L’art contemporain fait le mur à Bordeaux


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L'art contemporain fait le mur à Bordeaux

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 17/12/2007 PAR Joël AUBERT

Les habitants du quartier Saint-Nicolas sont vernis. Ils n’ont pas besoin de se rendre jusqu’au CAPC, niché rue Ferrère, pour admirer des œuvres contemporaines. Véritable toile de béton, le mur d’une ancienne cordonnerie, aujourd’hui propriété de la mairie, les initie chaque jour aux arcanes de cet art parfois décrié et souvent méconnu. « Au départ, il y a trois ans, explique Franck Eon, professeur de peinture aux Beaux-Arts de Bordeaux, ce mur évolutif faisait office d’exercice pédagogique pour les élèves de première année, autour de l’idée d’abstraction ». Depuis, les choses ont évolué, justement. Œuvres et artistes se sont succédé environ tous les trois mois, et le mur est toujours là, sans cesse repeint.

« Réveiller les riverains »

A l’initiative du projet, les associations Cadrêve et Rêved’art. « Si Cadrêve est centrée sur le quartier Saint-Nicolas, Rêved’art est ouverte sur la ville entière, et même sur la CUB », déclare leur président, Stéphane Domecq. Son objectif est double : promotion en milieu urbain d’un art contemporain à la portée de tous, et revalorisation de ce cadre de vie : « il faut réveiller les riverains, trop souvent préoccupés par les crottes de chien devant chez eux ». Les déjections canines orneraient-elles les artères bordelaises plus que les toiles de maîtres ?
Claude, jogger quasi-quotidien du quartier, ne dort pas, lui. « C’est bien, ça égaye nos rues. Bravo mademoiselle », sourit-il face à l’artiste et son œuvre, le temps d’une courte pause dans sa course matinale.


Le mur peint de Bordeaux et son auteur



Rose candide

Sophia Ajdir, apparemment peu accoutumée à l’éloge, en rosirait presque. « J’avais déjà assisté des artistes à la renommée internationale, comme Loïc Raguénès ou Stéphane Dafflon, dans la mise en place de leurs expositions, mais là, c’est ma première vraie production personnelle », annonce la jeune femme du haut de ses 21 ans. Originaire de Casablanca, elle arrive à Paris à 17 ans, puis passe avec succès le concours d’entrée aux Beaux-Arts de Bordeaux, où elle étudie depuis trois ans. « J’ai appris à peindre avant de savoir lire. La peinture c’est ma passion, la peinture c’est toute ma vie », dit-elle sans lâcher son pinceau uneseconde. La nature chaleureuse et exaltée de l’artiste tranche sur la froide rigueur de l’œuvre. Tout est calculé au centimètre près sur le mur de sept mètres sur trois. D’un fond d’une blancheur nette se détachent quelques rectangles colorés, aux angles strictement droits, reliés entre eux comme un organigramme géant et mystérieux. « Ça claque », lâche Sophia, visiblement ravie. « Je suis influencée par une esthétique minimaliste », explique-t-elle.
Yvette, honorable septuagénaire du quartier, promène son caniche, et s’arrête, attentive à l’œuvre naissante : « c’est charmant, vraiment. Bien plus joli que tous leurs tags affreux qu’on voit partout ». Qui a dit que les gens n’aimaient pas l’art contemporain ?


Léo Peresson
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