Lutter contre les stéréotypes et les préjugés, en voilà une approche intéressante, pour « débusquer » les secteurs d’emploi cachés de la métropole bordelaise. C’est en tout cas, l’angle d’attaque choisi par l’Association pour le Développement des Stratégies d’Insertion (ADSI) de Technowest auprès des demandeurs d’emplois de son territoire, à savoir l’ouest de la métropole et plus particulièrement les communes de Blanquefort, Bruges, Eysines, Le Haillan, Le Taillan-Médoc, Ludon-Médoc, Martignas sur Jalle, Mérignac et Saint Jean d’Illac.
Des communes qui, selon Carmen Legay, la directrice de l’ADSI Technowest « tombent sous le coup de préjugés forts en terme de bassin d’emplois ». Elle s’explique : « Le secteur de Mérignac et des communes voisines est considéré comme très industriel et très spécialisé « aéro ». Notre but à travers une des dimensions du programme « stéréotypes et préjugés », c’est de montrer aux demandeurs d’emplois que l’on accompagne, qu’il existe près de chez eux d’autres activités auxquels ils n’auraient sans doute pas penser comme le maraîchage, l’élevage, la viticulture et dans lesquels il y a des gisements d’emplois relativement importants ».
Accompagner sur la formation et, mieux encore, sur la qualification agricole
Selon Bruno Meunier, responsable du réseau de l’Association Départementale pour l’Emploi et la Formation Agricole (ADEFA), ce sont 1000 emplois agricoles au niveau girondin qui ne sont pas pourvus. Une demande également ressentie par les acteurs de l’emploi et de l’insertion de l’ouest métropolitains assure Carmen Legay, qui cite en exemple « le métier de conducteurs d’engins agricoles, très demandé sur les exploitations, et qui convient aussi bien à un homme qu’à une femme ». Encore un préjugé que l’ADSI tient à faire sauter, comme tous ceux, et ils sont nombreux, qui touchent aux métiers agricoles. Mais au-delà de la mobilisation autour de l’image et de l’information sur les métiers agricoles dont se charge notamment l’ADEFA, il s’agit aussi d’accompagner sur la formation et mieux encore sur la qualification. Car on ne s’improvise pas ouvrier maraîcher, chauffeur agricole ou encore agent viticole, des formations qualifiantes sont nécessaires, un autre préjugé tombe. Bien sûr il y a pour ça les lycées agricoles, dont notamment le lycée agricole de Blanquefort (tiens tiens, dans l’ouest de la métropole lui aussi…) qui propose entre autres, des formations au métiers de maraîchers. Mais, face au difficulté de recrutement récurrents certains professionnels agissent par eux-mêmes, (avec cependant le soutien des institutionnels et des partenaires de la branche dans leur démarche).
« S’impliquer dans l’organisation des parcours d’insertion et de qualification au profit de demandeurs d’emploi »
Et Charlotte Van Hirsel, coordinatrice du Geiq (pour Groupement d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification) Multi Agri 33 en sait quelque chose. Le Geiq Multi Agri 33 « c’est un collectif de 12 employeurs de divers secteurs agricoles, qui face aux difficultés d’embauche, et au manque de qualification des candidats qu’ils rencontrent, a décidé de s’impliquer dans l’organisation des parcours d’insertion et de qualification au profit de demandeurs d’emploi qui candidatent ». Des candidats ayant déjà le plus souvent travaillé « en saisons », ou ayant une petite expérience, mais en réelle difficulté d’insertion professionnelle. Le Geiq met alors en place « un contrat d’alternance, permettant à la fois au candidat d’être intégré dans une ou plusieurs entreprises adhérentes, tout en suivant un parcours individualisé de formation qualifiante », avec à l’issue un contrats de travail sécurisé. Ce Geiq, créé au printemps dernier, et qui couvre l’ouest de la Girondin et de la Métropole prévoit d’ici un an « 5 à 6 recrutements dont 2 ouvriers qualifiés en maraîchage pour la SICA Maraîchère d’Eysines, ou encore 3 ouvriers qualifiés paysagiste sur Eysines, Mérignac ou encore, un peu plus loin sur La Teste-de-Buch », liste la responsable. Autre préjugé à revoir, l’entretien des jardins et des espaces verts relève du secteur agricole, et a largement sa place en milieu urbain ou péri-urbain.
Image du métier, installation, débouchés économiques et foncier
Pour autant si les acteurs de l’emploi et de l’insertion de la métropole ont bien conscience d’avoir avec l’agriculture péri-urbaine un potentiel d’emplois intéressant, faut-il encore que celle-ci parviennent à perdurer et à se développer. Un défi qui soulève de nouveaux des questions d’image du métier, d’installation mais aussi de débouchés économiques et de foncier… Pas simple même si, dans le camp des politiques locaux, certains s’en font les fervents défenseurs. Parmis eux, Christine Bost à Eysines dont la zone des Jalles, classée à la fois au Plan de Prévention dU Risque Inondation (donc non constructible) et en zone protégée par le Plan de Protection des Espaces Agricoles et Naturels Périurbains, est pour elle « une pépite » à développer et en faire grâce au maraîchage, « une chaîne de développement économique ».