, en dehors des chiffres, une manière pour les responsables et les habitants de débattre sur des thèmes très présents dans l’actualité, comme la transformation du quartier des Bassins à Flot. Pour Nicolas Michelin, de l’agence ANMA, « ce serait une grave erreur si on en faisait uniquement une zone d’activités. On y verra des maisons, des petites tours, du logement collectif… des clairières. L’appétence des promoteurs va parfois plus vite que les études », a-t-il déclaré, un brin craintif. Pour François Cornuz, président de Domofrance, il ne faut pas aller trop vite, « il faut temporiser les effets d’aubaine. La temporalité des projets n’est pas immédiate ». « On ne peut pas parler d’urbanisme de Bordeaux Nord sans trouver de lien entre les quartiers et ses différents habitants. On commence d’ailleurs à voir une connexion entre les Aubiers et Ginko », a constaté Elizabeth Touton, adjointe au maire de Bordeaux.
Intégration et mobilité
L’intégration, c’est tout l’enjeu aussi, en tout cas officiellement, de la future Plaine des Sports. Pour Christophe Gautié, de l’agence Flint, c’est avant tout le souci d’intégrer à un projet global un quartier « que l’on voit au départ comme un problème. Cela se fait par un ensemble d’actions ajoutées les unes aux autres, qui devraient faire d’un territoire qui n’est pas vraiment investi un véritable support pour des activités sportives ». A ce titre, un futur gymnase devrait d’ailleurs voir le jour à la lisière des Aubiers et de Ginko, et un partenariat actif avec Décathlon devrait être entamé prochainement.
Avec une nouvelle bretelle d’autoroute en 2018 et la nouvelle mise à 2×3 voies de la rocade qui est quasiment opérationnelle et la multiplication des projets de Bus à Haut Niveau de Service, le domaine des transports dans cette zone a été aussi l’un des éléments majeurs du débat, puisqu’elle connaît depuis plusieurs années, et malgré l’arrivée du tram, d’importants engorgements. Et ce n’est pas les galériens qui ont pris les transports en commun les soirs de grand matchs au nouveau stade qui diront le contraire. »Il reste encore des progrès à faire », confie Nicolas Fontaine, directeur du pôle mobilités au sein de Bordeaux Métropole. « Le temps de déplacement pour les entreprises est un facteur essentiel de développement. Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises ont choisi d’autres implantations. Certains services comme la Caisse d’Épargne ont choisi de déménager, soit vers d’autres quartiers sont en dehors de la Métropole », a dénoncé pour sa part Christian Maistriaux, président du Club des Entrepreneurs de Bordeaux Nord.
Une envie de résultats
Sans être trop exhaustifs, soulignons également que plusieurs tables rondes se sont tenues dans la même journée, autour de l’aménagement, du loisir, de l’habitat et de la relation entre les déplacements et l’entreprenariat. Le résultat de ces échanges, restitué par Alain Juppé, ont mené à plusieurs pistes de réflexion ayant fait ressortir des idées fortes de la part des habitants. On peut notamment citer une volonté de mutualisation sportive autour du stade Matmut Atlantique, des besoins en santé, écoles, espaces verts, restaurants et autres points culturels comme une médiathèque, une idée de port sur le Lac mais surtout des logements adaptables avec des services collectifs.
« C’est un vaste territoire et un enjeu majeur pour la métropole car il est un peu partout et nulle-part et ne ressemble à aucun autre », a ainsi souligné le maire de Bordeaux, qui a partagé la volonté des acteurs présents de ne pas trop se précipiter : « la spontanéité a ses mérites mais aussi ses inconvénients ». Quant au nom final de ce quartier, une urne était présente tout au long de la journée et permettait au public de poster des idées. Sur les quelques papiers dévoilés, un nom apparaît plus souvent que les autres. Bordeaux Nord, futur quartier « Bordeaux Maritime » ? A l’avenir de trancher.