@qui! : Comme les lecteurs d’Aqui ont pu le remarquer vous avez écrit de nombreux articles sur l’ours. Pourquoi ce sujet et pourquoi l’avoir autant développé ?
Olivier Darrioumerle : Pourquoi ce sujet ? Parce ce que c’est un sujet qui intéresse beaucoup de lecteurs d’Aqui car ils sont, à la foisgens des villes et des villages. L’ours passionne dans notre région, c’est un des sujets importants à traiter. Ensuite, l’ours c’est l’actualité et le journaliste traite de l’actualité. Et là, en l’occurrence, une consultation publique vient d’avoir lieu pour recueillir, dans les communes concernées, l’avis de la population au sujet de la réintégration d’un ours dans les Pyrénées. Aqui se devait d’en parler.
@! : Est ce que le nombre d’articles que vous avez écrits et le nombre de personnes que vous avez rencontrées vous ont fait évoluer dans vos réflexions sur l’ours et sa réintroduction ?
O.D : Tout a fait ! Sur le sujet de l’ours, on part forcément avec des à priori. L’affect et l’affectif comptent beaucoup. Au début on est souvent guidé par les sentiments et donc on est davantage pour l’ours parce que c’est une bête charmante, du moins l’imagine-t-on ainsi. En étudiant le sujet, de près, on se rend compte que c’est très complexe ; or c’est la complexité qui rend la question intéressante.
@! : Nous avons commencé à parler de la réintroduction.Et vous, pensez vous que cela soit une bonne ou mauvaise idée ?
O.D : La réintroduction, c’est une bonne chose parce que l’ours existe dans les Pyrénées depuis des centaines de milliers d’années. Mais, la réintroduction de l’ours représente, quelque part, un échec parce que l’ours pyrénéen, en tant que tel, a disparu ou quasiment disparu. On procède donc à une réintégration d’ours slovènes, qui posent quelques problèmes. Notamment parce que cette race descend trop bas dans les montagnes, étant habituée a vivre moins en altitude que l’ours des Pyrénées. Donc avec la réintroduction d’ours on s’attache à restituer aux Pyrénéens un patrimoine qui a disparu. C’est un vrai paradoxe d’autant que selon moi cela a quelque chose d’assez tragique
@! : Comme vous avez écrit de nombreux articles et même un conte sur le site d’Aqui, avez vous des projets d’écriture ou des articles en cours sur cet animal ?
O.D : Il pourrait y avoir une suite au conte. Comme vous avez peut être pu le lire, c’est l’histoire de Nere un ours d’origine slovène qui s’est exilé a été rejeté par Pyros, le mâle dominant des Pyrénées centrales et orientales. Nere a fait des centaines de kilomètres jusqu’à l’ouest de la chaine, jusque dans le Béarn où il a trouvé Cannelle, la dernière ours pyrénéenne. Il a donc trouvé l’amour, avec Cannelle: ils on fait un petit, qui s’appelle Cannellito, « le petit cannelle » en espagnol. ll y a une histoire là, une histoire vraie qui m’a donné l’idée d’écrire un conte de Noël. Cannellito, le petit de Nere et Cannelle, aujourd’hui disparue parce que tuée par un chasseur en 2004, est le dernier ours à avoir du sang Pyrénéen. Et, paraît-il depuis mes dernières recherches, Pyros serait en passe de mourir ; il a entre 29 et 30 ans. Un âge canonique pour un ours; si il meurt il n’y aura plus de mâle vraiment pour reproduire l’espècedans les Pyrénées-Orientales. Nere et Cannellito sont les deux seuls ours existant dans les Pyrénéens Occidentales.Nere et Cannellito, le père et le fils, tournent en rond car il n’y a plus de femelles. Alors tôt ou tard, d’après mes sources, tôt ou tard sûrement, Cannellito, le plus jeune à moins que ce ne soit son père, iront chercher des femelles. Ils retourneront dans les Pyrénéens-Orientales et là qui rencontreront-il ? Pyros qui sera plus vieux, et sera sûrement battu par un ours plus jeune : ce sera soit le retour de Nere à l’est de la chaîne, soit celui deCannellito qui ira venger son père. L’histoire et le conte connaîtront, alors, un nouvel épisode.
@! : Alors quand peut-on attendre la réintégration de l’ours ?
O.D. : Dans la réalité, la réintégration de l’ours va être politique, on va suivre de près, avec Aqui, la tournure politique que prend la réintégration. Un ours devrait être réintégré dans le Béarn, une ours femelle au printemps, mais on a remarqué que Nathalie Kociuscko-Morizet ministre de l’environnement a mis la main sur le dossier de l’ours et que ça va être très politique. Jusqu’au présidentielle, ca va être un sujet politique,On disait les ours on voté Mitterrand a l’époque. La, question, désormais sera: est-ce que les ours voteront UMP ? Parce que c’est évident que le gouvernement va essayer de tirer parti de la sympathie pour l’ours, car l’ours est sympathique pour les gens des villes.
@! : Vous parlez beaucoup de l’ours mais en avez vous déjà vu ? Si non aimeriez-vous en voir un ?
O.D : Non, je n’ai jamais vu d’ours même pas dans un zoo mais oui, j’aimerais bien. C’est un animal sauvage. Ce qui doit être impressionnant c’est de voir une femelle avec son ourson.
Propos recueillis par Gabrielle Soulé