@qui! : On entend dire et on dit, volontiers, qu’ Alain Juppé s’est occupé de Bordeaux, l’a réveillée mais qu’ il ne s’est pas autant occupé qu’il aurait fallu de Bordeaux en Aquitaine, de l’Aquitaine même..
Alain Juppé : Un petit point d’histoire d’abord. Quand certains disent que je ne me suis pas assez occupé de la région je vous donne quelques contre-exemples.
Premier contre exemple : quel est le premier ministre qui a décidé de l’implantation définitive du Laser Mégajoule au Barp ? C’est, en décembre 1995, Alain Juppé. Deuxième contre-exemple: j’avais fait inscrire, toujours quand j’étais à Matignon, la réalisation de Bordeaux-Pau au schéma autoroutier national; c’était fait mi-97. Arrivent M. Jospin et son ministre des transports, M. Gayssot : on arrête Bordeaux-Pau parce qu’il ne faut plus faire d’autoroute ; résultat : on perd cinq ans. Aujourd’hui, ça y est, la concession est attribuée et on devrait démarrer les travaux dans les semaines qui viennent. Ils ont déjà démarré autour d’Aire sur l’Adour.
Troisième contre-exemple: la LGV Paris-Bordeaux-Espagne: quel est le CIADT, le Comité d’aménagement du territoire, qui a véritablement béni le projet et l’a lancé ? C’est un Comité qui s’est tenu à Poitiers sous la présidence de Jean-Pierre Raffarin: j’étais présent et le premier ministre a bien insisté sur le rôle que j’avais joué. Tout cela pour dire qu’il n’est pas exact que je n’ai pas pesé, de tout mon poids, pour accélérer les choses. Je vous rappelle que j’avais fait scandale en disant, en 1995, quand j’ai été élu : l’Aquitaine a trente ans de retard en matière d’infrastructures.
LGV Bordeaux-Angoulême: mon appel au gouvernement
@! : Sur La LGV vous pensez que l’on tiendra le calendrier ?
A.J. : Je suis inquiet et je viens de lancer un appel au gouvernement. On a choisi les trois entreprises qui vont être consultées pour Angoulême Bordeaux :Bouygues, Eiffage, Vinci. Il faut lancer la consultation ; or ça traîne. Et j’ai des raisons de penser qu’il y a un arbitrage, à Matignon, un peu difficile. D’abord, parce qu’il y a un conflit entre RFF et SNCF sur le montant des péages. La SNCF ne veut pas payer le péage élevé pour garder des marges considérables. La SNCF a 27% de marges sur le trafic TGV et RFF veut avoir un péage élevé pour baisser la part des collectivités publiques dans le financement de l’opération. Et, il y a un deuxième blocage, c’est le désaccord entre les collectivités territoriales de Poitou-Charentes.
@! : La présidente, notamment ne veut pas concourir au financement…
A.J. : Pour être tout à fait objectif il y a aussi des présidents de conseils généraux de mes amis, en Charente-Maritime par exemple, qui ne veulent pas non plus. Et c’est pour cela que j’ai lancé cet appel vigoureux au gouvernement, en l’occurrence à Dominique Bussereau, le secrétaire d’Etat aux transports.
La rocade à 3 voies : trouver 200 millions
@! : A l’heure où le trafic poids lourds ne cesse de croître, tandis que le grand contournement est abandonné, comment se fait-il, qu’à ce jour, on n’ait toujours pas réussi à réaliser une deux fois trois voies dans la traversée des Landes ?
A.J. : La deux fois trois voies dans les Landes, ce n’est pas un problème Juppé ; c’est un problème Emmanuelli. Pour ma part, il y a un dossier sur lequel je me suis beaucoup investi; c’est celui de la rocade à deux fois trois voies. Et comme je l’ai rappelé, ces jours-ci, en présence de Michel Sainte-Marie, le maire de Mérignac qui opinait, c’est moi qui ai obtenu de Dominique de Villepin, il y a un un peu plus d’un an, 32 millions d’euros pour commencer à amorcer les travaux. Et s’ils vont débuter, sur la bande d’arrêt d’urgence à Mérignac, contribuant à fluidifier l’accès aux échangeurs cela résulte de cette décision. Il faut passer à la phase ultérieure et trouver 200 millions d’’euros pour réaliser la mise à deux fois trois voies, entre la sortie vers Bayonne et le Pont d’Aquitaine.
Le grand contournement: pourquoi il faut choisir le ferroviaire
@! : Autre dossier d’importance après le renoncement à la réalisation d’un grand contournement autoroutier de Bordeaux, le développement du trafic ferroviaire de fret.
A.J. : A ma surprise, le monde du vin et de l’entreprise me disent maintenant : il faut le grand contournement. Je leurs dis : bravo ! Donnez moi le tracé. Sur ce dossier, j’ai évolué. Incontestablement. D’abord, pour des raisons urbanistiques: il y avait quand même un grand risque, au fur et à mesure que le projet a évolué, que ça ne ça ne devienne une super rocade de Bordeaux avec tous les risques d’étalement urbain. Ensuite, il y a la dimension écologique : il faut absolument arriver à inverser la tendance et réussir un transfert modal de la route sur le rail. Pour ça, il faut s’en donner les moyens. Le premier d’entre eux, c’est la taxe poids lourds. Mme KociusKo-Morizet, lorsqu’elle est venue, ici, il y a quelques jours a dit que le gouvernement allait le faire. Et, à ma grande surprise, dans une réunion une représentante d’une entreprise de logistique m’a dit: on est prêts sous certaines conditions, par exemple traiter différemment le trafic interrégional et le trafic international.
Les Allemands viennent de le faire, et tout le trafic de l’Allemagne passe par l’Alsace. Il faut absolument faire une taxe poids lourds et, en même temps, prendre des mesures pour que la SNCF assume sa responsabilité en matière de fret ferroviaire. Et si elle ne le fait pas, peut-être que la concurrence nous y aidera; peut être que les chemins de fer allemands ou anglais vont s’y mettre. il faut faire une autoroute ferroviaire sur la côte atlantique, ça fait partie du Grenelle de l’Environnement. J’ajoute : pensons à un grand contournement ferroviaire, ce qui est une idée que RFF a lancée pour désengorger la gare Saint-Jean du trafic fret qui n’a rien à y faire.
Mon grand projet Euratlantique
@! : Et la traversée centrale des Pyrénées dont on parle toujours et pour laquelle Bruxelles finance des études ?
A.J. : Je suis un peu sceptique. Je pense que la priorité c’est la Ligne à Grande Vitesse Sud Europe Atlantique, Hendaye et l’Y basque Les gens des Pyrénées-Atlantiques se sont mis d’accord ; il faut absolument pousser ce projet. Les Espagnols avancent. A échéance de 15-20 ans Bordeaux sera au centre d’une toile de TGV extraordinaire : à 2 heures de Paris, 1 heure de Toulouse, 1heure et demie de Bilbao et 3h1/2 de Madrid : le Bordeaux enclavé, adossé aux Pyrénées, cul de sac, c’est fini. D’où mon grand projet, que j’appelle maintenant « Euratlantique ». C’est à dire le grand centre d’affaires européen, autour de la gare.
@! : Comment le définissez-vous, aujourd’hui ?
A.J. : Nous avons beaucoup avancé depuis deux ans. J’ai demandé, à plusieurs reprises, que le comité de pilotage se réunisse. Pour lancer le mouvement, la ville a sollicité une étude en s’adressant au bureau TGT. Nous avons fait un accord avec la Communauté Urbaine de Bordeaux ; elle a participé au financement. Donc, on a eu un premier débroussaillage. Ensuite, la CUB s’est un peu réveillée et a lancé ses propres études. L’agence d’urbanisme, « A-urba » a fait les siennes. La CUB s’est adressée à Ernst and Young pour valider la faisabilité économique du projet. Nous avons eu le rendu il y a un mois. La réponse est oui. Ernst and Young a consulté les investisseurs potentiels, les opérateurs. Ils répondent : « oui, il y a place à Bordeaux pour un centre d ’affaires de tertiaire supérieur de 200 à 250.000 m2 avec un potentiel de 10 à 15.000 emplois. Voilà : maintenant il faut mettre toutes ses études en cohérence, y compris avec la ville de Bègles. Il y a, également, l’agrandissement possible de la gare. Ce projet est donc considérable et compliqué, mais pas plus compliqué que « La Pardieu » à Lyon ou « Euralille » ou « Euroméditerrannée ». Et moi, ce qui me soucie, maintenant, c’est le mode opératoire.
Se mettre d’accord dès les élections passées
@! : C’est à dire comment faire avancer ce projet ?
A.J. : Ìl faut qu‘on monte une structure qui lui soit dédiée. J’avais suggéré, et je suis prêt à en discuter, que l’on en fasse une « OIN », une Opération d’Intérêt National. C’est ce qui a été fait à Marseille avec EuroMediterranée. C’est un établissement public dans lequel l’Etat reprend, certes, un peu la main puisque c’est lui qui délivre, par exemple, les permis de construire. Vincent Feltesse, le président de la CUB, à qui j’en ai parlé, n’y est pas fondamentalement hostile. L’autre solution, c’est une société d’économie mixte d’aménagement, comme Lyon l’a fait pour aménager ses grands terrains qui s’appellent Confluences.
Il faut, dès les élections passées, qu’on se mettre d’accord sur le mode opératoire. Dans l’immédiat, j’ai convaincu Feltesse qui d’ailleurs m’avait fait récemment une proposition en ce sens. Il faut nommer un patron, un pilote. Un chef de projet qui soit une grosse pointure; type ingénieur des Ponts ou un Préfet qui ait l’habitude des ses opérations d’aménagement. Nous allons saisir, Feltesse et moi, Jean-Louis Borloo pour que l’on désigne quelqu’un qui ait une expérience opérationnelle; il sera le chef de projet. Parce que si nous voulons traiter ce dossier en régie, avec les services de la CUB, on n’y arrivera pas . Ce n’est pas qu’ils ne sont pas bons; ils sont absolument surchargés. Ils n y arriveront pas.
@! :Vous voulez donc incarner le projet.
A. J. : Absolument ; il nous faut un Monsieur ou une Madame « Euratlantique ».
On ne parle jamais des emplois de centres d’appels
@! : Quand, par ailleurs, vous considérez la situation de Ford à Blanquefort, une grande entreprise internationale, mais aussi celle d’une PME historique de Bordeaux comme Marie Brizard,qui délocalise son siège social, est ce que vous diriez que c’est la fin de l’industrie dans l’agglomération ?
A.J. : Non je ne dirais pas cela, mais il s’est passé quelque chose depuis les années 70, le temps de Chaban. Cela s’appelle la mondialisation et ça change tout. A part Toyota à Valenciennes, il y a quelques années, qui fut un coup sans répétition, les grandes implantations de l’industrie traditionnelle ne sont plus le levier de développement. Ce n’est pas la peine de fantasmer sur une autre implantation du type Ford, mais je ne dis pas pour autant qu’il faut fermer l’usine actuelle. Il faut trouver autre chose; et c’est, évidemment, l’innovation, la recherche, les technologies innovantes, l’économie créative. Telle est la vocation de Bordeaux intra-muros et de l’agglomération bordelaise. C’est cette carte qu’il faut jouer. Ce ne sont pas toujours des emplois de haut niveau ; je pense en particulier aux centres d’appels. Mais ils sont bien là.
On se lamente, non sans raison, parce qu’il y a 2 à 3000 emplois qui risquent de disparaître mais on ne parle jamais des 3000 à 4000 emplois de centre d’appels qui se sont installés à Bordeaux depuis 10 ans. Nous avons, par exemple, Laser Contact sur les quais que je viens de visiter; il y a 300 emplois sur 1800m2 et ils sont prêts à augmenter leur effectif de 50% sur le site et à créer 150 emplois supplémentaires. C’est plutôt dans ces eaux-là qu’il faut travailler et améliorer l’accessibilité de la ville en complément de l’aéroport du port des infrastructures qui y arrivent.
Accueil aux entreprises: boostons le BRA
@! : Justement, les entreprises comment faciliter leur venue ?
A.J. : D’abord il faut une structure d’accueil et nous l’avons pour accueillir les PME. Nous disposons du Bureau de Recherche et d’Accueil, le BRA. J’ai été un peu sévère avec cet organisme et son directeur, M.Ghilardi de Benedetti, je lui ai dit naguère. Je le suis moins, aujourd’hui, car les entreprises qui arrivent à bordeaux me disent : c’est formidable on a un vrai guichet unique. Donc il faut « booster » le BRA; j’étais très inquiet quand j’ai vu que la Chambre de Commerce et d’industrie de Bordeaux commençait à vouloir s’en désengager. Heureusement, elle a fait marche arrière. Ensuite il faut des sites d’accueil; aujourd’hui nous en manquons. Pour les activités innovantes, les activités de tertiaire supérieur.
@! :Alain Rousset faisait remarquer, il y a peu, que des sites étaient occupés par de l’immobilier dont la nécessité ne semblait pas évidente…
A.J. : Où ? C’est sidérant ; j’ai réuni les professionnels de l’immobilier d’entreprise il y a un mois. Une vingtaine ; ils font remarquer qu’aujourd’hui quand on veut trouver 2.000 à 3000m2 de bureaux, il en manque. Kalisto a disparu mais il y a beaucoup de jeunes qui y travaillaient qui ont crée leur entreprise. J’ai visité, à la Cité Mondiale, une entreprise qui fait des jeux vidéo ; ils sont 50 ingénieurs de haut niveau. C’est ça les bureaux dont parle M. Rousset ? Et ces promoteurs de l’économie d’entreprise me disaient : « on n ‘a plus de bureaux. » Aujourd’hui, on perd des implantations qui partent à St Médard en Jalles ,à Nantes ou à Marseille parce qu’on n’est pas capable de les accueillir.
@! : Comment remédier alors à cette situation?
A.J. : J’ai des propositions à faire :
– Premièrement, lancer Euratlantique. Dans les 4 à 5 ans qui viennent on peut y faire une première tranche de 30 à 40.000m2.
– Deuxièmement, débloquer les opérations d’aménagement : toutes les opérations d’aménagement urbain n’ont hélas pas bougé d’un mètre depuis 2004, du fait de l’incapacité des dirigeants de la Communauté Urbaine à prendre des décisions. Il y en a 5 ou 6, majeures, où on va construire des milliers de logements. La Berge du Lac prête à démarrer: on me bloque çà depuis six mois, parce qu’il y a 5000 m2 de commerce trop, parce que ça coûte 500.000 euros de trop. Il faut débloquer cette opération. Il va y avoir un test: est-ce que la création de cette Zone d’Aménagement Concertée, cette ZAC, va passer au Conseil de Communauté Urbaine de février ? Ce sera un test de la volonté de la CUB de faire avancer les choses. La ZAC de Blanquefort, elle, est sortie : pourquoi pas celle du Lac ? Quant au bassins à flot j’ai accepté que l’on réduise la taille de la ZAC.
.La troisième opération à lancer c’est Bastide-Niel : 280.000m2 de surface négociée au couteau avec l’Etat. Il a fallu que j’aille jusque dans le bureau de Villepin pour lui dire : « nous ne paierons pas 200 euros le m2. Il faut que vous nous vendiez cela à un prix qui permette de faire du logement social. » J’ai gagné puisqu’on est descendu à 100 euros.
Je n’oublie pas, non plus, La Benauge et tout le quartier autour de la gare. J’ai évoqué le projet Euratlantique mais il y a aussi l‘îlot d’Armagnac. Tout ça, c’est pratiquement 10.000 logements. Et c’est la seule façon dont on pourra se mettre en conformité avec la loi SRU ; il faut au moins créer un tiers de logements sociaux, c’est à dire 3500. Il faut que ces quartiers soient, non seulement des quartiers de mixité sociale mais aussi des quartiers de mixité fonctionnelle; que l’on y trouve emplois et logements. Dans ces quartiers, il faut prévoir des mètres carrés d’activité ; le cas échéant celles-ci peuvent être, aussi, de caractère industriel comme c’est le cas avec les activités nautiques au Bassins à flots.
Ma « Garonne Valley »…
@! : Et les quais ? Et l’ancien quartier des Chartrons, du négoce ?
A.J. : Ce site c’est presque ma « Garonne Valley » : entre les Hangars des quais et la galerie des Chartrons. Là, on a presque 10.000 m2 qui peuvent servir d’accueil dans les prochains mois à des PMI innovantes, aux entreprises des TIC. Entre la rue du Faubourg des arts et les quais, dans les anciens chais Deluze, où je voulais faire le centre du vin que je n’ai pas pu faire, il y a 8.000m2 prêts à démarrer. Clés en main. On a dans le collimateur une résidence hotelière et un centre d’appels. Et c’est surtout, là, que je veux faire une pépinière d’entreprises. Les locaux sont extraordinaires, ils sont prêts ; ce sont des cellules bien desservies et qui donnent sur une galerie magnifique. La Chambre de commerce est prête à m’accompagner. Je vais donc lancer la réalisation d’une pépinière dédiée aux technologies de l’information, du développement durable.
@! : Est-ce à dire que ce quartier, après une orientation commerciale sur les quais notamment, doit connaître une mutation ?
A.J. : Vous savez, dans les hangars des quais on a commis quelques erreurs, au départ. Et notamment, j’avais fixé une règle, qui voulait que la majorité de ces locaux soient occupés par des commerces. On a vu que la première vague a échoué. Peut être que l’opérateur n’était pas bon. Mais on me dit, aussi, que dans les commerces, les premiers étages, ça ne marche pas. Et, donc il faut garder les commerces au rez de chaussée et faire, des étages de ces hangars, des locaux d’activité. C’est ce que nous allons essayer de faire avec l’extension, en particulier, de Laser Contact, qui devrait, là, s’étendre sur 1500 m2. Vous voyez qu’il y a beaucoup de locaux. Il faut aussi renforcer les sites existants. La zone franche a encore de la place.
On étend Bordeaux Nord au delà de ses limites habituelles. Il y a évidemment Bordeaux-Lac, avec des clubs d’entreprises, très vigoureux. Il y a 10 000 emplois dans ce secteur : le club d’entreprises de Bordeaux lac, de Bordeaux Nord et le club d’entreprises de la ZFU sont des entreprises partenaires, pour nous extrêmement efficaces.
Le commerce du centre se porte bien…
@! : Et le commerce de l’hyper centre et du centre ? Il a beaucoup souffert des grands travaux…
A.J.: Je vais vous surprendre par une affirmation qui sera évidemment contestée. Il se porte bien.
@! : Pourtant nombre de commerces ont disparu
A.J. : Evidemment. Et c’est vrai que le tramway aboutit à des modifications structurelles. Un gestionnaire de chez Mc Do, qui s’occupe de plusieurs succursales Mc do à Bordeaux, me dit du Mc Do du centre ville qu’il progresse à une vitesse fantastique depuis qu’il y a le tramway. Mais simultanément, Vuitton n’a pas disparu, ni même Hermès. Vuitton est venu s’installer sur le cours de l’Intendance. Donc, globalement le commerce de centre ville ne se porte pas si mal. On a une spécificité extraordinaire à Bordeaux, que personne ne connaît. C’est que par rapport à la population de la ville centre le pourcentage du chiffre d’affaires commercial est beaucoup plus important qu’à Toulouse ou à Nantes (36% contre 30% et 22%)
Deuxième élément qui montre que le centre ville ne va pas si mal : C’est le boom touristique. Je vais vous donner quelque chose moi qui me ravit. Il y a eu une enquête commandée par le département, enquête de conjoncture sur la saison d’été 2007 en Gironde et appréciation de la fréquentation sur l’ensemble du département. Vous avez pour Bordeaux et agglomération 100 % entre ceux qui sont satisfaits et très satisfaits. 100% des commerces de Bordeaux qui disent : « on a fait une bonne saison, une très bonne saison. » C’est du jamais vu. Ca compte et ça a des retombées sur le commerce de centre ville.
@! : Est-ce que, paradoxalement, l’existence du tramway n’est pas susceptible, à terme, de fragiliser le commerce du centre. On sait qu’il y a un développement commercial extrême sur l’agglomération et à la périphérie. Bordeaux a retrouvé des habitants, 15.000, mais la périphérie également.
A.J. : C’est vrai que ce commerce reste fragile mais c’est bien pour ça qu’il il ne faut pas que vous vous mépreniez sur ce que j’ai dit. Ce commerce, il faut, non pas le protéger, ce n’est pas le bon mot. Mais il faut l’encourager. Donc, moi je suis résolument hostile à la construction de nouveaux hyper centres de périphéries. C’est pour ça que je ne veux pas de 50 000 m2 de commerces à Floirac, comme je n’en veux pas, d’ailleurs, au Lac. C’est pour ça qu’il faut maintenir ce gel. J’espère que la commission Attali n’aboutira pas à démanteler la CDEC, la Commission départementale d’Equipement Commercial, et tout ce qui va avec. Et d’autre part, il faut soutenir les initiatives du commerce de centre ville. On a la chance d’avoir des associations dynamiques, la Ronde des quartiers, la Fédération Bordeaux Centre Ville. Nous sommes prêts à regarder tout ce qui est animation et attraction du centre ville. Et, là, on a vraiment une richesse tout à fait importante.
Propos recueillis par Joël Aubert avec le concours de Charlotte Lazimi.
Photos Aqui!: Grégoire Grange