J. Touzeau : « Construire, étape par étape, une ville nouvelle »


Maire de Lormont depuis 1995, Jean Touzeau présente sa vision de la ville qu'il remodèle avec les opérations de renouvellement urbain.

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J. Touzeau : "Construire, étape par étape, une ville nouvelle"

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 04/04/2008 PAR Vincent Goulet

Aqui! : Comment la mairie a-t-elle participé au choix des bâtiments à reconstruire ?
Jean Touzeau :Nous sommes d’abord partis sur une commande passée à un cabinet d’architectes avec sociologues, urbanistes et toute la dimension environnementale pour qu’ils nous fassent des propositions. Ces propositions ont été étudiées par les différents comités techniques, ont été portées devant la population et ont été partagées par les habitants.

L’objectif de la ville de Lormont, ce n’est pas de démolir des logements pour expulser des populations et perdre de la population. Nous sommes en tissu urbain. Nous avons le tramway, ce n’est pas pour avoir autour de ses stations de grands parcs et que les populations aillent à Créon ou à Blaye pour essayer de trouver un logement. Notre objectif est d’avoir une ville qui trouve cet équilibre entre 20 et 22 000 habitants.

Lormont-Génicart, c’est 13 tours de 18 étages. Moi, je n’ai rien contre les tours de 18 étages, à condition qu’elles ne soient pas côte à côte et par trois. La tour devant la station de tramway toute seule, elle serait gérable. Trois tours, c’est invivable et ingérable, sauf dans l’esprit de quelques uns qui n’ont jamais mis les pieds dans la glaise. Pour des raisons extrêmement simples : quand vous rassemblez sur quelques dizaines de m2 des centaines de familles et que vous leur demandez de bien vouloir partager ces quelques dizaines de m2 et en faire leur espace de vie, cela ne tient pas la route. Nous, notre objectif, c’est donner de l’oxygène à Génicart en démolissant 6 tours sur 13, ce qui est quand même relativement modeste, et on réhabilite le reste.

@! : Actuellement, certains habitants ont l’impression d’un flottement, qu’on leur propose moins vite un logement parce qu’il y a des retards dans la construction des logements neufs.
J.T. : Lorsque, en 2006, on a rencontré une première fois les habitants pour leur dire « on va démolir les tours de Génicart 3, on va faire les Garosses, etc. » et qu’on disait « cela sera fait en 2009 », ils rigolaient. Ils pensaient qu’on en aurait pour 10 ans ou 15 ans. Puis ils ont vu sur Carriet qu’à quelques mois près, c’était fait. A Génicart, cela avance à grands pas. Et je fais la part des choses entre la réalité des difficultés qui peuvent survenir, et qui sont le lot de tout chantier, et puis l’expression d’anxiété des habitants, qui est normale : vous imaginez, vous habitez depuis une trentaine d’années dans un bâtiment et on vient vous voir en disant « dans deux ans, vous déménagez ». Ils pensaient qu’on en aurait pour dix ans, ils n’y croyaient pas.

@! : Lors de la période de consultation, il y a eu beaucoup de propositions de la part des habitants ?
J.T. : Il y a eu un partage du projet par les habitants, oui. Les expressions sur les aires de jeu, par exemple… Sur ce qui va être reconstruit à la place des tours, là, les projets ne sont pas ficelés. On est d’abord sur des opérations de construction, ensuite viendra la démolition et donc la réflexion sur ce qu’on fait à la place. Ce n’est pas définitif. Il est encore temps de se manifester pour faire des propositions.

@! : Idéalement, comment vous voyez Génicart dans 7 ou 8 ans ?
J.T. : On a enclenché un processus qui est de construire, étape par étape, une ville nouvelle. Dans 5 ou 7 ans, il y aura des parties de la ville qui auront tellement évolué que vous ne les reconnaîtrez pas. Et puis d’autres parties qui auront été réhabilitées et où il sera, je pense, très agréable de vivre. On le voit aujourd’hui, il a bien des choses qui se sont régulées, parce que la ville est de plus en plus ouverte sur l’agglomération.

Une ville est attractive si elle est partagée par les habitants. Vous êtes bien à Lormont si vous avez plaisir à y vivre avec les autres. Vous pouvez être dans la plus belle ville du monde avec des beaux bâtiments, etc, si vous vous enquiquinez parce que vous ne pouvez pas voir votre voisin ou parce qu’il n’y a rien à faire qui vous intéresse, et bien, vous n’êtes pas bien dans la ville. Vous êtes bien dans la ville si vous avez plaisir à participer à l’atelier du Centre Social sur la danse contemporaine ou à l’école de musique qui est à proximité, si vos enfants partagent avec leurs copains le sport. C’est ça, la ville, ce n’est pas que les bâtiments.

Propos recueillis par Vincent Goulet

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