Jean-Luc Gleyze : « Bruno Le Maire est un mauvais camarade ! »


Jean-Luc Gleyze n’a pas apprécié les accusations de Bercy quant à la responsabilité des collectivités locales dans le "dérapage" annoncé du déficit public du pays. Il l’a fait savoir lors de sa conférence de presse de rentrée ce 4 septembre.

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Jean-luc Gleyze lors de sa conférence de presse de rentrée organisée le 4 septembre au théâtre Le Cerisier à Bordeaux

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/09/2024 PAR Solène MÉRIC

Si bien sûr le président du Conseil départemental de la Gironde ne pouvait faire l’impasse d’un commentaire appuyé sur « le grand flou institutionnel » qui règne dans le pays depuis les dernières élections législatives, ce sont les déclarations de Bruno Le Maire, ministre démissionnaire de l’Economie et des Finances, selon lequel « L’augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités territoriales […] pourrait à elle seule dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros. », qui ont concentré sa colère. Des propos « typique de mauvais camarade de classe, typique de ceux ayant commis quelque bêtise et qui veulent en faire porter la responsabilité à l’autre », pointe-t-il. On frôle le bonnet d’âne.

Malhonnêteté intellectuelle et mauvaise foi

« Considérer que cette situation est une surprise, c’est de la malhonnêteté intellectuelle ! » ; s’agace Jean-Luc Gleyze qui signale avoir alerter à plusieurs reprises le Président de la République et le gouvernement. « J’avais déjà alerté sur la gravité de la situation des collectivités locales l’an dernier, entre des dépenses qui augmentaient fortement et des recettes qui baissaient de façon vertigineuse. Le 2 décembre dernier nous avons mené ici, en Gironde, l’opération « Défendons nos territoires ». Mes différents courriers sont restés sans réponse. » Sur la baisse des recettes, expliquée par une baisse de 20 % des droits de mutation (en raison de la chute du marché immobilier, ndlr), là encore, « Bercy a dit « s’être fait surprendre en mars dernier par la baisse des frais de notaires », quand les Départements l’avaient déjà constatée depuis plusieurs mois », appuie-t-il.

Que pèsent les 40 millions d’euros mis par l’État face aux 670 millions d’euros du Plan Collège ? 

Autre point de « mauvaise foi » de la part du Ministre selon le président de la Gironde : sur un déficit national de 155 milliards d’euros, « 5,2 seulement seraient liés aux collectivités locales. Cette malhonnêteté intellectuelle de Bruno Le Maire est inadmissible et scandaleuse ! », ne décolère pas l’élu girondin. De plus, estime-t il, le Gouvernement n’hésite pas à multiplier les mesures qui appellent à toujours plus de dépenses de la part des Départements, « sans mettre les recettes correspondantes en face », et alors que« les Départements n’ont plus de fiscalité », rappelle le président.

Un soutien étatique qui ne brille pas non plus en ce qui concerne les investissements en matière de service public. « On nous a dit « Investissez ! Engagez des moyens pour faire travailler les entreprises », on l’a fait sans nous donner les moyens pour investir », ponctue amer Jean-Luc Gleyze. Et d’illustrer par un exemple : « Que pèse les 40 millions d’euros mis par l’État face aux 670 millions d’euros du Plan Collège et la restauration ou construction des 24 collèges qu’il porte ? »

Le prisme de la solidarité et du service public

Le président du Département a donc saisi l’occasion de cette rentrée pour réaffirmer en réaction, sa vision de la collectivité : « Au Conseil départemental, notre souci est d’entrer dans chaque sujet par le prisme de la solidarité et du service public, et pas par celui de la rentabilité, comme le fait le Gouvernement. Nous n’avons pas idée du profit mais de permettre la meilleure vie partout et pour tous, un rôle d’appui à la citoyenneté de tous et toutes dans une logique d’égalité et de justice sociale. » Et de citer en exemple le financement des Ehpad, celui des familles d’accueil, l’accompagnement à l’insertion des personnes au RSA, le très haut débit en milieu rural, le logement, ou encore la grande cause départementale de l’année consacrée au handicap.

Le vote du budget aura lieu en janvier ou février 2025, plutôt qu’en décembre

Autre point qu’il souligne, « nous n’avons pas vocation à n’être qu’un distributeur ou qu’un guichet, nous voulons être porteur de créativité et d’innovation au service des politiques publiques ». Et de citer cette fois, le don de véhicules hybrides aux aides soignantes, « pour leur vie pro et perso » , le dispositif « le bus en plus », qui amène les agents du départements au plus près des citoyens et de leurs besoins, le dispositif du Slime « qui a permis d’aider 5000 foyers à isoler leurs habitations », ou encore le projet de mutualité sociale départementale qui est toujours en cours de préparation, ou la sécurité sociale de l’alimentation qui avec 400 bénéficiaires « démontre des résultats intéressants » pointe-t-il.

Pour ce qui est de l’action du Département en 2025, « le vote du budget aura lieu en janvier ou février plutôt qu’en décembre, pour avoir une vision claire sur le compte administratif et voir ce qui sera fait au niveau du gouvernement… » De futurs interlocuteurs « attendus de pieds fermes pour leur remettre les attentes des Départements de Gauche, dont beaucoup sont conformes avec celles des Départements de Droite », signale celui qui est aussi Président du Groupe des Présidentes et Présidents de gauche de l’Assemblée des Départements de France. 

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