Comme toute séance plénière au lendemain d’une élection, celle de l’installation du Conseil départemental de la Gironde, avait des airs de rentrée des classes avec de nombreux nouveaux élus, et surtout, de nombreuses nouvelles élues. Et pour cause, les femmes qui n’étaient que 12 sur les 64 conseillers généraux de la mandature précédente, représentent aujourd’hui 33 des 66 élus départementaux. Autant dire que c’est un nouveau visage que s’offre l’assemblée girondine, qui profite au passage, aussi, d’une cure de rajeunissement bienvenue.
Si à l’issue des élections, il n’y a rien de neuf sur le penchant à gauche de la majorité départementale, de nouveaux partis siègent désormais dans l’assemblée : EELV avec 3 élus au sein de la majorité départementale, et le front national, qui fait son entrée avec 2 représentants. L’un d’eux Grégoire de Fournas, se trouvant être le plus jeune des conseillers départementaux du cru 2015, a hérité du rôle de secrétaire de séance de cette première assemblée. Le même s’est d’ailleurs porté candidat à la présidence du Conseil départemental au nom de son parti, ainsi que Jacques Breillat, pour le compte de l’union de droite. Avec 2 voix pour l’un et 20 pour l’autre, les concurrents de Jean-Luc Gleyze, n’ont pas fait beaucoup d’ombre à son élection au siège de président.
« Hors du moule habituel du parcours politique balisé »Un nouveau président, voilà donc, pour le coup, un instant inédit dans l’histoire de la collectivité girondine qui n’avait pas connu ça depuis 36 ans, et la première élection de Philippe Madrelle à la Présidence. C’est d’ailleurs ce dernier qui a ouvert de quelques mots l’Assemblée du jour, évoquant une dernière fois depuis ce siège occupé tant d’années, le bonheur et la nostalgie des années écoulées. C’est applaudi debout par ses désormais anciens collègues qu’il a d’ailleurs quitté la tribune pour rejoindre le public, une fois le discours d’investiture de Jean-Luc Gleyze achevé et le passage de relais consommé.
Bien que ce dernier ne soit pas issu « du moule habituel du parcours politique balisé, prédéfini et stratégiquement provoqué », Jean-Luc Gleyze a déjà fait son chemin au sein du Département. Agé de 52 ans, ce « fils d’ouvriers, forgé à l’école publique, et pur produit de l’ascenseur social », est Conseiller général de Captieux depuis 2004, et siège à la vice-présidence du Département depuis 2008, en charge de « l’aménagement économique et solidaire » lors de la dernière mandature. Un porte-feuille sur lequel il a d’ailleurs su apposer son style, marqué par l’ouverture et le dialogue en direct avec les professionnels de différents secteurs (agriculture, viticulture, sylviculture ou encore tourisme) lors de grandes conférences destinées à échanger sur les modalités des politiques départementales à mettre en œuvre.
Autant de pratique politique, ajoutée à son mandat de maire de Captieux (abondonné pour pouvoir être élu président du Conseil départemental) qui laisse Philippe Madrelle « sans aucune inquiétude » quant à sa capacité à reprendre les rênes. « C’est un garçon intelligent, constructif. Il a été de tous les combats, il est reconnu par tous les partenaires, et a l’autorité suffisante pour le rôle. Vraiment je ne m’inquiète pas ».
« La fougue d’une nouvelle génération »Dans son discours d’investiture, le nouveau patron de l’exécutif girondin, a rendu la politesse à son predéceseur par un hommage appuyé, affirmant par ailleurs que le Conseil départemental nouvelle formule « perpétuera l’ADN Madrelle, celui d’une Gironde qui ne sera jamais à 2 vitesses ». D’ailleurs l’ancien conseiller général du canton le moins peuplé de Gironde (avant la réforme), devenu président du Conseil départemental du plus grand département de France, n’oublie pas de revenir sur l’interdépendance des territoires questionnée par la nouvelle réforme territoriale, avant d’affirmer que pour sa part, et au niveau du département celle-ci sera assumée, pleinement : « la Métropole est le coeur battant de la Gironde, sa périphérie en sont ses poumons : l’un ne peut fonctionner sans l’autre, et inversement. ».
Pour autant, prévient-il, cet héritage des idées, ne se fera pas sans y apporter « le souffle du renouveau, la fougue d’une nouvelle génération et un désir profond de modernité », prévient-il. Au cœur de sa feuille de route pour la nouvelle mandature, « la solidarité humaine et territoriale qui restera l’épicentre des compétences du Conseil départemental ». De la même manière, et en l’absence, semble-t-il (le projet de loi NOTRE étant toujours en débat au Parlement), de compétence générale, c’est « par le filtre de la solidarité » que seront prises en compte les diverses politiques lancées lors des précédentes mandatures telles que « l’économie, notamment sociale et solidaire, l’agriculture, le tourisme, la culture, ou encore le Très Haut Débit… «
Autant de perspectives d’actions que Jean-Luc Gleyze n’oublie pas de replacer dans un contexte de contraction des recettes publiques et au regard de l’enjeu de la transition énergétique. Pour lui, il s’agira alors de trouver des modes d’action « novateurs, plus efficients tout en étant moins coûteux, afin de limiter au mieux l’incidence sur la fiscalité des Girondines et des Girondins ».
Le nouvel exécutif, comme un collectifQuant à l’exécutif, et employant une métaphore rugbystique, la vision du nouveau président départemental est celle d’ « un collectif qui partage la réflexion et la proposition de décision ». Un collectif de vice-présidents et vice-présidentes, également élus ce 2 avril, qui est constitué de Christine Bost en première vice présidente, ainsi que de Jean Touzeau, Isabelle Dexpert, Bernard Castagnet Martine Jardine, Jean-Marie Darmian, Edith Moncoucut, Alain Renard, Denise Greslard Nedelec, Alain Marois, Anne-Laure Fabre-Nadler, Matthieu Rouveyre, Emmanuelle Ajon, Hervé Gillet et Cécile Saint-Marc.