Interview d’Henri Bies-Péré, n°2 de la FNSEA : « Cette PAC permet d’accompagner le virage que doit prendre l’agriculture, dans la durée, en souplesse. »


Baptiste Nouet

Interview Henri Biès-Péré: « J’ai espoir que le regard porté sur l’Agriculture soit différent »

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 03/11/2020 PAR Baptiste Nouet

@qui! : Après des mois d’incertitudes, quel est votre sentiment général quelques jours après cet accord trouvé sur cette réforme de la PAC ?

Henri Bies-Péré : Quand on regarde d’où on vient, il y a de quoi être satisfaits. Quand les négociations ont commencé, il y a deux ans, on nous promettait un budget à la baisse et des aides uniquement orientées vers l’écologie et le changement climatique. Aujourd’hui, nous avons obtenu le maintien du budget et une orientation économique à la PAC avec des aides liées à la production, des mécanismes de gestion des marchés et des éco programmes qui restent dans un cadre européen et non à la discrétion des politiques nationales.

@! : « Une PAC plus verte, plus juste et plus simple. » Ce sont les mots du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. Certains groupes politiques européens parlent « d’un écran de fumée verte ». Que vous inspirent ces propos?

H. B.-P. : Une PAC plus verte, c’est sûr. Pour la simplicité et la justesse, j’aurais la prudence d’attendre la fin des négociations et l’application Franco-Française des différents textes. En effet, c’est souvent dans ces détails-là que le diable se cache et qu’une mesure qui paraît simple devient compliquée quand on veut la mettre en œuvre dans notre pays. Par ailleurs, nous savons que les attentes sociétales vis-à-vis de l’agriculture sont fortes. Certains pensent qu’on peut transformer l’agriculture en changeant radicalement la distribution des aides en les réservant exclusivement à une agriculture tournée vers l’environnement. C’est une vision radicale et idéologique qui ne peut pas prendre en compte tous les défis que doit relever l’agriculture, en particulier celui de nourrir une population de plus en plus nombreuse sur notre planète. Cette PAC permet d’accompagner le virage que doit prendre l’agriculture, dans la durée, en souplesse.

@! : L’éco-régime est le symbole de cette nouvelle politique axée autour de la transition agricole. À travers quels types de projet un agriculteur peut bénéficier de ce dispositif ?

H.B.-P. : Par les éco-régimes, la PAC est un pas supplémentaire vers la prise en compte de critères liés à l’environnement, à la préservation de la biodiversité, aux actions bénéfiques à la captation du carbone pour limiter le changement climatique. Il est trop tôt pour décrire précisément les actions qui permettront aux agriculteurs de bénéficier de ces paiements, c’est tout le travail qu’il faut maintenant faire dans le cadre de l’écriture du PSN (plan stratégique national). C’est ce document qui va constituer la proposition de la France pour répondre au cadre Européen. L’action de la FNSEA sera de faire en sorte que le maximum de démarches puissent bénéficier de ces financements. Comparativement à d’autres pays de l’UE, je pense que les agriculteurs français ont déjà fait beaucoup d’efforts, ceci doit être pris en compte car si on met la barre trop haut on va créer des distorsions de concurrence.

@! : Concernant les paiements directs annuels aux agriculteurs… Comment voyez-vous leur baisse progressive impulsée dans cette nouvelle PAC ?

H. B.-P. : Nous avons obtenu le maintien du budget en Euros courants, la baisse sera donc liée au taux d’inflation, ce qui est, je le rappelle, un moindre mal. Il faudra donc compter à la fois sur les gains de compétitivité que nous devrons continuer à faire et sur une meilleure valorisation du prix de nos produits. N’oublions pas que pour la FNSEA le revenu des agriculteurs doit d’abord provenir de la vente de nos productions.

@! : Est-ce que cette nouvelle politique est compatible avec la souveraineté alimentaire, terme tant évoqué par les responsables politiques dans ce contexte de crise sanitaire ?

H.B.-P. : Il n’y a pas que les politiques, nous sommes nous aussi attachés à la souveraineté alimentaire. Nous avons d’ailleurs produit un document qui fait référence à ce sujet, pour ne pas oublier le rôle économique de l’agriculture tant par sa vocation alimentaire que par sa capacité à fournir de l’emploi sur les territoires. Une Pac véritablement Européenne et des accords commerciaux qui respectent les mêmes standards que ceux de la production intracommunautaire permettront de renforcer cette souveraineté.

@! : Les droits de plantation des vignes jusqu’en 2040 et la transparence des GAEC sont deux autres points qui ont été validés.Vous-même à la tête d’un GAEC, que pensez-vous de cette décision ?

Ce sont de bonnes nouvelles, les droits de plantation permettent une gestion des volumes de production viticole et d’éviter le marasme connu dans d’autres filières avec l’arrêt des contingentements. La transparence des GAEC est une spécificité française souvent remise en cause par l’Europe, pour laquelle il faut souvent batailler longtemps. Le fait que ce soit déjà acté est une bonne nouvelle.

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