Si jusque-là on connaissait l’agriculture intensive en engrais, en pesticides, en labours motorisés, ou encore en produits phytosanitaires, Michel Griffon propose, lui une agriculture « non plus intensive en produits chimiques, mais qui utilise au mieux le fonctionnement de la nature et des éco-systèmes » sans pour autant bien sûr en altérer leur renouvellement. En bref, l’agriculture de demain, en revient aux principes, revus, corrigés et intensifiés de l‘agronomie d’hier ; ceux jouant sur la complémentarité des insectes, plantes et organismes pour produire au mieux la nourriture des hommes, tout en limitant les intrants. Exemple typique de ce que pourrait être une des dimensions de cette agriculture « écologiquement intensive » : la lutte biologique, un sujet d’études selon lui un peu oublié depuis une quarantaine d’année. Pourtant rappelant que « chaque insecte est à la fois proie et prédateur », il estime qu’ « il y a sûrement des pistes à explorer dans ce domaine qui soient un peu plus développées que les coccinelles luttant contre les pucerons sur les rosiers « .
Le manque de recherches scientifiques
Pour autant, si l’agronomie doit revenir au cœur des principes agricoles, il admet aussi que « ce n’est pas un crime d’utiliser des engrais », mais leur utilisation doit être limitée au « stict minimum ». Il ne rejette pas non plus d’emblée, le recours à d’éventuels OGM ou produits phytosanitaires d’un nouveau type. « Dans les plantes, il y a des mécanismes de défense contre les insectes, grâce à la fabrication de toxines. Pourquoi ne pas les identifier afin de produire par exemple de nouvelles générations de produits phytos, ou produire une molécule-signal qui déclencherait l’activation de ces toxines par les plantes elles-mêmes ? » . Mais, là encore, Michel Griffon reste prudent, « ce n’est pas parce que ces produits seraient issus de l’écologie, qu’ils ne seraient pas dangereux à forte dose ». On le voit, un des grands freins au développement de cette agriculture nouvelle génération, est, au regret du conférencier, le manque de recherches sur le sujet. De plus, pas de « recettes miracles » avec cette agriculture qui, pour être efficace, doit s’adapter à chaque exploitation, bassin versant ou prendre en considération les caractéristiques de chaque sol. Ecologiquement intensive cette agriculture, l’est aussi « intellectuellement », prévient l’agronome, puisque devant s’ajuster à la particularité de chaque exploitation, voire chaque parcelle. Un aspect que ne craint pas le Groupe coopératif Maïsadour, qui souhaite développer quelques exploitations expérimentales sur ce modèle.
Solène Méric