Lors d’un colloque, les propos de Nicole Aubert m’amenèrent à réfléchir à la notion du temps et de l’urgence. Auparavant le travail était régi par les saisons, le lever et le coucher du soleil, la cloche du village. Aujourd’hui, nous sommes passés à une période où nous ne cessons de triturer le temps pour en tirer un maximum de plaisir. Pour avoir plus de temps, nous planifions nos loisirs entre horaires de travail ethabitudes familiales.
Comment gagner du temps, comment augmenter le temps dans une journée de vingt quatre heures ? Nous sommes donc inévitablement, dans un système de pensées contradictoires. Le progrès est censé nous conduire au bonheur ! L’air de la consommation surabondante sonne comme un poison. Tout doit être là tout de suite : de l’achat impulsif[2] (crée), aux modes de relations instantanées (via Internet), nous ne pouvons éprouver de désir. De ce fait, comme nous l’indique Jean Baudrillard, « l’homme est alors aujourd’hui de plus en plus environné par les objets et les messages que par les autres. La consommations’articule en panoplie (gammes, marques, etc.) ». Or « tout le discours sur les besoins repose sur une anthropologie naïve : celle de la propension naturelle au bonheur[3] ». Que sera demain? Nous fêterons Noël en plein été, nous goûterons la cuisine festive sans attendre avec une envie, qui détermine ce moment unique du repas amical, familial? Sans aller dans l’extrême, prenons le temps de vivre les évènements sans vouloir anticiper, nous ne pouvons éprouver du désir si le manque ne se faitpas ressentir. C’est un desrisques de la consommation excessive, penser que d’avoir, d’utiliser ou consommer dans l’immédiateté nous satisfera davantage.
A.B
[1] Colloque du GREC/O, novembre 2005 à Bordeaux
[2] Il s’agit tout aussi bien des nouvelles technologies, dont on nous fait croire, qu’elles nous sont indispensables, que l’alimentaire, les loisirs. Il serait intéressant de regarder sur une journée, les messages publicitaires, nous invitant à demander un crédit. Réponse garantie en cinq minutes !
[3] Baudrillard, La société de consommation, Édition Denoël, Folio essais, 1970, p. 59.