Rencontres,
Pour sa formation, largement ponctuée de voyages à l’étranger, il fera l’école d’architecture et de paysage de Bordeaux et, dans ce cadre là, passera un an d’étude à Stuttgart, en Allemagne. Par ordre de maitrise, Boubacar Seck parle ainsi français, allemand, wolof et anglais. Des années d’études jalonnées de rencontres multiples et marquantes, auréolées par la chance que favorisent souvent les qualités humaines. Il fera sienne la notion de « convivance » du sociologue et philosophe Edgar Morin, « une vraiment belle personne ». Et fréquentera les ateliers d’écriture du poète Emmanuel Hocquard. L’écriture, qu’il aime « comme une maîtresse ». Tout comme le cinéma qu’il adore et dont il aura l’occasion de parler à plusieurs reprises avec Jean Nouvel, l’architecte au crane rasé le plus renommé de France. Alors qu’il est encore étudiant, ce dernier l’invite à participer à la biennale de Venise sur le thème : « Moins d’esthétique, plus d’éthique », où ils auront des discussions sur Wim Wenders et Antonioni. » Tous mes amis m’ont détesté sur ce coup », se souvient-il en plaisantant. Puis, en Suisse, à Lucerne où ils se retrouvent pour visiter le centre culturel, l’opéra et se faire un resto.
Réalisations
Cinéma, encore. En féru du 7ème art, Boubacar Seck fréquente lefestival deCannes où il est invité par le réalisateurHarounMahamat Sale. Ce dernier qui cherchait un décorateur pour son film « Sexe, gombo et beurre salé », lui propose le poste. « Tu es archi, tu sauras ». Lefilm sera diffusé en juillet 2008 sur Arte. Et Boubacar Seck figurera commechef décorateur au générique d’une l’histoire relatant lestribulations, entre rires et larmes, d’une famille africaine installée àBordeaux. Cinéma toujours. La création et la réflexion de notre architecte protéiforme ne se limite pas à l’hexagone. Son dernier projet, une école de cinéma, se situe à Ndjamena, au Tchad. » Un terrain de foot investi pour offrir une esplanade aux habitants. Un miroir tendu à la société tchadienne comme un objectif de caméra suspendu en porte à faux ». L’occasion pour ce « regardeur professionnel », selon l’expression de Jean Nouvel, d’illustrer la vision qu’il a de son art, considéré, ne l’oublions pas, comme le premier au palmarès des 7 arts traditionnels, « L’architecture doit être généreuse. Un bâtiment public peut profiter de son envergure pour faire des cadeaux aux promeneurs, en plus du programme Une formidable opportunité d’offrir une ombre, un fil d’eau, un banc. Se référer à Bordeaux et au miracle du miroir d’eau. J’aime quand les usages sont détournés par les gens ».
En attendant, Boubacar Seck, architecte citoyen, pour qui porter beau est une politesse, va endosser un smoking… Dans les jours prochains, il sera au festival de Cannes pour rejoindre son ami, le réalisateur Haroun Mahamat Saleh, membre du jury, aux côtés de Robert de Niro, Uma Thurman et Jude Law. Et si la chance est toujours avec lui, il parlera peut-être cinéma avec eux…
Photos : IC/B.Seck